Les opticiens-lunetiers tirent la sonnette d'alarme au sujet des lunetiers et des artisans lunetiers qui se sont permis d'exercer le métier d'opticien. Selon eux, cette «anarchie» qui sévit sur le marché n'est pas sans conséquences fâcheuses sur la santé (vue) des Algériens. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La question de la confusion entre les métiers d'opticien-lunetier, de lunetier et d'artisan lunetier a été soulevée avec acuité hier, en marge du deuxième jour du 11e Salon international de l'optique et de la lunetterie (SIOL), tenu au Centre international de conférences (CIC) à Alger. «Les premiers disposent d'un diplôme d'Etat d'opticien-lunetier en optométrie et dépendent du ministère de la Santé, les seconds sont attributaires d'un registre de commerce pour vente de lunettes non-optiques et les troisièmes font la réparation des lunettes», nous a expliqué Eisam Dib, opticien-lunetier et président de l'Association des opticiens-lunetiers agréés de Tlemcen. Selon lui, les lunetiers et les artisans lunetiers se permettent d'exercer le travail de l'opticien-lunetier mettant de côté les conséquences d'une mauvaise adaptation en verres. «Les opticiens touchent même aux lentilles de contact et utilisent le cachet d'opticien-lunetier», déplore-t-il. D'ailleurs, précise-t-il, «ils font tout pour que les gens ne distinguent pas entre les trois spécialités». Dénonçant le silence des pouvoirs publics, l'Association des opticiens-lunetiers agréés de Tlemcen a pris l'initiative de mettre en place un logo typique aux opticiens-lunetiers. «Ce logo est affiché sur les enseignes et apposé même sur les cachets humides de l'opticien-lunetier. C'est la seule alternative pour se distinguer des deux autres métiers», dira Eisam Dib. De son côté, Rachid Hessas, directeur général de RH International Communication et organisateur du SIOL, estime qu'il y aurait en Algérie, 1 365 opticiens agréés et 1 200 opticiens non-agréés. Il a évoqué, également, le problème de la contrefaçon de verre et de lentilles. «Qui peut aujourd'hui contrôler le verre optique et le certifier ?» s'interroge-t-il. Selon lui, l'Association nationale des opticiens-lunetiers qui envisage de mettre de l'ordre dans le secteur existe mais attend toujours son agrément. Seulement, poursuit-il, «sera-t-elle capable de mettre de l'ordre dans ce désordre ? Et dispose-t-elle des moyens pour le faire et assurer le contrôle ?» Organisée du 2 au 4 novembre, la 11e édition du Salon de l'optique et de la lunetterie a été placée sous le signe de «l'information et de la formation». A cet effet, Rachid Hessas a insisté sur la formation des opticiens-lunetiers. Pour lui, il est question de sensibiliser les opticiens à la nécessité de s'organiser et de hisser leur niveau afin de refléter leurs compétences. «Aujourd'hui, nous sommes capables de concurrencer avec ce qui se fait en Europe car nous en avons les capacités et les moyens», dit-il. Ce rendez-vous annuel a regroupé près d'une quarantaine d'exposants notamment des importateurs, des représentants de laboratoires et de firmes étrangères, et des fabricants de verres. «Notre objectif est de pousser des représentants de marques à attirer les firmes qu'ils représentent pour qu'elles investissent chez nous afin d'éviter que l'Algérie devienne un comptoir commercial», dit-il. Aujourd'hui, l'organisateur du SIOL ambitionne la création d'un salon maghrébin qui réunirait les Marocains, Tunisiens et Algériens.