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NORDINE BOUDERBA, ANCIEN SYNDICALISTE ET EXPERT EN RELATION DE TRAVAIL, TIRE LA SONNETTE D'ALARME : «Le modèle social décidé par la proclamation de Novembre est remis en cause»
Au moment où l'intersyndicale discutait d'un éventuel appel à une grève illimitée, Nordine Bouderba, ancien syndicaliste de la fédération des hydrocarbures, actuellement expert dans le secteur des relations de travail, a animé ce samedi à la salle Sennani de Boumerdès et ce, à l'invitation de la Fédération locale du FFS, une conférence liée à l'actualité du monde du travail. Ali Laskri, membre de la présidence du FFS, des syndicalistes et des militants et cadres du FFS faisaient partie de l'auditoire. Le conférencier a abordé deux thèmes – les transferts sociaux et les retraites- de sa conférence. Le troisième – l'avant-projet de loi sur le code de travail- faute de temps, a été supprimé. Sans se faire prier, Bouderba est allé droit au cœur de ce qui fait l'actualité sociale et qui rend les citoyens fort anxieux en ces temps très difficiles. «On assiste ces dernières années à une accélération de la politique libérale ou ultra-libérale qui n'aura pour résultat qu'à dilapider ce qui reste des ressources et des atouts du pays pour assurer son développement économique et social. Prenant prétexte de la chute des prix du pétrole, le gouvernement et le patronat veulent convaincre le peuple que faute de ressources, l'Etat n'est plus en mesure de poursuivre la politique sociale qui a prévalu à ce jour. L'austérité a été inaugurée par la loi des finances de 2015, poursuivie, par celle de 2016 et qui va se poursuivre par la loi de 2017», dira-t-il avant de rappeler les généreux cadeaux fiscaux accordés aux nouveaux riches et au patronat. Pour lui, le gouvernement a pour projet de supprimer les transferts sociaux pour les remplacer par des aides dérisoires ciblant non pas la pauvreté mais l'extrême pauvreté. Pour lui, l'abandon des transferts sociaux, l'instauration de nouvelles taxes, l'augmentation des prix, le nouveau code du travail et la révision du droit au départ à la retraite avant 60 ans s'inscrivent dans le projet d'un nouveau contrat social. L'ancien syndicaliste pense que ce nouveau deal est mortel pour les citoyens de ce pays.«Ce nouveau contrat vise à dénier au peuple algérien le droit de revendiquer une part des richesses du pays et son droit au développement économique et social.» Plus grave, le conférencier est certain que cette démarche vise à remettre en cause le modèle social décidé par la Proclamation de Novembre 1954, confortée par le congrès de la Soummam. «Autrement dit, ce nouveau contrat vise à remettre en cause le modèle social décidé par la Proclamation du 1er Novembre 1954», assènera-t-il. Pour convaincre son auditoire sur son assertion, Bouderba a longtemps développé son argumentaire relatif aux transferts sociaux et au dossier de la retraite pour démontrer que le gouvernement mène une politique antisociale, avec la complicité d'un syndicat dépourvu de toute crédibilité, afin de plaire au patronat partisan d'un néolibéralisme ravageur pour la majorité des algériens. A chaque étape, le conférencier lance des chiffres que les algériens n'ont jamais entendus. En clair, le gouvernement et son syndicat maison font de la rétention de l'information. L'orateur n'a, en outre, pas omis de dénoncer la dilapidation des deniers publics au profit de la nomenklatura et le maintien de projets secondaires au détriment de projets urgents comme la suppression des 5 CHU alors que le projet de la grande mosquée, projet non essentiel, est maintenu.