Une Coupe d'Afrique des nations (CAN) déplacée en été et élargie à 24 équipes dès l'édition 2019 : la CAF a acté jeudi soir un bouleversement majeur de son tournoi emblématique. Jusqu'ici, la CAN se disputait entre janvier et février, et avec 16 sélections seulement. Sa tenue en hiver, tous les deux ans, faisait grincer des dents les clubs européens, très réticents à laisser partir leurs joueurs en cours de saison. Lors son élection à la surprise générale à la tête de la Confédération africaine (CAF), en mars dernier, Ahmad Ahmad, le successeur de l'indéboulonnable Issa Hayatou, s'était engagé à reformer la compétition. La réforme aura donc été lancée tambour battant, à la suite d'un symposium de deux jours sur le football africain organisé à Rabat. Un groupe de travail est désormais chargé d'organiser les modalités pratiques de ce bouleversement, qui s'annonce délicat. Au cours de son long mandat (1988-2017), Hayatou avait toujours refusé de déplacer la CAN entre juin et juillet, arguant qu'à cette saison, il fait trop chaud en Afrique du nord, trop humide en Afrique centrale et trop froid dans le sud. Ahmad Ahmad aura vite pris le contre-pied, peut-être à la lumière de ce qui s'était passé pour le Cameroun lors de la CAN-2017. Trop d'absents En hiver dernier, six joueurs importants du futur champion d'Afrique, dont le joueur de Liverpool Joel Matip, avaient renoncé au tournoi pour privilégier leurs clubs. Le passage à 24 équipes, sur le modèle de l'Euro en France, va également avoir des conséquences quant aux pays capables d'accueillir l'épreuve. Cela devrait nécessiter d'avoir six stades disponibles, contre quatre actuellement, un défi pour le Cameroun qui est censé accueillir le tournoi en 2019. Jusqu'ici, l'hôte camerounais n'avait d'ailleurs guère semblé favorable à de tels changements. S'il venait à se désister, le Maroc ou l'Algérie se sont positionnés pour prendre la relève. Dans son communiqué, la CAF cite bien le Cameroun comme pays organisateur, tout en indiquant qu'une «inspection sera conduite début septembre» dans le pays. Cette nouvelle formule est en outre lancée alors que les éliminatoires de la CAN-2019 ont déjà commencé. Il faudra donc déterminer comment accorder les 8 billets supplémentaires du tournoi, quitte à diluer le niveau global de la compétition, après une édition 2017 relativement décevante. Le comité exécutif de la CAF a également annoncé d'autres réformes ou chantiers à venir pour le football africain. Pour réduire les coûts dans les catégories de jeunes de la Coupe d'Afrique (U17, U20, U23), il va organiser les éliminatoires par zones géographiques, à l'image de ce qui existe actuellement dans le Championnat d'Afrique des nations (CHAN) réservé aux joueurs évoluant sur le continent. Au titre des déclarations d'intention, la CAF a expliqué vouloir impliquer davantage les «footballeurs africains de légende» dans son fonctionnement. Elle veut aussi augmenter les indemnités payées aux arbitres et soutenir plus directement les solutions pour lutter contre «le trafic des âges», la présence sur le terrain de certains joueurs qui dissimulent leur véritable année de naissance.