Avec un taux national de participation de 37,09 % et une proportion de près du quart des votants — plus de deux millions sur les huit et demi de millions — ayant préféré ne pas s'exprimer pour qui que ce soit, il est évident que la légitimité de la nouvelle Assemblée nationale se pose dans toute sa splendeur. Une représentativité très relative qui induit toute une somme d'interrogations dont celle de l'influence réelle des partis politiques en dehors des deux forces dominantes que sont le FLN et le RND. En effet, quand on réalise qu'avec 33 sièges pour une Assemblée qui compte 462 députés, un parti se retrouve en droit de prétendre qu'il est la troisième force politique du pays, cela renseigne amplement sur le poids réel des partis autres que les deux qui font et défont, à leur gré, la vie politique en Algérie. Une interrogation qui se pose un peu partout à travers le pays, et de façon plus singulière encore dans les trois wilayas de la Kabylie où le contexte, il est vrai, est tout à fait propre à la région du fait, d'abord, de la tradition qui fait que ce n'est pas à Tizi-Ouzou, Béjaïa et Bouira où l'on est le plus porté sur les élections, ensuite, du fait de ce qu'endurent dans leurs rangs les partis à fort encrage, le FFS et le RCD pour ne pas les nommer, depuis quelque temps. Et puis, depuis que les idées imposées par le MAK ont gagné du terrain tout autant que les deux partis jadis dominants en ont perdu, l'influence des nouveaux partis en quête de place dans le paysage politique local semble finalement d'une envergure beaucoup moindre que l'on pouvait croire, du moins si l'on doit se fier aux premiers enseignements tirés des élections de jeudi dernier, si tant est que cela constitue un baromètre fiable. La traditionnelle manifestation du 20 Avril a d'ailleurs donné un aperçu sur la réalité du terrain, conquis par les indépendantistes du MAK avant que les élections de jeudi dernier ne viennent enfoncer le clou au détriment pas seulement du FFS et du RCD, mais, donc, également de l'ensemble des partis politiques qui escomptaient tirer profit des malheurs des deux vieux rivaux et ne cachaient pas leur ambition de redéfinir la carte politique de la Kabylie. A voir les scores des uns et des autres, notamment dans les régions connues pour leur «affiliation» soit au RCD soit au FFS, d'une part, et de l'autre, là où par exemple le MPA d'Amara Benyounès trône depuis quelque temps ou dans les localités où les islamistes disposent d'un petit creuset de voix, ces élections législatives ont remis en cause bien des réalités, au grand bonheur du MAK, même si ce dernier ne peut pas, bien entendu, prétendre que les 82,6% d'abstentionnistes de jeudi dernier sont tous des militants ou des sympathisants acquis à sa cause. L'électorat partisan n'a finalement répondu que de façon quasi symbolique pour parvenir à une répartition des sièges qui n'a pas dû faire sauter au plafond ni le RCD ni le FFS, les autres partis «gagnants» de ce scrutin n'ont également pas de quoi afficher le plus petit sourire, à l'instar du FLN qui n'a récolté que deux strapontins, avec à la clé une victime de choix, le frère du président du FCE que d'aucuns voyaient faire partie des élus, mais la parité ayant fait que ce soit une femme qui lui ravit sa place pour accompagner le député sortant et tête de liste, alors que le MPA n'a pu sortir de son territoire de prédilection, Aïn-El- Hammam, où il a récolté près de la moitié des 3 020 votes exprimés. Vraiment pas de quoi, pour aucun parti, considérer avoir pris une avance dans la course à la recomposition du champ politique en Kabylie où le FFS, grâce à sa présence parmi les lauréats dans les trois wilayas, tient encore le haut du pavé alors que le RCD ne maintient son autorité que dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Et si l'on doit se fier à certaines indiscrétions, les élections locales de l'automne prochain, le rendez-vous électoral qui mobilise plus ou moins dans des proportions plutôt acceptables, risquent de donner lieu à des conséquences de la même veine que ce à quoi ont abouti les législatives.