Selon les députés de l'opposition, l'assemblée n'avait pas la légitimité nécessaire pour pouvoir exercer un quelconque contrôle sur le pouvoir exécutif. Ceux de la majorité pensent qu'elle a évolué dans un contexte difficile et qu'elle devait travailler la main dans la main avec le gouvernement pour maintenir la stabilité du pays. Lyas Hallas-Alger (Le Soir) - Les élections législatives sont prévues le 4 mai prochain. Les partis politiques sont à pied d'œuvre pour préparer la bataille électorale qui se profile. Mais que faut-il retenir de la législature qui s'achève ? Les députés issus des partis de l'opposition pensent que la composante sortante était des plus faible, sinon la plus médiocre depuis que le Parlement algérien existe. Ceux de la majorité, par contre estiment qu'elle a joué correctement son rôle d'appoint à un gouvernement qui décide justement en son nom. Naâmane Laouar, de l'Alliance de l'Algérie Verte (AAV), n'a pas ainsi hésité à rappeler l'incident qui a marqué le début de cette législature : «L'opposition avait dénoncé la fraude dès l'annonce des résultats des élections de 2012 et nous l'avions fait en tant que députés issus de ce scrutin dans les travées de l'assemblée. C'était donc une assemblée mal élue et qui n'était pas représentative. Les dépassements qui ont eu lieu durant les cinq années de son mandat n'étaient ainsi que les conséquences». Il a ajouté que «le règlement intérieur a été piétiné dans ses moindres détails, y compris en matière de composition des commissions spécialisées de l'assemblée dont le nombre dépasse de loin le nombre réglementaire». Et de regretter : «Toutes les initiatives émanant de l'opposition, que ce soient les propositions d'amendement de loi ou de constitution de commission d'enquête, sont bloquées au niveau du bureau de l'Assemblée composé de députés FLN/RND». L'ancien premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS) Ahmed Betatache, est du même avis : «Cette assemblée n'a pas été à la hauteur des aspirations du peuple pour la simple raison qu'elle ne le représentait pas correctement. Elle a voté toutes les lois antisociales et n'a pu imposer aucun amendement favorisant les intérêts du peuple». Et de déclarer: «L'Algérie mérite un parlement meilleur !». Ramdane Taâzibt du Parti des travailleurs (PT) est allé plus loin : «C'était l'assemblée qui légiférait pour le compte de la minorité la plus riche et où le lobbying des forces de l'argent se faisait de manière flagrante et indécente». Il a ajouté que «c'est l'assemblée qui avait pris le moins d'initiatives depuis que le Parlement algérien existe. Elle était complètement déconnectée de la réalité et était la grande absente des débats qui préoccupent la société. Elle va ainsi marquer l'histoire comme l'assemblée qui a entériné toutes les mesures d'austérité proposées par le gouvernement». Du côté de la majorité FLN/RND, les chefs des groupes parlementaires ont essayé plutôt de positiver le bilan. Mohamed Guidji du Rassemblement national démocratique (RND), a adopté une approche arithmétique pour l'évaluer : «Nous avons voté beaucoup de lois et organisé beaucoup de journées parlementaires. Je pense que le bilan est positif». Une approche va montrer ses limites quand Mohamed Guidji essayera de justifier le manque d'initiative de l'assemblée : «Nous ne sommes pas une machine qui fabrique des lois. Un parlement légifère en fonction des besoins du gouvernement et de la société Et si l'Assemblée a manqué d'initiative, c'est parce qu'il n'y avait pas une nécessité pour légiférer». Son allié du Front de libération nationale (FLN), Mohamed Djemaï, lui, a nuancé les conclusions de l'opposition en ces termes : «Cette assemblée a évolué dans un contexte national et international incertain où les dangers guettaient le pays de toutes parts. Et un tel contexte exigeait d'elle de rester solidaire avec le gouvernement qui est issu de la même majorité. Sinon, je ne vois pas pourquoi, en tant que députés du parti majoritaire, nous opposerons-nous à un gouvernement qui exécute le programme du président de la République qui est le président de notre parti. Ce qu'il faut retenir par contre, est que c'est l'Assemblée qui a encaissé le plus de coups, de l'intérieur du Parlement comme de l'extérieur, des tentatives visant à la discréditer et surtout à la déstabiliser». Et à Hayet Meziane Tayati du FFS de conclure : «Nous savions que l'Assemblée n'allait pas avoir la liberté d'action qui lui permet d'exercer un quelconque contrôle sur le gouvernement. Cela n'est pas valable uniquement pour l'opposition mais, aussi pour les députés de la majorité. Et nous avons constaté l'hégémonie de l'exécutif sur le législatif. Certes, toutes les initiatives des députés de l'opposition ont été bloquées, mais notre présence était utile à bien des égards. Cela nous a au moins permis d'être informés sur ce qui s'y passe et le dénoncer».