L'opération «L'Oiseau bleue» sera revisitée samedi prochain à l'occasion d'un colloque qui traitera de son apport à la glorieuse révolution de novembre 1954. La manifestation, initiée par la fondation Colonel Amirouche, en étroite collaboration avec le comité d'Aït-Salah, village de la commune de Bouzeguène, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, reviendra sur cette opération fomentée par l'administration coloniale à l'effet de pacifier l'Algérie en démarrant de la Kabylie. Le plan consistait tout simplement à mettre sur pied un troisième acteur armé dans les maquis en vue de contrecarrer l'action révolutionnaire de la glorieuse Armée de libération nationale (ALN). Un plan que Ahmed Zaidat, Tahar Abchiche et Mohamed Yazouren, que les services de renseignements de Jacques Soustelle ont déniché pour son exécution ont «perverti» en le mettant au profit de la révolution. Comment ? Le trio avait, pour ce faire, recruté à l'automne 1955, près de trois cents soldats (270 plus exactement) parmi des «Kabyles propres» des régions d'Azazga, Azeffoun, Ath-Zmenzer, Tigzirt et Iflissen, notamment et qui ont bénéficié d'un encadrement militaire et d'armes dont ils devaient user pour liquider l'ALN d'abord en Kabylie, puis dans le reste du pays. Ceci, bien entendu, après l'accord de Belkacem Krim et de Saïd Mohammed, les responsables de la Kabylie. Et ce beau monde, au lieu de s'adonner à la «mission» qui lui a été confiée, ont procédé de manière tout à fait opposée, en liquidant tous les ennemis de la révolution, qu'ils soient parmi les membres des forces coloniales ou leurs supplétifs locaux, récupérant, au passage, leurs armes. Et malgré sa réussite, les participants au congrès de la Soummam avaient décidé de mettre fin à cette «manigance» au risque d'être éventé par l'administration coloniale. Ce qui, d'ailleurs, et fort malheureusement, finira par advenir puisque nombre de ces «doubles agents», en rassemblement dans un endroit situé entre Aghribs et Azeffoun ont péri, surpris par la soldatesque coloniale qui a usé, pour la première fois, de bombardement à partir de ses navires de guerre. Seulement, et ce qui devra certainement être évoqué ce samedi, lors de ce colloque, est le cas de l'un des acteurs de cette épopée, Tahar Achiche, déchu de sa qualité de martyr en 1967. Ce que plus d'un n'arrive pas à comprendre, se fiant à nombre de faits et de témoignages à propos de cet héros renié. Se fiant au journal El Moudjahid de l'époque qui retrace dans le moindre détail cette opération, avec les noms et prénoms de tous ceux qui y ont pris part, avec mention des armes qui leur ont été remises, dans lequel Tahar Achiche et ses deux camarades Ahmed Zaidat et Mohammed Yazouren sont qualifiés de responsables clandestins du FLN. Ces voix se réfèrent également aux témoignages d'illustres personnages comme M'hamed Youcefi, officier du MALG et tout premier directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), qui, dans son livre, «Les otages de la liberté» écrit sur la base d'un riche fonds documentaire ou Mohand Saïd Chekini dans son ouvrage «Un rebelle dans la ville, Azazga» ou encore un tout récent témoignage poignant de Ali-Yahia Abdennour. Ceux-ci ont évoqué en des termes fort élogieux cet ancien cadre du PPA-MTLD de la région de Sidi-Moussa, à la périphérie d'Alger où il était à cette époque commerçant.