Par Kader Bakou «Demain, on rase gratis», avait écrit un barbier, dit-on, vivant loin de Séville. A ceux qui, le lendemain, demandaient leur rasage gratuit, le barbier montrait l'écriteau de son échoppe et leur répondait que c'était «pour demain». La procrastination est cette tendance à remettre systématiquement au lendemain ses actions et ses décisions. Il y a même une Journée mondiale de la procrastination, «célébrée» le 25 mars (pas le lendemain). Dans son roman A la recherche du temps perdu, Marcel Proust a dit : «Les difficultés que ma santé, mon indécision, ma ‘'procrastination'', comme disait Saint-Loup, mettaient à réaliser n'importe quoi, m'avaient fait remettre de jour en jour, de mois en mois, d'année en année, l'éclaircissement de certains soupçons, comme l'accomplissement de certains désirs.» Mais le futé barbier qui rase gratis «demain», bien sûr, ne souffrait, lui, ni de procrastination ni d'oblomovisme. K. B.