A Bouira et contrairement aux élections précédentes où la configuration sociologique de la wilaya a toujours prévalu avec les partis d'opposition, à savoir le RCD et le FFS, dans la région Est de la wilaya, région traditionnellement rebelle, d'un côté, et de l'autre, la région arabophone, avec les partis du pouvoir, le FLN et le RND, qui se sont toujours partagé le restant des APC, avec une présence timide du FFS qui fait dans la résistance dans ces régions. Ainsi, selon les résultats finaux qui nous ont été transmis hier matin, les deux partis au pouvoir, le FLN et le RND, raflent, à eux deux, pas moins de 34 APC sur les 45 communes de la wilaya, et 29 sièges sur les 43 de l'APW. Des chiffres qui renseignent sur le changement de mentalité chez les citoyens, surtout quand on voit, par exemple, la daïra de Haïzer, fief de la protesta et traditionnel réservoir du RCD, voter pour le FLN au niveau des deux communes ; ou encore la daïra de Bechloul qui était, dans un passé récent, acquise au RCD et au FFS, voter en gros pour le RND avec quatre APC sur cinq, et la daïra de Bouira où le RND sort vainqueur avec trois APC sur trois. Des daïras où le RCD, pas très longtemps, des APC avec des majorités absolues comme El-Esnam, Bechloul, Ahl-Ksar ou encore Haïzer. Aussi, à voir les résultats, il y a lieu de noter l'avancée du FLN dans la daïra de Haïzer et du RND dans celles de Bechloul et Bouira, poussant surtout le RCD dans ses derniers retranchements, dans la daïra de M'chédallah avec deux APC, Aghbalou et Ath-Mansour, en net recul par rapport à 2012 où il avait eu 5 APC, dont Haïzer et El-Esnam ; alors que le FFS continue à résister en arrachant, outre trois APC dans la daïra de M'chédallah dont le chef-lieu qui était entre les mains du RCD depuis 2005, Saharidj que le FFS gérera pour le première fois ainsi que Chorfa arrachée des mains du RCD. Outre ses communes situées dans la région berbérophone, avec celle d'Ouled-Rached dans la daïra de Bechloul, le FFS a réussi à maintenir son implantation dans la région nord-ouest, dans la daïra de Lakhdaria avec la commune de Bouderbala, alors que dans la daïra de Kadiria, l'APC d'Aomar lui a échappée de justesse acquise par le RND avec une différence d'un siège, 9 pour le RND et 8 sièges pour le FFS. Dans les autres daïras, les deux partis au pouvoir sont au coude-à-coude, avec des APC passant du FLN au RND et vis versa, avec, parfois, les mêmes têtes comme c'est le cas de l'APC de Aïn-Bessem qui était, durant les législatures de 1997-2007, entre les mains du FLN conduite par Nouri Mohamed et actuellement gagnée par le RND mais avec le même personnage qui est passé du FLN au RND ; ou l'APC de Bouira qui était entre 2002 et 2012 gérée par le FLN avec Larbi Mohamed et qui est actuellement revenue au RND mais avec le même Larbi Mohamed qui est passé, depuis, du FLN au RND. Pour l'APW, seul le parti d'Amar Ghoul a créé la surprise en faisant son entrée avec 5 sièges, alors que les autres sièges, les 38 restants sont partagés par le FLN avec 14 sièges ; le RND 13 ; le FFS 6 et le RCD 5 sièges. C'est-à-dire avec une certaine logique quand ont sait que pour les APC, le FLN et le RND ont raflé la mise avec 34 APC, 17 chacun ; suivis du FFS avec 5 APC, le RCD avec deux APC, et, enfin, avec un seule APC, il y a le MEN à Sour-el-Ghozlane, le MPA à Lakhdaria, le FAN à Boukram et le PFJ à Ahnif. Concernant le taux de participation, celui-ci a été jugé acceptable avec 43,02% pour les APC et 37.95% pour l'APW, mais des anomalies et échauffourées il y en avait certaines en cette journée de jeudi. A commencer par cette histoire du vote des corps constitués ou, pour dire vrai, des militaires à Haïzer. Il était un peu plus de 9 heures quand des représentants de certains candidats se sont élevés contre l'arrivée en groupes importants de militaires pour voter dans le centre de vote Amzil situé au centre-ville de Haïzer. D'après certains candidats, dans le fichier électoral, il était fait état de la présence de moins de 70 militaires et autres gendarmes, résidant dans la commune et, donc, inscrits sur la liste électorale alors que plus de 1 400 militaires existants sur le territoire de la commune ont envoyé leurs procurations vers leurs communes de résidence. Lors de notre arrivée sur les lieux aux environs de 10 heures, la tension était perceptible et le chef de daïra, qui était en pourparlers avec les représentants des partis en lice, essayait de trouver une solution à ce problème. Les uns expliquaient que seuls les militaires résidents étaient venus voter, les autres, surtout les représentants des candidats qui étaient dans les bureaux de vote, affirmaient le contraire et criaient dans la cour du centre qu'ils sont des centaines de militaires à être portés sur les registres. Finalement, le chef de daïra s'est entendu avec les candidats qu'aucun militaire ne viendrait voter durant la journée et à partir de là, l'opération de vote pouvait reprendre après un arrêt de plus d'une heure. Il faut dire que beaucoup de candidats, surtout ceux du FFS et du RCD, mais également la majorité des citoyens rencontrés sur place, étaient convaincus que les militaires allaient fausser les résultats du vote puisque traditionnellement les militaires et les gendarmes votent FLN ou RND... D'ailleurs, dans la soirée, après le dépouillement, ce fut le FLN qui avait gagné. C'est dire... Après l'épisode de Haïzer, alors que dans presque toutes les communes, l'opération de vote se déroulait dans le calme, une tentative de saccage des urnes a été signalée à Raffour, dans la commune de M'chédallah. Un jeune a saccagé une urne de l'APW, avant d'être maîtrisé par des citoyens qui l'ont livré à la police. Il est vrai que dans le village de Raffour, où plus de 7 000 voix étaient en jeu pour une APC de M'chédallah avec ses 20 000 inscrits, saccager les urnes du centre pouvait faire balancer les résultats du vote complètement d'un parti à un autre facilement. D'ailleurs, au soir de ce jeudi, après dépouillement, ce sont les résultats de ce centre qui furent déterminants dans les résultats finaux avec la liste du FFS dont le candidat tête de liste du FFS est natif du village, qui réussira à détrôner son rival de toujours, le RCD, après un règne de trois mandats successifs. Ce sont là les principaux événements qui ont marqué la journée de ce jeudi, où les gens ont voté, peut-être pour la première fois depuis l'ouverture démocratique, dans une telle ambiance et une telle sérénité. Mais avec parfois certaines remarques émanant des candidats qui se plaignaient de ce que des citoyens n'ont pu voter car n'ayant pas trouvé leurs noms sur les listes électorales comme à Bouira, où, selon le candidat du FLN, des centaines, près de 300 selon lui, de citoyens se sont plaints auprès du FLN de ce que leurs noms ne figuraient pas sur les listes électorales. Voilà, en somme, la genèse d'une élection locale passée dans le calme pour la première fois depuis les événements du Printemps noir 2001 dans la wilaya de Bouira. Place au travail et, avant cela, aux alliances pour former des majorités, qui devront penser à l'intérêt du citoyen.