De notre envoy� sp�cial : Tarek Hafid A cheval entre les hauts plateaux et le d�sert, la wilaya de Laghouat rec�le d'importantes ressources agricoles, pastorales et touristiques. Laghouat, nouvelle �tape du tour d'Alg�rie des espaces ruraux qu'effectue Rachid Bena�ssa dans le cadre de l'application du Plan national de d�veloppement agricole et rural. Bienvenue � Sidi- Mekhlouf ! Toute la population masculine de cette grosse bourgade est devant le si�ge de l'APC pour accueillir, samedi matin, la d�l�gation minist�rielle venue d'Alger. Pasteurs et petits agriculteurs, les Makhloufis esp�rent beaucoup de la visite du ministre d�l�gu� charg� du D�veloppement rural, "le" ministre des 13 millions d'Alg�riens vivant hors des villes. Regroup�s face � Rachid Bena�ssa dans une salle de la mairie, les Makhloufis interpellent longuement le repr�sentant du gouvernement. Assis � ses c�t�s, le wali de Laghouat assiste au d�bat. En fait, Sidi-Mekhlouf ne diff�re en rien des autres communes rurales d'Alg�rie : ch�mage, absence de d�veloppement, male vie sont le lot quotidien de ces populations habitu�es — comme l'ensemble des Alg�riens d'ailleurs — � �tre assist�es par l'Etat. Rachid Bena�ssa prend le soin d'expliquer � ses interlocuteurs que le temps de l'Etat-providence est d�finitivement r�volu. Et surtout qu'il n'est pas venu � leur rencontre pour distribuer de l'argent. "Des m�canismes d'aide au d�veloppement sont � votre disposition. L'argent est � votre port�e pour peu qui vous ayez la volont� de vous en sortir", voici en deux phrases l'essentiel du message que Rachid Bena�ssa r�p�te depuis qu'il sillonne, avec son �quipe, les contr�es les plus recul�es d'Alg�rie pour pr�senter le Programme national de d�veloppement rural et agricole. Mais certains Makhloufis ne sont pas vraiment convaincus par les propos de ce responsable venu d'Alger qui leur demande d'"innover" pour "mettre en valeur les ressources existantes". Pourtant, � quelques encablures de l� , se situe un des exemples de r�ussite de ce programme. Bakhdache, douar coinc� entre des collines sablonneuses et un oued, revit depuis la r�fection d'une digue. Les eaux de la rivi�re sont r�cup�r�es par ce petit ouvrage et irriguent les 40 hectares de terres agricoles situ�es en contrebas. La mare qui s'est form�e en amont sert d'abreuvoir aux troupeaux. Un peu plus loin, 17 sources ont �t� r�habilit�es pour acheminer l'eau vers de petits jardins familiaux. Gr�ce � ce projet, les revenus des 56 m�nages sont pass�s de 30.000 dinars � 160. 000 dinars par an. Du haut de la digue, M. Faroukhi, un des membres de l'�quipe Bena�ssa, contemple le paysage. "Voici un cas concret de d�veloppement durable", dit-il sur un ton admiratif. Le cort�ge officiel s'�branle sur cette note d'optimisme. Direction El- Abadlia, un site qui n'�tait pas pr�vu dans le programme de cette visite. La population de ce gros bourg a r�cemment b�n�fici� d'un programme d'�lectrification rurale. Le comit� d'accueil est mixte : cavaliers en tenues traditionnelles mont�s sur d'�l�gants barbes et foule de contestataires. A peine descendus de voiture, le ministre et le wali sont vite pris � partie par la col�re citoyenne. R�clamations et dol�ances pleuvent sur fond de barouds festifs. La tension ne permet pas d'entamer le dialogue. La d�l�gation est oblig�e de repartir laissant derri�re elle ces nomades happ�s par l'urbanisation. L'un des objectifs de ce vaste programme de d�veloppement rural consiste justement � lutter contre l'exode rural. La s�cheresse qui s�vit depuis des ann�es sur les hauts plateaux a fait des pasteurs les premiers candidats � cet exode. Les �leveurs de b�tail exigent l'aide de l'Etat pour alimenter leurs troupeaux. Une revendication sans cesse r�it�r�e � l'adresse de Rachid Bena�ssa lors de cette visite � Laghouat. Le mouton alg�rien : un capital de 5 milliards de dollars L� encore, le ministre pr�cisera aux repr�sentants des mouwalines que les autorit�s ne pouvaient se permettre de subventionner des tonnes d'orge en absence de p�turage. Eux aussi auront droit � un cours particulier de d�veloppement durable. Mais de par leur statut de nomades, ces �leveurs ne peuvent pr�tendre � un cr�dit bancaire. Peu flexible, le syst�me bancaire ne peut prendre en charge ce type de cas. "Faites preuve d'innovation et cr�ez des cr�dits sp�ciaux pour les �leveurs. Le capital animal ovin est estim� � 5 milliards de dollars et d�gage chaque ann�e l'�quivalent de 2 milliards de dollars. Il existe en France le cr�dit d'honneur, pourquoi ne pas mettre en pratique des exp�riences similaires en analysant au pr�alable les risques", dira Rachid Bena�ssa au directeur de la BADR de Laghouat lors d'une rencontre avec les cadres de la wilaya. Le banquier et les repr�sentants des �leveurs d�cident de se revoir pour �tudier les "opportunit�s d'affaires". En attendant, les pasteurs pourront faire pa�tre leurs troupeaux sur les berges de l'oued M'zi. La digue construite sur cette rivi�re impr�visible permettra de d�river les crues sur une superficie de 800 hectares. Des ouvrages similaires, construits dans les wilayas de Djelfa et de Msila, ont permis de "cr�er" de nouveaux p�turages. A l'horizon 2010, pr�s de 3 000 infrastructures de ce type seront install�es sur les cours d'eau des hauts plateaux dans le cadre de la mise en œuvre de la strat�gie de d�veloppement rural durable. Mais contrairement � certaines id�es re�ues, cette strat�gie ne concerne pas uniquement l'aspect agricole. D'autres secteurs d'activit� sont appel�s � �tre d�velopp�s pour cr�er des richesses � partir de ressources locales. Le tourisme en fait partie. Le tourisme religieux pour le cas de la wilaya de Laghouat o� sont concentr�es d'importantes confr�ries. La zaou�a Tidjania de A�n-Madhi est, bien entendu, la plus importante d'entre elles. Les adeptes de la tarika de Sidi Ahmed Ben Mohammed Ben Al Mokhtar Al Tidjani se comptent par millions de par le monde, notamment en Afrique. Et ce n'est pas un hasard si les responsables actuels de cette confr�rie ont d�cid� de construire un h�tel haut standing � proximit� de la zaou�a. Dot� de 32 chambres et de 4 suites, cet �tablissement est actuellement en phase de finition. Un exemple que pourrait �galement suivre la zaou�a de Sidi-Bouzid, situ�e pr�s d'Aflou. Gravures rupestres, anciens villages berb�res et proximit� des villes du Sud sont autant d'atouts que rec�le cette wilaya. Aux Laghouatis de faire preuve d' "innovation" pour les mettre en valeur. T. H.