Le projet «sérieusement envisagé» de transférer l'ambassade des Etats-Unis à El Qods continue de susciter des réactions parmi les Palestiniens qui mettent en garde contre «une nouvelle Intifadha» ce qui compromettrait le processus de paix au Moyen-Orient. Sur le plan international, des appels ont été lancés pour le respect du consensus international portant le statut du troisième lieu saint de l'islam. Selon des médias américains, le président américain Donald Trump prononcera mercredi 6 décembre un discours dans lequel il annoncera la reconnaissance d' El Qods comme «la capitale d'Israël» et le déménagement de l'ambassade américaine à El Qods. M. Trump avait promis durant sa campagne électorale en 2016 de transférer l'ambassade américaine à El Qods avant de revoir sa carte en juin : «Je veux donner sa chance» au processus de paix «avant de déménager l'ambassade à El Qods». Pour rappel, une loi du Congrès américain adoptée en 1995 stipule que la représentation diplomatique de Washington en Israël doit se trouver à El Qods. Mais, depuis deux décennies, une clause dérogatoire, signée tous les six mois par tous les présidents américains successifs, permet à l'exécutif américain de bloquer son application. La prochaine échéance intervient lundi, selon le département d'Etat américain qui a réaffirmé vendredi qu'aucune décision n'avait été prise. Mercredi dernier, la Maison Blanche avait jugé prématurées des informations selon lesquelles Washington s'apprêtait à annoncer le transfert à El Qods. Mais le vice-président américain, Mike Pence qui ira à El Qods mi-décembre, a réaffirmé cette semaine que le transfert était «sérieusement envisagé». Aussitôt informée, l'Organisation de la libération de la Palestine (OLP) a mis en garde les Etats-Unis contre toute idée de transférer leur ambassade à El Qods occupée. «Une telle décision déstabiliserait la région toute entière, détruirait le processus de paix, disqualifierait les Etats-Unis de leur rôle» dans la région, a déclaré Hanane Achraoui, membre du comité exécutif de l'OLP, ajoutant : «J'espère que personne ne prendra une telle décision, ceci serait extrêmement irresponsable et dangereux.» Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien, Mahmoud Abbas, avait également estimé vendredi que ce serait «dangereux pour l'avenir du processus de paix et plongerait la région dans (...) l'instabilité». Pour lui, «toute solution au conflit doit passer par la reconnaissance d'El Qods-Est comme capitale d'un futur Etat palestinien indépendant». La présidence palestinienne met en garde contre «les effets destructeurs» qu'aurait toute initiative déniant aux Palestiniens la perspective de faire d' Al Qods-Est la capitale de l'Etat. «Toute solution juste au Moyen-Orient passerait par la reconnaissance d'Al Qods-Est comme capitale d'un futur Etat palestinien indépendant», a déclaré Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président Mahmoud Abbas. «C'est par Al Qods-Est, avec ses sites sacrés, que commence et s'achève toute solution ou tout projet qui puisse sauver la région de la destruction», a-t-il souligné dans un communiqué. De son côté, le mouvement de résistance, Hamas, menace «de raviver l'intifadha» si les Etats-Unis reconnaissent El Qods comme capitale d'Israël ou décident d'un transfert de leur ambassade. «Ce complot ne passera pas, nous vous mettons en garde contre toute décision en ce sens et nous appelons notre peuple à raviver l'Intifadha au cas où des décisions injustes sont prises concernant El Qods», a indiqué le mouvement dans un communiqué. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Abou El Ghied, qui a exprimé son inquiétude concernant le projet américain, dit «suivre l'évolution de la question avec attention et y voit ‘'une démarche'' pouvant avoir des conséquences importantes sur l'état politique actuel et sur la situation sécuritaire aussi bien dans la région que dans le monde», avant de poursuivre : «Un tel pas ne favorise pas le processus de paix et risque d'alimenter l'extrémisme et d'encourager le recours à la violence». Il a, à ce titre, fait état de contacts entre le gouvernement palestinien et des Etats arabes en vue de coordonner la position arabe à l'égard de la question. Par ailleurs, des dirigeants d'Etats, dont le roi Abdallah de Jordanie et le président turc Reccep Tayip Erdogan examinaient avec le président palestinien Mahmoud Abbas l'évolution de la situation dans la région. Le président Erdogan a insisté dans ce sens sur le respect du droit international et les résolutions des Nations-Unies. La communauté internationale n'a jamais reconnu El Qods comme capitale d'Israël, ni l'annexion de sa partie orientale conquise en 1967 et considère que le statut final de la ville devra être négocié.