Le projet artistique «Boda Boda Lounge», regroupant des œuvres de vingt-deux vidéastes africains devant être projetées du 18 au 20 novembre dans douze villes du continent, a été présenté à Alger. Projetées à l'Espace d'art contemporain d'El Achour avec la participation de la résidence algérienne d'artistes «Aria», ces vidéos de quelques minutes chacune abordent des réalités socio-politiques de pays comme l'Afrique du Sud, l'Ouganda ou encore ceux du Maghreb à travers une «superposition» d'espaces, d'images, réelles ou animées, de sons et de textes. Sélectionnées après un appel à candidature lancé par des organismes africains d'art contemporain, ces œuvres, à la fois méditatives et conceptuelles, proposent également des approches très diversifiées d'un art peu visible en Algérie, représentées dans ce projet par les artistes Sofiane Zougar et Atef Berredjem. Avec «What Remains», le premier évoque la décennie 1990 de violence terroriste en réutilisant des images d'archives, tandis que le second, plus ironique, plante sa caméra devant un mur de bâtiment public et filme les travaux d'enlèvement de sa façade en marbre qui s'est avérée, après avoir été posée, n'être plus du goût du responsable de l'institution. Autres vidéos remarquées lors de la présentation du projet à la laquelle a assisté un public relativement nombreux, la vidéo de l'Angolais Paulo Azevedo présentant une superposition d'images autour d'un ancien cinéma en plein air ou encore Les parcours de Junior Nyembe (RD Congo), retraçant à travers une reconstitution plastique et animée, l'histoire de son pays depuis la fin du XIXe siècle. En plus de jouer sur les effets visuels introduits par la présence simultanée de différentes images, d'autres artistes comme le binôme Bofa Da Cara, abordent les séquelles du racisme et du colonialisme avec des vidéos utilisant des matériaux comme la photo, la bande dessinée et les affiches de film. Ces dernières thématiques sont aussi présentes dans des vidéos de performances artistiques dans les villes, à l'instar de l'œuvre intitulée «Paper» du vidéaste sud-africain François Knoetze. Ouvert en octobre 2015, l'espace privé d'art contemporain d'El-Achour a déjà accueilli des expositions de plasticiens algériens et des rencontres-débats sur l'art contemporain.