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Galerie Dar El-Kenz
Le retour de Bettina Heinen Ayech
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 11 - 2016

La galerie d'art Dar El-Kenz, qui a ouvert ses portes en 1996, organise une série d'expositions dans le cadre de la célébration de son vingtième anniversaire. A partir de samedi prochain (26 novembre), ce dynamique espace culturel de Chéraga abritera une exposition de peinture de l'artiste allemande Bettina Heinen Ayech, qui a déja exposé ses œuvres dans cette même galerie algéroise.
Comme une sorte d'autoportrait à travers ses œuvres, l'expo est intitulée «Bettina», tout simplement. Bettina Heinen Ayech et l'Algérie, c'est une longue histoire d'amour qui a commencé en 1963, quelques mois à peine après la renaissance de l'Algérie, le 5 Juillet 1962. En effet, Il y a de cela plus d'un demi-siècle, en février 1963, cette artiste allemande, peintre paysagiste confirmée, ayant exposé en Europe du Nord, en Suisse et en Egypte, découvre «son paysage» lors d'un voyage en Algérie. Dans l'Est constantinois, racine de son époux feu Abdelhamid Ayech, elle découvre son «Arcadie», loin de la Grèce, mais au cœur historique de la Numidie.
Bettina Heinen est née le 3 septembre 1937 à Solingen, une ville allemande célèbre pour sa fabrique de coutellerie. «Ma jeunesse fut très heureuse, en dépit des souvenirs de famine que je conserve des premières années qui suivirent la fin de la guerre et des graves maladies de ma mère», se rappelle-t-elle. «Toute jeune déjà, mes parents m'emmenaient au théâtre et aux concerts ; à la maison, ils recevaient des musiciens, des écrivains et des peintres ; cette vie culturelle m'a formée et jamais la vie matérielle ne fut plus importante pour moi que la vie spirituelle», se rappelle-t-elle encore. Au doux foyer familial, elle trouve ainsi un milieu très favorable à l'éclosion de ses talents artistiques : «Enfant, je peignais, j'écrivais, je dansais. Mes parents veillaient à ce que j'apprenne à exprimer mes idées et mes sentiments ; les souvenirs les plus heureux de ma jeunesse sont ces nuits au cours desquelles ma mère nous réveillait, ma sœur et moi, pour nous lire un nouveau poème de mon père ou lorsque l'ami de mes parents, l'artiste-peintre Erwin Bowien, ouvrait, au retour de l'un de ses nombreux voyages, son grand rouleau pour nous montrer ses tableaux.»
Les conseils et les orientations de Bowien seront très utiles pour l'artiste en herbe qui deviendra plus tard grande paysagiste.
A cette époque, Bettina était aussi élève à l'Ecole des beaux-arts de Cologne, dans la classe du professeur Otto Gerster qui lui enseignait la peinture monumentale et murale, notamment. Autorisée par l'Ecole des beaux-arts de Cologne, elle organisa en 1955 sa première exposition individuelle au Casino de Bad Homburg. La galeriste Hanna Becker von Rath montra ses tableaux au célèbre peintre Schmidt-Rottluf qui lui écrivit : «Bettina, reste fidèle à toi-même.» Hanna Becker von Rath organisera également une exposition itinérante des peintres allemands les plus connus, en Amérique, en Afrique et en Inde. Heinen était le seul peintre inconnu à y participer avec trois tableaux.
La formation et l'apprentissage continuent. Dans la classe du professeur Hermann Kaspar, à l'Académie des beaux-arts de Munich, elle a surtout réalisé des fresques, tandis que chez le professeur Paul Soerensen de l'Académie royale de Copenhague, au Danemark, elle peint des huiles sur toile, ainsi que des nus grandeur nature.
Les expositions se succèdent en Allemagne et ailleurs. Les voyages aussi ! A Paris, en janvier 1960, elle fit la connaissance de Abddelhamid Ayech. Deux ans plus tard, c'est un voyage en Egypte qui l'impressionna beaucoup et l'incita à découvrir l'Algérie, le pays de son mari Abdelhamid Ayech.
«Nous arrivâmes à Guelma, la ville natale de Hamid, le 3 février 1963 ; Hamid, qui y était venu passer trois semaines, décida de s'y établir définitivement. Je me suis immédiatement mise à la peinture et exposai mes premiers tableaux algériens au Klingenmuseum à Solingen, puis à Berne, Paris, Munich, Düsseldorf et Berlin. L'écho en fut important et le Docteur Edouard Fallet de Castelberg écrivit un ouvrage sur mon travail, qui fut publié en 1967 à Berne, aux éditions Kleiner.»
C'est un nouveau départ dans la vie et dans la peinture pour cette artiste dont «la vie est jalonnée de coups de théâtre», selon son fils le Dr Haroun Ayech.
«En 1968, j'organisai ma première exposition personnelle en Algérie à la Galerie de l'Unap à Alger. La gentillesse avec laquelle les artistes m'ont accueillie fut très importante pour moi. Ils m'avaient acceptée avec amitié, mes rêves cessaient d'être isolés spirituellement ; je n'étais plus seule; j'avais compris que j'appartenais à une grande famille qui combattait pour un même idéal, l'art. Je tiens, du reste, à remercier tous mes amis artistes qui m'ont aidée à implanter "mon arbre" en Algérie.»
A Guelma, Biskra et ailleurs, Bettina Heinen Ayech peint les paysages d'Algérie, ses montagnes, ses saisons, ses champs et ses coquelicots, ses lumières, ses couleurs...
«Les forces de la lumière et de la terre d'Algérie ont formé le peintre que je suis depuis trente ans, l'être humain aussi. A travers Guelma, j'apprends à connaître l'Algérie et à travers mon mari, les Algériens. La comparaison entre des mondes différents est d'une importance extrême car elle permet l'ouverture sur de nouveaux horizons et aide à avoir de l'espoir», dira cette artiste de cœur.
L'exposition de Bettina Heinen Ayech à la galerie Dar El-Kenz à Alger restera ouverte jusqu'au 10 décembre 2016. Le vernissage est prévu le samedi 26 novembre, à partir de 14h.


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