En comparant l'évolution du corps électoral de 2012 à 2017, de la wilaya de Boumerdès, on fait une étrange découverte. Des milliers d'électrices ont changé de sexe. En effet, selon les statistiques en notre possession (celles de 2012 et 2017), en 2012, pour un corps électoral de 457 154 inscrits, 199 506 sont du sexe masculin pour 257 648 femmes. En 2017, l'administration fait état, pour les législatives du 4 mai prochain, de 485 387 électeurs dont 266 931 hommes et 218 456 femmes. Globalement le corps électoral de la wilaya de Boumerdès a augmenté de 2012 à 2017 de 28 233 nouveaux inscrits, ce qui représente 6,18% par rapport à 2012. Mais en lisant attentivement ces chiffres répartis par sexe, on s'aperçoit que le nombre d'électeurs a augmenté, pour le vote du 4 mai, de 67 425 alors que les électrices ont vu leur nombre diminuer de 39 192. Pour synthétiser, on constate que chez les hommes il y a augmentation de 33,80% contrairement aux femmes qui voient le nombre reculer de 17,94%. Nous avons comparé les statistiques (2012 et 2017) de 24 communes dont celles à fort potentiel électoral (Dellys, Bordj-Menaiel, les Issers, Thénia, Boumerdès, Boudouaou, Khemis El Khechna, Hammadi, Ouled Moussa) sur les 32 que compte la wilaya, nous avons constaté que dans ces municipalités le nombre d'inscrites était en augmentation, sauf à Khemis El Khechna, qui vote habituellement pour les islamistes mais surtout les partis proches du pouvoir où le nombre est porté de 16 773 électrices à 20 169 (3 396 nouvelles inscriptions soit 20,25%). Ce qui est exceptionnel. Parmi ce lot de 24 communes, très représentatives – plus de 90% du corps électoral –, seules 2 communes, paradoxalement berbérophones, que sont Ammal (130 radiations) et Aït Amrane (36 radiations) enregistrent de légères diminutions. Nous sommes passés voir Hamadi, ancien directeur exécutif de la wilaya de Boumerdès, présentement coordinateur de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) à ce sujet. En son absence, un de ses adjoints (un magistrat, semble-t-il) nous a reçu et a promis de transmettre nos questions et notre téléphone au coordinateur. Nous n'avons reçu aucune réponse. Utilisation pernicieuse du Saint Coran lors des meetings Notre seconde question adressée au coordinateur de la HIISE concerne l'utilisation, pour le moins abusive, par certains candidats, de l'Islam, fondement de l'identité nationale et du Saint Coran, durant des meetings partisans. C'est ce que nous avons constaté lors des rassemblements populaire du Front El-Moustakbel, en présence de son président Abdelaziz Belaïd et celui du FLN lors de la venue de son secrétaire général Djamel Ould Abbès. L'Islam, n'est-il pas, selon l'article 2 de la Constitution, l'attribut de l'Etat, donc à protéger lors des compétitions et de la récupération politiques ? L'alinéa 3 de l'article 42 de cette même Constitution stipule : «Les partis politiques ne peuvent recourir à la propagande partisane portant sur les éléments mentionnés à l'alinéa précédent.» Il est en effet question dans cet alinéa «précédent» des composantes fondamentales de l'identité nationale. Le malheur, c'est qu'à l'issue de la récitation de la Fatiha et quelques sourates lors du meeting de Belaïd, la foule a applaudi. Le Coran devient ainsi un tube périodique. Faute de programmes électoraux sérieux, l'islam devient la voie de recours et un simple moyen de marketing politique pour ne pas dire de propagande pour certains. Sa sacralité est piétinée par la ruée vers la députation juteuse.