Le 17 janvier 2001, le tribunal de Sidi M'hamed avait � examiner la plainte pour diffamation d�pos�e quelques mois auparavant par Ahmed Bena�cha, ��mir� de l'Ouest du bras arm� de l'ex-Fis. Apr�s un d�bat de plus de cinq heures, le minist�re public rejette la requ�te du plaignant parce que �infond�e�. Une d�cision salu�e par les applaudissements d'une immense foule venue ceinturer le Palais de justice Abane-Ramdane. Une enceinte o�, depuis ce proc�s in�dit, les journalistes, apparemment seuls d�fenseurs de la libert� d'expression, se retrouvent, chaque mardi, pour des proc�s pour diffamation, des d�lib�r�s. Tous les jours de la semaine, ils y sont pour des instructions. Un acharnement rendu possible, il faut le rappeler, depuis mai 2001, date � laquelle les �lus du peuple ont adopt� le nouveau code p�nal pr�sent� par Ahmed Ouyahia, alors ministre de la Justice et garde des Sceaux. Un texte de loi qui, rappelons- le, une fois encore consacre l'incarc�ration des journalistes et les amendes pour d�lits de presse. Depuis, les proc�s se suivent sans jamais se ressembler. Pourtant, les accusations sont toujours les m�mes, les d�bats quasiment identiques, comme les r�ponses des journalistes et les plaidoiries des avocats dont les clients sont accus�s qui de diffamation, qui d'insultes et injures, qui d'outrage et d'offense au chef de l'Etat. Le r�quisitoire en revanche qui se base toujours sur les articles 144 et 144 bis du code p�nal tient souvent compte de facteurs ext�rieurs. Ce qui fera dire � Khaled Bourayou que les �condamnations se font au forfait�. Et l'avocat sait de quoi il parle. Il nous est impossible d'�voquer ici toutes les affaires pour diffamation que �le club du mardi� du tribunal de Sidi M'Hamed ou les autres tribunaux du pays ont eu � traiter. Mais il nous est tr�s facile d'indiquer que le verdict d'un proc�s donn�, contre une publication donn�e refl�te la conjoncture politique du moment. C'est ainsi que le 25 janvier dernier le parquet demande � la surprise g�n�rale six mois de suspension du journal Le Soir d'Alg�rie, pour avoir publi� � la une une photo de la BDL, suite � un hold-up commis dans cette banque. Verdict : 2 mois avec sursis pour Fouad Boughanem et 1 million de dinars d'amende pour son journal. Un mois plus t�t, pour offense au chef de l'Etat, ce m�me parquet avait requis deux ans de prison ferme � l'encontre du directeur, du chroniqueur et d'un journaliste de cette m�me publication. Ils �s'en sortiront� avec une ann�e de prison avec sursis et 250 mille dinars d'amende. Ils seront condamn�s, dans d'autres affaires pour le m�me d�lit, � des peines d'emprisonnement avec sursis. Ce qui, apparemment, ne sied plus puisque mardi dernier, c'est � une peine d'emprisonnement ferme qu'ils ont �t� condamn�s. Verdict in�dit aussi que celui prononc� en d�cembre dernier � l'encontre d' El Khabar et d 'El Watan dans l'affaire qui les oppose au minist�re de l'Int�rieur suite � la publication d'une lettre de cadres de la DGSN qui d�noncent �la mauvaise gestion� de cette institution. Les deux publications ont �t� condamn�es � une amende de 30 millions de dinars, leurs directeurs et la journaliste � six mois de prison avec sursis. Les exemples ne s'arr�tent pas l�. Le directeur du Matin et quatre de ses journalistes ont �t� condamn�s � des peines allant de 2 � 3 mois de prison ferme dans les proc�s intent�s par le ministre de l'Energie et des Mines et l'homme d'affaires �mirati Al Shorafa, et ce, � la veille de l'examen par la cour d'Alger de la demande de mise en libert� provisoire introduite par Mohamed Benchicou pour raison de sant�. Requ�te rejet�e en d�pit de la mobilisation nationale et internationale pour la lib�ration de l'auteur de �Bouteflika, une imposture alg�rienne�. Mardi prochain, le tribunal d'Alger devrait rendre son verdict dans le proc�s du caricaturiste, du chroniqueur et de l'ex-directeur de Libert�. Pour outrage au pr�sident de la R�publique, le parquet a requis une ann�e de prison ferme � l'encontre des trois. Rappelons, enfin, que dans son dernier rapport de l'�tat des libert�s dans le monde, RSF a �pingl� l'Alg�rie o� l'on note un r�el recul des libert�s et un acharnement judiciaire sans pr�c�dent contre la profession. Faut-il rappeler que Mohamed Benchicou est en prison depuis le 14 juin 2004 et que Ahmed Bennaoum, directeur du journal r�gional Errai,y est depuis le 28 juillet de la m�me ann�e.