Les propos tenus par le secrétaire général du RND ont fait sortir Hanoune de sa réserve. Le «vive l'oligarchie» lancé par Ouyahia est, selon la secrétaire générale du PT, «une dérive sans précédent», notamment en raison de la double casquette que porte Ouyahia. Nawal Imés - Alger (Le Soir) Même s'il s'exprimait en sa qualité de chef de parti, Ouyahia ne peut se défaire de sa qualité de chef de cabinet à la présidence et que lorsqu'il s'exprime, il donne l'impression de parler au nom du président de la République, affirme la secrétaire générale du Parti des travailleurs. Il est très difficile, dit-elle, de faire la distinction entre les deux postes pour une grande majorité de l'opinion publique. En scandant un «vive l'oligarchie» et en affirmant qu'il valait mieux que l'argent public soit «utilisé» par l'oligarchie algérienne, Ouyahia a suscité une vive réaction de Hanoune. Il s'agit, selon elle, d'une «dérive sans précédent» qui voit un chef de cabinet de la présidence justifier la dilapidation de l'argent public. Hanoune s'est interrogée sur ce raisonnement qui poussé un peu plus loin voudrait que le banditisme, dès lors qu'il est commis par des Algériens, est donc admis. Idem pour la prédation qui semble admise puisque commise par ces mêmes Algériens. La première responsable du PT s'est dit hier «fascinée» par la capacité d'Ouyahia de faire des virages à 180 degrés et s'est demandée à qui ce dernier voulait donner des garanties en appelant le gouvernement à cesser sa politique populiste. Se disant attristée par de tels propos, Hanoune a rappelé à Ouyahia que l'émergence d'une bourgeoisie en Algérie n'était pas possible pour des raisons historiques. Actualité oblige, la secrétaire générale s'est longuement attardée sur ce qui se passe à Ghardaïa. La crise que vit la région est un «avertissement sérieux», affirme Louisa Hanoune. L'Algérie vit dans un contexte régional particulier, dit-elle, et n'est pas immunisée aux plans politique, social et économique et ne vit pas en autarcie. Cela ouvre la voie à des ONG, notamment américaines, qui trouvent un terreau fertile pour «dépecer» les pays sur des bases ethniques. Ils ne sont pas, affirme Hanoune, la racine du problème mais se nourrissent des difficultés déjà existantes. Pour prendre connaissance de plus près de ce qui s'y passe, une délégation du PT a fait le déplacement à Ghardaïa. Elle y a rencontré des acteurs de la société civile et des représentants locaux de la Centrale syndicale. La conjoncture y est très grave, estime Hanoune et la responsabilité de l'Etat y est engagée. C'est la faute à la nature obsolète des institutions et le régime du parti unique, dit-elle, sans compter que ce même Etat a laissé faire des prêcheurs extrémistes et porte aujourd'hui la responsabilité des événements qui endeuillent la région. Elle soupçonne l'existence d'un segment dans l'Etat algérien qui pousse vers le pourrissement. Des «forces centrifuges» s'agitent au sein même de l'Etat. C'est le résultat d'un manque d'homogénéité de ce même Etat aujourd'hui fragilisé. La secrétaire générale pointe également du doigt la chaîne saoudienne Iqraa qui distille un discours haineux tout en se demandant ce qui empêchait le ministre des Affaires étrangères d'interpeller son homologue saoudien.