Venant de Jijel, la caravane littéraire dédiée au centenaire de la naissance de l'écrivain, chercheur et anthropologue Mouloud Mammeri, a reçu, dès son arrivée à la Coquette, un accueil chaleureux des responsables de la culture, conduit par le directeur du secteur, le professeur et poète Driss Boudiba. Les membres de la caravane ont eu, dans la soirée du même jour, une première activité à la bibliothèque de lecture publique de Annaba qui s'est traduite par une rencontre et des échanges avec les artistes locaux. Mercredi, une réception officielle a été organisée par le wali de Annaba par intérim, Taoufik Mezhoud, au théâtre régional Azzedine-Medjoubi, en l'honneur des membres de la caravane constituée d'hommes de culture, d'historiens, de poètes, d'artistes et d'étudiants, et conduite par le secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), Si El Hachemi Assad. Rappelant que cette caravane est organisée sous le haut patronage du président de la République, le wali par intérim de Annaba a souligné qu' il s'agit, par cette manifestation, d'honorer la mémoire d'une icône de la culture, Mouloud Mammeri, qui appartient à l'Algérie entière et dont les œuvres ont valorisé l'histoire authentique de cette chère terre plusieurs fois millénaire. Pour sa part, le SG du HCA a estimé que l'amazighité a franchi, depuis l'interdiction de la conférence sur le poète M'hand Ou M'hand de Dda El Mouloud en 1980 à Tizi-Ouzou, un pas de géant, d'abord comme langue nationale, puis officielle de l'Etat algérien. Il a toutefois regretté le retard enregistré dans sa généralisation à travers l'ensemble du territoire algérien. A travers cette manifestation, l'idée générale est de faire connaître l'homme et vulgariser ses idées à travers ses œuvres dont le sommeil du juste, la cité du soleil et l'opium et le Bâton, qui dénoncent les méfaits du colonialisme sur un peuple dont les racines sont bien profondes dans cette terre de braves. Le professeur Driss Boudiba a, pour sa part, relevé que les œuvres de Mouloud Mammeri, écrites dans la langue du colonisateur, ont mis fin à l'exotisme des œuvres produites par des orientalistes sur l'Algérie, qui ne voyaient dans ce pays que les dunes, les montagnes, le burnous et le couscous, sans aller profondément dans l'âme de l'Algérien, sa générosité, sa loyauté et sa bravoure. Si El Hachemi Assad fera part de la traduction des œuvres de Mouloud Mammeri en langues arabe et amazighe, et leur remise à des bibliothèques à travers le pays. Au programme de l'étape annabie de la caravane qui durera trois jours, il est prévu des lectures croisées de textes choisis des œuvres de l'auteur dans les trois langues (arabe, tamazight et français), table ronde sur l'œuvre mammerienne, précédée par la présentation des actes du Colloque international «Jugurtha affronte Rome», organisé par le HCA durant le mois d'août 2016, à Annaba. il y aura également l'animation et la présentation par le moyen du bibliobus des œuvres de l'auteur, rencontre avec les apprenants de tamazight pour adultes de Annaba, représentation théâtrale de la pièce le Foehn, écrite par l'auteur et campée par des comédiens de la troupe Nova de l'université de Tizi-Ouzou, et récital poétique multilingue avec accompagnement musical, visite au camp de jeunes de Aïn-Achir et discussion-débat sur la meilleure manière d'organiser un club de lecture pour enfants. Le côté touristique n'a pas été omis par les organisateurs. Ainsi, les hôtes de Annaba auront à visiter des sites historiques de l'antique Hippone, où officia en tant qu'évêque, avant de s'éteindre, le Numide saint Augustin.