Pour arriver � Iwaryachen (Ouriacha est le nom h�rit� du colonisateur) � 988 m�tres d'altitude, il est n�cessaire d'escalader les 13 km du CW 107 (La�ziv-Timezrit) que les derni�res intemp�ries ont rendu pratiquement impraticables. A cette difficult� due en partie � l'homme et aux machines utilis�es pour d�blayer la neige, s'ajoute celle de la nature : une pente abrupte. Au bout du voyage, le silence des montagnes procure un apaisement qui contraste avec la r�putation que les hordes du GSPC ont coll�e, par leurs agissements, au massif montagneux de Sidi-Ali-Bounab. Quelques pas � travers les tombes du cimeti�re des Bahiri, Ba�che et les Baci et on aboutit � une pointe de cr�te. A l'horizon l'imposant Djurdjura d�ploie sa magnificence et veille sur la Kabylie. En d�pit de cette l�g�re brume printani�re, la vue est sublime. "Mon pays est comme des colliers sur des montagnes", disait A�t-Menguellet. Au niveau de Tadjma�th, au centre de Iwaryachen, � quelques pas de Thala N'zerezrine, nous nous retrouvons avec les membres du comit� du village � leur t�te M. Sahnoun Djamel. Ce qui singularise ce comit� par rapport � ceux qu'on rencontre habituellement c'est la jeunesse de ses membres. "La trentaine en moyenne", nous dit le pr�sident. Cependant, nous avons �t� accueillis avec l'hospitalit� et la sagesse l�gendaires de la Kabylie. Le groupe s'�branle � travers les chemins �troits du village o� circulent tranquillement hommes et femmes qui ne manquent pas de se saluer � chaque rencontre. A hauteur des maisons anciennes, qui constituent si elles �taient sauvegard�es un patrimoine inestimable, nos guides abordent les probl�mes du village. "Pr�cis�ment, la question qui inqui�te notre communaut� se rapporte au transfert du projet de 40 logements ruraux en aide � l'auto-construction." Vu la pauvret� de la localit�, rares seraient ceux qui pourraient b�n�ficier de cette formule et terminer la construction. "Cette formule tra�ne depuis des d�cennies et ses r�sultats sont invisibles dans la r�gion." Le comit� qui est dispos� � c�der le terrain du village dont la viabilisation est, selon nos vis-�-vis, ais�e et moins co�teuse, insiste pour le maintien de ce projet de 40 logements ruraux au d�part et qui sera suivi, selon eux, de 80 autres. "Pour encourager nos concitoyens � demeurer dans leur village", nous assure un membre du comit�. A ce propos, le ministre de l'Habitat et de la Construction avait, lors de sa visite dans la wilaya de Boumerd�s, la veille de notre passage dans la localit�, pratiquement mis en demeure les responsables de lancer massivement la construction de logements afin de concr�tiser l'engagement du gouvernement concernant la livraison des 1.000.000 de logements avant la fin 2009. Les membres de Tadjema�th de Iwaryachen esp�rent que les d�cisions locales ne d�mentiraient pas celles de l'Etat. En face des maisons, un chemin lac�re Aghouni L'khoukh. Quelques villas longent ce chemin. Sont-elles occup�es ? Saisissant le sens de notre question, la r�ponse a �t� spontan�e et significative : "Mais bien s�r ! Notre village est depuis longtemps s�curis� ! Apr�s la r�sistance de nos a�euls contre le colonisateur, nous avons r�sist� contre l'int�grisme. En d�pit de notre isolement et de la pr�carit� dont nous souffrons � ce jour, aucun de nos jeunes n'est parti au maquis islamiste. Bien au contraire, nous sommes parmi les premiers dans la wilaya � avoir pris les armes. Nous r�sistons maintenant contre la pauvret�." A Aghouni, il est question de p�che. Or, s'agissant du PPDR (Projet de proximit� de d�veloppement rural), ils en ont entendu parler mais ils n'ont rien vu venir. Pourtant, leur commune La�ziv/Naciria est parmi le lot des localit�s choisies � titre de r�gions exp�rimentales � ce projet fort ambitieux pour lutter contre le ch�mage, la pauvret�, l'exode rural et les d�gradations environnementales. L'appel est donc lanc� aux services agricoles de la wilaya de Boumerd�s que dirige M. Djebbar qui s'est investi pour la r�ussite de ce programme. A Aghouni, la terre dont la superficie se compte par centaines d'hectares hautement fertiles est n�anmoins d�laiss�e faute de moyens, elle n'attend que des actions dans les domaines de l'arboriculture, l'apiculture, l'�levage... "L'ouverture des pistes sera un gage pour des r�sultats positifs garantis chez nous, parce que la terre est g�n�reuse et l'eau disponible." Concernant justement l'alimentation en eau potable, les villageois se montrent impatients quant � la promesse de l'am�nagement des quatre fontaines du village. "Le d�faut de canalisations fait qu'une grande quantit� se perd." Comme ils attendent, par ailleurs, l'ouverture de la salle de soins qui dispose d'un logement. Le pr�sident du comit� du village, qui est enseignant, nous relate le calvaire v�cu par les �l�ves de l'�cole primaire El Mokrani au moment des chutes de neige. "Lorsque vous voyez un enfant de 6 ans trembler de tous ses membres, il n'y a que la col�re pour exprimer l'indignation. De plus, les fen�tres des salles de classe ne se ferment pas et l'eau de pluie inonde la classe. L'�tablissement est d�pourvu d'eau pour l'hygi�ne des sanitaires." Quant aux coll�giens et lyc�ens qui n'ont pas la chance de prendre l'un des deux camions am�nag�s pour rejoindre leurs �tablissements � La�ziv, c'est un supplice "un bus pour le ramassage scolaire est une n�cessit� absolue", estime M. Sahnoun. A la force de dialogue et de persuasion, le comit� a su �liminer les risques de d�linquance parmi les jeunes d�sœuvr�s, notamment ceux qui seraient tent�s par la consommation des drogues et de l'alcool pour fuir un quotidien sans lendemain. "Apr�s avoir �t� r�habilit�e par la pr�c�dente APC et co�t� environ 150 millions de centimes � l'Etat, la maison de jeunes est abandonn�e depuis 2002. Un peu de mat�riel et la d�signation d'un gardien suffisent pour le moment pour la rendre utile aux jeunes", nous ont assur� les membres du comit� qui ajoutent qu'ils ont lanc� une section de karat� sans grands moyens mat�riels. En tout �tat de cause, ce n'est ni les id�es encore moins une farouche volont� de rendre un tant soit peu la vie � leurs 1300 concitoyens plus supportable qui manquent chez les 12 �lus de l'assembl�e du village. La conscience d'appartenir � une r�gion, � une nation est d'�tre � leur service n'est pas non plus absente chez eux. La construction d'une st�le comm�morative leur tient intens�ment � cœur. "Pour ne pas oublier les hommes qui se sont sacrifi�s" � l'exemple du chahid Mohamed Sahnoun, fils de Iwaryachen, tomb� au champ d'honneur en 1957 dans l'actuelle wilaya de M�d�a "pour l'Alg�rie avec le grade de commandant de l'ALN. Le m�me grade qu'avait, � l'�poque, feu pr�sident Boumedi�ne", tiennent � rappeler fi�rement ces jeunes montagnards.