Alors que le sort de l'Espagnol Lucas Alcaraz n'est pas définitivement scellé, la FAF étant toujours à la recherche d'une «faille contractuelle» pour s'éviter de casquer les 1,2 million d'euros représentant l'actif à payer au technicien ibérique et ses adjoints, des «décisions» sont prises pour assurer sa succession dès cette semaine. Kheireddine Zetchi, le président de la FAF, panique. Mis sous pression par ses pairs du bureau fédéral et l'opinion nationale (sportive et extrasportive), le nouveau patron du football national multiplie les «reculades». Convaincu par la nécessité de révolutionner le «système» du ballon rond en Algérie, l'ancien dirigeant du PAC donne l'impression de quelqu'un qui ne sait pas où aller, qui ne maîtrise rien. Sinon comment expliquer qu'une simple réunion ordinaire (non statutaire) durant laquelle les membres du bureau fédéral ont discuté de tout et de rien devienne une opportunité légale pour décider du sort du sélectionneur national en poste (Alcaraz), de celui qui va le succéder (Belmadi) mais également du prochain personnel qui conduira la DTN et la DEN. Ceci sans qu'aucune action ne soit entreprise officiellement pour discuter aussi bien avec le «démissionné» qu'avec les potentiels nouveaux collaborateurs à engager pour les structures techniques de l'importance de la DTN et la DEN. Le tout en un tour de passe-passe qui s'apparente à une course contre la montre que le «collectif de la fédération» a enclenchée dans l'objectif de résorber un grave déficit en temps. S'il est vrai que les Verts, première tracasserie imposée à la nouvelle équipe fédérale, ont une échéance très proche (le match face au Nigeria le 10 novembre prochain), celle-ci ne sera qu'une simple formalité. Les Super Eagles ont déjà le sésame pour Russie 2018, tournoi que les Fennecs suivront devant le petit écran. Jeudi, tout a changé ! Pourquoi alors se presser pour ramener un successeur d'un sélectionneur qui n'est pas encore «physiquement» licencié. Alcaraz, bien conseillé par son manager marocain, ne compte, en effet, pas lâcher le «morceau» si facilement. Mercredi, dernier jour du rassemblement réservé des locaux, il quittera précipitamment Alger pour rallier son pays. Si certains pensent que c'était un aller sans retour, Lucas Alcaraz qui a publié aussitôt arrivé en Espagne une vidéo sur son compte Twitter dans laquelle il posait en photo-souvenir avec les joueurs de l'EN A', devrait retourner en Algérie cette semaine pour entamer les préparatifs du match face au Nigeria. Comme si de rien n'était, doit-on écrire. Car, en dépit de la «tebriha», brouhaha qui a entouré le limogeage décidé par la FAF, Alcaraz semble faire la sourde oreille en menant ses missions le plus normalement du monde. Zetchi, qui semble fermer l'œil sur toute agitation, aussi bien de ses pairs du BF que de l'entraîneur espagnol ou encore d'une opinion sportive viciée, s'organise pour assurer la transition. Jeudi matin, le néo-locataire du palais de Dely Brahim a convié quelques anciens sélectionneurs nationaux (Fergani, Mehdaoui, Henkouche, Ighil, Zouba et Madjer) pour connaître leurs avis sur le sujet. Officiellement, la séance était dédiée à la préparation du symposium sur le football que la FAF compte organiser en décembre prochain. Sauf que, durant l'après-midi, les «fuites organisées» évoquaient avec certitude la nomination prochaine de Rabah Madjer comme successeur de Lucas Alcaraz. Une «décision» que certains attribuent à des cercles influents du pouvoir et que d'autres «maquillent» par le fait que la piste Belmadi s'est érodée suite au refus de l'actuel coach d'Al-Duhaïl (Qatar) de l'offre faite par des... intermédiaires se réclamant émissaires de Kheireddine Zetchi. Madjer, un retour et des interrogations En définitive, et en attendant l'épilogue du feuilleton Alcaraz, que s'est-il vraiment passé pour que les «options» discutées mercredi deviennent des choix 24 heures plus tard et comment le président de la fédération s'est retrouvé à accepter, peut-être malgré lui, le choix de son conseiller technique Rabah Madjer ? Ce «manège» qui ne pouvait fonctionner sans le concours des pressions et des interférences rappelle bien de scénarios du passé d'une instance fédérale qui, hormis quelques marges de liberté vécues sous Mohamed Raouraoua, a souvent plié sous la pression populaire et/ou médiatique sinon les ordres d'en haut. Rabah Madjer qui a assisté au «débat» avec les anciens sélectionneurs jeudi devrait revoir Zetchi lundi pour finaliser le « projet » d'un retour inattendu. En tout cas jamais envisagé ni par Zetchi encore moins par Madjer qui, après son «hilarant» limogeage en mai 2002, retrouverait un terrain encore plus miné. Si ces questions resteront «un bon moment» sans réponse, le retour de Madjer à la barre technique des Verts pousse davantage le débat sur la procédure et les critères qui président au choix des entraîneurs nationaux et des autres personnels qui exercent au niveau des structures du football. Il faudrait poser également la question sur la nécessité de désigner un DTN et un DEN après avoir le cas du sélectionneur de l'EN A. Rabah Saadane qui n'a été sollicité officiellement que mercredi soir alors qu'il se trouve à l'étranger ne connaît rien du projet pour lequel la FAF de Kheireddine Zetchi compte l'engager. DTN et DEN pour quoi faire ? Par conséquent rien ne dit que le «Cheikh» accepte le challenge sans connaître les contours de cette collaboration. Nommé plusieurs fois à la tête de cette importante structure technique, Saâdane a toujours réclamé un «droit de regard» sur les entraîneurs nationaux, particulièrement celui de l'équipe première. Aujourd'hui qu'il y a des certitudes de voir Rabah Madjer s'emparer du poste de sélectionneur dès le prochain match officiel des Verts, le 10 novembre à Constantine, contre le Nigeria, difficile de penser que Saâdane dérogerait à ses principes. Quid du prochain directeur des équipes nationales (DEN) où l'on murmure, malgré les appréhensions et les critiques, le nom de Boualem Charef comme futur responsable ? L'ex-driver de l'USMH est connu pour sa ligne de conduite pour le moins stalinienne de vouloir tout contrôler, tout prévoir. Difficile de lui «parachuter» un sélectionneur pour l'EN A même s'il s'appellerait Madjer et le confiner à juste superviser les entraîneurs des jeunes catégories. Pas encore affranchi, Boualem Charef est aussi connu pour être un dur négociateur. Non seulement en termes des conditions de travail et de prérogatives mais aussi sur le volet financier. Ce qui est le cas de Rabah Saâdane ou de Rabah Madjer qui ne manqueront pas de faire valoir leur CV pour réclamer une indemnité à la hauteur de leur statut. Si bien que ceux qui prédisent un rééquilibrage des finances de la FAF juste en se passant de la filière étrangère. Si Alcaraz et ses adjoints dont le Franco-Algérien Aziz Bouras (entraîneur des gardiens) coûtent 75 000 euros/mois (soit un peu plus d'un milliard de nos centimes au taux officiel), il faut s'attendre à ce que les salaires du trio Madjer-Saâdane-Charef et de leurs assistants atteignent des seuils insoupçonnables. Sans vraiment savoir si cette «nationalisation des staffs» offre cette perche de salut à nos sélections et, de manière globale, à notre football national.