Le plus récent stade d'évolution du football belcourtois est dû sans contexte à la création du CRB (Chabab Riadhi de Belcourt), à l'orée de l'indépendance, par des hommes intègres. Beaucoup parmi ces hommes dont quelques-uns apparaissent en évidence sur la photo en annexe, ne sont plus de ce monde. (Allah yerhamhoum). Ils ont été les précurseurs ébauchant les contours du club qui va reprendre le flambeau et à poursuivre la contribution et les efforts déployés, voire extraordinaires, par ses prédécesseurs : le CAB et le WRB dont le Onze évoluait en pleine période de troubles et d'exactions par l'armée française. Pour les effectifs qui vont se succéder au fil des ans, ils considéraient le jeu comme une fin en soi, justifiant tous les sacrifices de discipline et le respect librement consenti des règles qu'on s'imposait. Le Onze type, aligné à chaque rencontre, va hisser haut les couleurs du Chabab et dont quelques-uns parmi ce groupe soudé et homogène vont acquérir une renommée internationale. Avec le football algérien renaissant, à l'instar d'autres clubs comme le MCA, l'USMA, le NAHD, le MCO, l'ASMO, la JSK, l'ES Guelma, l'US Annaba et le MO Constantine, le football algérien suscitera l'admiration du continent africain et même européen. Le football en Algérie était devenu quelque chose de mystique avec son support rationnel, proche de notre sainte religion avec ses lois propres contenues dans le Saint Coran. Même si les grands matchs opposant les ténors de la nationale Une, le succès de l'une ou de l'autre équipe, engendrent des manifestations déplacées de chauvinisme dans le public, au coup de sifflet final de l'arbitre, quelle que soit l'issue, joueurs et supporters se congratulent. Le CRB régnera longtemps sur le championnat national avec un palmarès impressionnant : six fois champion d'Algérie, six Coupes d'Algérie, une Coupe de la Ligue, une Supercoupe et trois fois champion du Maghreb sans compter ses grandes prestations face à des clubs étrangers en matchs amicaux. «Allez Chabab !» ont été les clameurs des fans du club dans les années 1960 et début 1970. Avec la fin de carrière des virtuoses de la balle ronde, dont quelques-uns ne sont plus de ce monde comme : Embarek Chenen, ancien équipier du club professionnel de Rouen, Amar, le défenseur intraitable et le relayeur Zerrar. Après la retraite de presque la totalité de l'effectif, le CRB, sombrera progressivement dans l'abîme, évitant même à une certaine période la relégation. Bien que j'étais et le demeure toujours un fan invétéré du Chabab, l'erreur fondamentale que les dirigeants ont peut-être commise, résidait dans le pourvoi au remplacement des artistes après des années passées dans leur club de cœur, par de jeunes talents qui évoluaient dans un club de division inférieure du quartier : le Rapid de Belcourt. Cette association sportive renfermait des joueurs d'exception comme Aziz, Azouz et le regretté Zaidi qui ne demandaient qu'à s'exprimer dans la compétition de haut niveau. Ils avaient la classe et la hargne de gagner. Ne dit-on pas que les petits ruisseaux font les grandes rivières ? On n'a pas daigné leur faire confiance par omission ou volontairement, je ne le sais pas. Ce que je sais par contre, c'est que le développement du football professionnel se limite d'abord à un noyau de jeunes joueurs pétris de talent : et ceux-ci par leur qualité de jeu même et le prestige accru qui découlera inéluctablement, exerceront progressivement, une influence bénéfique sur les dirigeants et l'entraîneur qui finiront par les aligner dans le Onze type ou remplaçants. Les exemples sont nombreux de l'autre côté de la Méditerranée. Les découvreurs de talents, c'est dans de petits clubs amateurs ou de divisions inférieures, qu'ils découvrent la (les) perle rare. Enfin, après de longues années d'insuccès et à un certain moment frôler la relégation, notre club chéri renoue avec le succès en remportant sa septième Coupe d'Algérie. Et si les jeunes supporters d'aujourd'hui faisaient revivre le vieux slogan : Allez Chabab ! Et encadraient à un mur du cercle, cette vieille photo du Chabab comme un talisman sauveur ?