Cette fois, ils étaient tous sur le pont pour la course à la députation, et tous se sont démenés dans le semblant de campagne électorale pour plaider en faveur de la participation d'un électorat par trop habitué à «sauter» les rendez-vous avec les urnes. Le FFS et le RCD, les éternels adversaires les mieux enracinés dans le désormais incertain paysage politique en Kabylie, les deux partis du pouvoir, FLN et RND, qui n'avaient pas manqué d'étaler leurs ambitions d'au moins égaler leur score d'avant, de façon souvent ostentatoire au goût de ceux qui se sont intéressés à ces élections, auxquels il faudrait ajouter un MPA en pleine croissance et les seconds couteaux que sont le PT et le MSP, et puis les indépendants qui n'ont pas été les moins en vue de la morne campagne électorale, dont les colistiers de l'ex-RCD Nordine Aït Hamouda et ceux de l'ex-FFS Belkacem Benbelkacem, tous espéraient fouetter un tant soit peu les ardeurs des 675 479 inscrits sur les listes électorales à Tizi-Ouzou, mais en fin de compte ceux-ci se sont encore moins passionnés qu'il y a cinq ans, lorsque le taux de participation frôlait les 20%. Un scénario qui n'avait rien d'original, comme si, à Tizi-Ouzou, on tient au taux de participation le plus bas du pays puisque, à la clôture, et bien que dans pas moins de 26 communes le scrutin ait été prorogé d'une heure, ils n'étaient que 117 553 votants sur les 675 479 inscrits, pour un taux de participation de 17,40%, alors que les bulletins pris en compte étaient de 101 009. De ce fait, un siège équivalait à 5 535 voix. A partir de là, émanait la crainte que cette désaffection pénalise le FFS et le RCD, conséquence des tourments traversés ces derniers temps par l'un et l'autre, d'une part, et de l'autre, que cela fasse le bonheur du RND et du FLN qui, eux, pouvaient compter sur la discipline de leurs militants, et ce, malgré les quelques voix discordantes nées de la tumultueuse confection des listes de candidats. Une donne qui s'est confirmée dans plusieurs bastions des deux partis les mieux ancrés dans la région où les abstentionnistes ont ouvert la voie aux deux frères siamois du pouvoir. Encore heureux pour le FFS et le RCD que le nombre de voix exprimées dans ces localités tombées entre les mains du FLN et du RND ait été non pas insignifiant mais pas de quoi garantir une envolée. Le décompte a finalement entériné le constat de la perte de vitesse des deux partis leaders en Kabylie, toutefois, la casse a été plus ou moins relativisée, avec quatre sièges chacun, alors qu'ils en comptaient 7 lors des dernières élections auxquelles ils avaient prix part, le FFS lors de celles de 2017 et le RCD en 2007. Avec respectivement 13 127 voix et 11 889, le RND et le FLN se sont offert deux sièges au moment où Belkacem Benbelkacem, l'indépendant à la tête d'Izuran, et Nordine Aït Hamouda, le chef de file de la liste Alternative citoyenne, ont récolté un peu plus du nombre de voix nécessaires pour siéger à l'APN alors que l'ex-députée du Parti des travailleurs, bien qu'avec moins de voix que l'exigeait le quotient électoral mais un ballottage favorable, a gagné le droit d'être de nouveau de la partie à l'Assemblée nationale. En somme, le contour pris par ces législatives à Tizi-Ouzou n'a fait que renforcer le constat établi il y a quelque temps déjà quant à la configuration de la carte politique locale. Les temps changent et, désormais, aucun parti n'a de quoi rouler des mécaniques. M. Azedine Résultats officiels pour Tizi-Ouzou : FFS 4 sièges (21 462 voix), RCD 4 (18 796 voix), RND 2 ( 13 127 voix) FLN 2 (11 889 voix), Izuran 1 ( 6 403 voix), Alternative citoyenne 1 (5 958 voix), PT (5 391 voix).