Le rendez-vous proposé par «Houna Qassentina» avec le Commandant Azzedine a largement tenu ses promesses qui aura, notamment, proposé des éclairages inédits sur les débuts de la guerre de libération nationale. Inscrite au programme du «Forum constantinois», l'invitation du Commandant Azzedine – tout comme celle de Nasser Boudiaf reportée à une date ultérieure — traduit la volonté des promoteurs de «Houna Qassentina» de contribuer à la commémoration du 1er novembre 1954 et d'ouvrir la manifestation aux grands symboles de la mémoire collective. C'était ainsi au tour du palais de la culture Malek-Haddad d'accueillir «Houna Qassentina» dans sa seconde salle par ailleurs familière aux amis de «Numidi'Art» co-organisatrice de la manifestation. Le public présent aura été particulièrement sensible aux propos d'ouverture du Commandant Azzedine, hommage appuyé et documenté à Constantine, «la ville des aigles» qui, usant de la liberté accordée par les animateurs de «Houna Qassentina», a fait le choix de la difficulté en revenant sur l'un des aspects les plus méconnus de la formation des maquis de l'ALN, celui qu'il identifie comme celui de «la pénétration». Comment, en effet, s'implante un maquis dans une dechra vivant souvent en autarcie, comment informer, convaincre, mobiliser, comment s'établir et enfin se mettre en position de combat ? S'il s'exprime, sans surprise, avec passion et une pointe d'émotion, le Commandant Azzedine, qui rejoint en mars 1955 la zone 1 de la wilaya iv du Centre algérois, détaille de manière concise les étapes de l'établissement du maquis, l'évolution des contacts avec les populations et de dispositions inattendues : «Nous leur demandions aussi de tuer leurs chiens qui pouvaient signaler notre présence.» Durant près d'une heure et demie, le Commandant Azzedine, qui avait d'ailleurs invité le public à «abuser de sa présence», déroulera la geste d'une résistance populaire dont la clé de voûte aura été, a-t-il asséné avec force, «la solidarité». Tout au long d'une intervention marquée au coin de la proximité, le Commandant Azzedine mettra en avant la qualité, l'engagement de ses compagnons de combat comme le commandant Ali Khodja, organisateur du fameux groupe d'élite de l'ALN de la wilaya iv, ou encore du commandant Lakhdar qu'il pleure encore aujourd'hui. Le public attentif aura en tout cas su s'approcher des différentes vies du Commandant Azzedine en l'interpellant sur les multiples séquences de ses engagements. Ainsi, il reviendra de manière détaillée et émue sur les figures de Ali Khodja, Lakhdar exposant la philosophie du combat du commando «frapper, prendre les armes, se tirer» ou encore la différence de situation et d'enjeux entre l'embuscade et l'accrochage. Il éclairera notamment les attendus de l'historique embuscade de Palestro du 18 mai 1956 qui avait provoqué un choc sans précédent au sein de l'opinion française en raison de l'importance des pertes – vingt et six appelés — et que le commandant Ali Khodja avait montée en réponse à la sauvage répression du douar de Djerah. De l'évasion de Tablat à sa position de membre du conseil national de la révolution algérienne – CNRA — puis de l'état-major général de l'ALN, le Commandant Azzedine n'éludera aucune question et celle de la formation de la seconde zone autonome d'Alger – janvier 1962 (juillet 1962 – y occupera une place de choix. De son retour à Alger, à sa demande, avec le commandant Moussa aux négociations FLN/OAS de juin 1962 — «Nous n'y avions pas participé», précise-t-il — à l'offensive du 14 main 1962 contre les fiefs de l'OAS, c'est une page décisive de la fin de la guerre de Libération nationale qui est revisitée. «Notre mission était de protéger l'application des accords d'Evian», dira le Commandant Azzedine. Les débats auront aussi été enrichis par les interventions pertinentes de Boukhalfa Amazit, journaliste, scénariste, connu pour ses travaux sur la guerre de Libération nationale, proche du Commandant Azzedine. Les promoteurs de «Houna Qassentina», qui ne cachaient pas leur satisfaction devant cette brillante validation du concept de «Forum de Constantine», n'ont pas manqué de rappeler les prochains rendez-vous de novembre avec la réception par «Les Zinzins» de l'architecte urbaniste Noureddine Khafi et l'éminent spécialiste du patrimoine Abderrahmane Khelifa pour un forum consacré aux origines de Cirta.