Quarante-neuf familles (pr�s de 300 personnes) vivent entass�es les unes sur les autres dans des conditions tr�s pr�caires dans la salle omnisports de la cit� Safsaf � Annaba. Il faut le voir pour le croire et l� ce n'est pas de la fiction, une r�alit� qui ferait se r�volter les plus sages puisque m�me l'espoir a d�sert� ces lieux d�solants que tous ont oubli�s. Une visite de nuit chez ces citoyens nous a permis de constater de visu cet avilissement qui a raval� ces �tres et qui les fait vivre dans un autre temps, un anachronisme d�cid� ailleurs mais qui a de terribles cons�quences sur l'ici — maintenant. Dans la grande salle, des baraques en contreplaqu� se dressent coll�es les unes aux autres avec de tout petits passages accessibles pour une seule personne � la fois. Des fils �lectriques pendent dangereusement, de gros clous d�passent les parois, un toit de fortune fait de minces planchettes de bois et un rideau en guise de porte ; la superficie ne d�passe pas les 16 m2 et ceci est cens� �tre un chez-soi. Une famille de six personnes y survit, les quatre enfants sont align�s � m�me le sol, le p�re, allong�, faisant semblant de regarder la t�l�vision et la m�re assise se tenait la t�te entre les mains avec un air absent mais qui en dit long sur le malheur qu'elle endure. "Nous sommes dans cette situation depuis exactement le 12 octobre 2003 suite aux inondations et � l'effondrement de nos maisons dans la vieille ville. On nous a parqu�s l� comme du b�tail et on nous a oubli�s, je ne crois plus � leurs promesses. A chaque fois, on se dit que bient�t nous aurons des logements d�cents mais � chaque fois c'est le d�senchantement et on revient � la case d�part", nous confie ce p�re de famille qui n'en peut plus. "Dites-leur, dites-le dans votre journal, nous d�clare Na�ma, employ�e de banque qui vit avec sa m�re dans l'une de ces baraques, nous ne pouvons plus tenir, nous sommes � bout. La derni�re fois, une m�re de famille a tent� de se suicider en prenant des barbituriques. Il a fallu la transporter d'urgence � l'h�pital ; heureusement, on a pu la sauver. Dites-leur que nous aussi, nous sommes des Alg�riens � part enti�re et que nous avons des droits ; aidez-nous !" Exhibant un document (un certificat cosign� par deux m�decins), elle nous fit savoir qu'un certain nombre de maladies se sont d�clar�es par manque d'hygi�ne. En effet, le certificat en question fait �tat de l'absence des commodit�s telles que l'�vacuation des eaux us�es, de toilettes (il n'y en a que deux pour les 49 familles) ; la superficie est r�duite, pas d'a�ration et une prolif�ration dangereuse de rats. Des cas de gale, d'imp�tigo, de p�diculose, de gastro-ent�rite, d'asthme, vulvites, d'oxyurose (vers intestinaux) et de morsures de rats ont �t� enregistr�s. Trois personnes sont d�j� d�c�d�es dont un nouveau-n� suite au froid qui avait s�vi durant la saison hivernale, d'autres sont encore malades et souffrent. Apparemment, rien n'est fait pour prendre en charge cette situation. "Je me demande comment est-ce que des responsables peuvent dormir tout en sachant que des citoyens souffrent tous les jours que le Bon Dieu fait, nous dit un jeune. Venez voir dans quelles conditions nous vivons, Monsieur le Pr�sident, nous vous lan�ons cet appel de d�tresse et nous esp�rons que vous l'entendrez !"