Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a rencontré, longuement mercredi dernier, le ministre d'Etat, directeur de cabinet de la présidence Ahmed Ouyahia, avons-nous appris de source sûre. Cette rencontre, qui a eu lieu au siège de la présidence de la République, s'inscrit dans le cadre des consultations préliminaires que mène Sellal à propos du prochain gouvernement. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - «Le Premier ministre a rencontré Ahmed Ouyahia en sa qualité de secrétaire général du Rassemblement national démocratique. Pour des considérations d'ordre protocolaire, c'était donc Sellal qui s'est déplacé chez Ouyahia, contrairement aux autres chefs de partis que Sellal reçoit au Palais du Gouvernement», nous explique notre source. Ouyahia était l'avant-dernier chef de parti à être consulté. Cette série de consultations sera en effet clôturée avec la rencontre prévue aujourd'hui avec le secrétaire général du Front de libération nationale, Djamel Ould-Abbès. Auparavant, Sellal avait rencontré, successivement, le secrétaire général du Mouvement populaire algérien, Amara Benyounès, le président du parti El Moustakbel, Aziz Bélaïd, le président du parti TAJ, Amar Ghoul, en plus du président du Mouvement de la société pour la paix, Abderazak Mokri, et son autre allié islamiste, Abdelmadjid Menasra. Selon des indiscrétions, Sellal a informé ses visiteurs qu'il était officiellement chargé par Abdelaziz Bouteflika de leur proposer d'intégrer le nouveau gouvernement. Le président du MSP, Abderazak Mokri, l'avait d'ailleurs déclaré publiquement mercredi dernier. A ce niveau-là des consultations, deux choses se confirment, déjà. D'abord, la reconduction de Abdelmalek Sellal à la tête du gouvernement. Un moment affaibli, notamment après le dernier remaniement ministériel de juin 2016, le chef de l'exécutif a réussi un spectaculaire retour en force comme l'atteste du reste sa nouvelle mission consistant à mener les consultations autour du prochain gouvernement. L'homme reprend ainsi la main et ce sera en position de force par rapport à ses autres concurrents qu'il fera ses propres propositions finales. Son implication personnelle dans la campagne électorale au profit du FLN l'aura grandement renforcé et lui permettra la majorité en position dominante. L'autre certitude, pour le moment, reste la nature du futur gouvernent : un exécutif essentiellement politique contrairement aux précédents remaniements opérés depuis septembre 2013 qui ont fait la part belle aux «technocrates» et aux anciens walis. L'intégration de nouveaux partis se fera, également, au détriment d'une bonne partie des actuels membres du gouvernement. Toutefois, l'on croit savoir que Bouteflika a exigé une condition très importante aux partis sollicités : pas de chefs de partis dans le gouvernement. Pour certains, cela constituera un vrai «cadeau empoisonné» et risque de provoquer des dégâts en interne. Le cas de l'alliance islamiste du MSP est emblématique en soi. Mokri, qui a publiquement traité «d'opportuniste» le courant qui est favorable au retour de son parti au sein du gouvernement , aura tout simplement déclenché la future crise au parti, et ce, quelle que soit la réponse finale à la proposition de Bouteflika. Cela, alors que son allié, Abdelmadjid Menasra, aura, lui, donné une réponse favorable à la proposition, nous confie-t-on de bonne source. Le futur gouvernement, qui sera nommé après l'installation de la nouvelle Assemblée populaire nationale, prévue le 23 mai prochain, promet décidément beaucoup de surprises et, accessoirement, quelques dégâts collatéraux au sein de certains partis Des changements en série suivront le gouvernement Outre les changements prévus dans la composante du gouvernement que conduira Abdelmalek Sellal, Bouteflika aura également prévu d'opérer d'importants autres changements à différents niveaux. Selon une source bien informée, l'on prévoit déjà un vaste mouvement dans le corps des walis. Ces derniers seront évalués en fonction de leurs comportements respectifs à l'occasion des dernières élections législatives du 4 mai dernier. «Et ils sont nombreux ceux qui ont déçu en haut lieu», nous confie-t-on encore. Une phrase qui augure d'un vaste mouvement. Sur un autre plan, essentiellement économique, l'on prévoit également un profond changement au niveau des grandes banques et des institutions financières. Un secteur qui n'arrive toujours pas à s'adapter à la nouvelle politique économique du gouvernement et qui constitue encore l'un des plus grands freins à la dynamique que l'exécutif veut impulser à l'économie nationale à travers son nouveau modèle rendu public il y a quelques semaines. Au point où le Premier ministre en personne a dénoncé publiquement et à plusieurs reprises ce secteur obsolète et sa bureaucratie mythique. Ces changements toucheront enfin la névralgique institution des douanes, nous confie également notre source.