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26e SESSION PL�NI�RE DU CNES
"Tout va tr�s bien mais..."
Publié dans Le Soir d'Algérie le 03 - 07 - 2005

La 26�me session pl�ni�re du Conseil national �conomique et social (Cnes), pr�sid� depuis peu par un nouveau pr�sident en la personne de M. Mohamed Seghir Bab�s, s'ouvre aujourd'hui et se poursuivra demain au Palais des Nations, Club-des-Pins, � Alger. A l'ordre du jour de cette pl�ni�re, l'examen de cinq rapports relatifs � �la conjoncture �conomique et sociale du second semestre 2004�, �la pratique sportive scolaire et universitaire : l'urgence d'une relance�, �les politiques migratoires europ�ennes : quels enjeux�, �Regards sur la politique mon�taire en Alg�rie� et �El�ments de d�bat pour un pacte de croissance �.
CONJONCTURE GLOBALE DE 2004
Forte croissance des importations
La conjoncture du second semestre et de l'ann�e 2004 confirme �la bonne sant� retrouv�e de l'�conomie nationale�, selon le Cnes qui estime que �les bonnes performances r�alis�es en termes de croissance et de consolidation de la politique ext�rieure permettent d'envisager le moyen terme avec plus de s�r�nit�.
De bonnes pr�mices
Ainsi, l'�conomie alg�rienne a enregistr� une croissance soutenue de 5,2% globalement, de 6,2% hors-hydrocarbures et de 6,8% hors-hydrocarbures et hors agriculture. Une croissance tir�e principalement, indique le Cnes, par le BTP et les services, avec des taux de croissance par rapport � 2003, respectivement de 8% et de 7,7%. La croissance dans les autres secteurs d'activit�, �sans �tre aussi forte que celle du BTP et des services, est cependant d'un niveau appr�ciable�. La croissance agricole est �valu�e � hauteur de 3,1% en valeur ajout�e et 6,41% en termes de production brute. Dans le secteur industriel, la production a, tous secteurs juridiques confondus, augment� de 2,6% environ en pr�vision de cl�ture. N�anmoins, seul le secteur public industriel semble, d'apr�s l'instance consultative, �en difficult�s � renouer avec une croissance durable dans l'attente de r�formes structurelles qui tardent � �tre mises en place �. Dans le secteur des hydrocarbures, la hausse est estim�e � 0,9% en 2004 contre 8,3% en 2003. De m�me, le maintien � un niveau relativement �lev� des cours du brut a permis � notre pays d'accro�tre substantiellement ses r�serves de change qui ont atteint un montant de 43,1 milliards de dollars � fin 2004 (l'�quivalent de 28 mois d'importations), outre une balance commerciale exc�dentaire (13,51 milliards de dollars). Cela, avec un prix moyen de 38,7 dollars le baril au cours de l'ann�e 2004, les exportations d'hydrocarbures ayant enregistr� des recettes exceptionnelles de 31,5 milliards de dollars dont 17 milliards au second semestre 2004. Toutefois, le Cnes estime qu'un baril de p�trole maintenu � 50 dollars, m�me avec en th�orie un effet nul sur la parit� euro/dollar, n'est pas dans l'int�r�t de l‘Alg�rie, ne serait-ce qu'� cause de l'augmentation des prix des marchandises et produits d'importation tels que les produits agricoles, le ciment, les produits d'�quipements industriels.
Une situation financi�re positive
La balance des paiements a enregistr�, en 2004, un exc�dent de 9,1 milliards de dollars dont la grande partie a �t� r�alis�e au second semestre (6 milliards). Malgr� les fortes fluctuations du taux de change euro/dollar, notamment durant le second semestre 2003, le taux de change effectif r�el du dinar est demeur� stable, proche du point d'�quilibre, permettant d'amortir les effets des fluctuations des principales devises sur l'�quilibre de paiement gr�ce � la gestion prudente des r�serves de change. Avec un cours nominal dinar/dollar de 72,61 dinars � fin d�cembre 2004, le dinar s'appr�ciant, et un cours dinar/euro de 98,95 dinars en d�cembre 2004, refl�tant l'envol�e de la monnaie europ�enne par rapport au dollar. Concernant la dette ext�rieure, le Cnes constate l'am�lioration de sa soutenabilit�, avec un encours en baisse � 21,4 milliards de dollars, un ratio du service de la dette (hors remboursement anticip�) tomb� � 12,6% en 2004 et un ratio de la dette par rapport au PIB de 26,4% en 2004.
Le ch�mage demeure encore pr�occupant
Ce faisant, �l'�conomie reprend progressivement des rythmes croissants d'accumulation qui devraient permettre, avec l'am�lioration n�cessaire de l'efficacit� des investissements, d'apporter les r�ponses �conomiques appropri�es aux questions de cr�ation d'emplois et d'am�lioration des niveaux et conditions de vie des citoyens�. Selon le Cnes, �la tendance � la hausse des cours mondiaux du brut, surtout au cours du second semestre 2004, a influ� positivement sur les capacit�s d'�pargne de l'Etat et du Tr�sor public�. En effet, les recouvrements budg�taires ont fortement progress� gr�ce � l'am�lioration du produit de la fiscalit� p�troli�re ce qui a permis au Tr�sor d'accumuler une �pargne financi�re appr�ciable�. De m�me, la baisse significative du taux de ch�mage, au-del� des controverses sur les taux avanc�s qui varient entre 13% et 17%, voire 16,2%, est l'autre indicateur des progr�s r�alis�s par l'�conomie tout au long de ces derni�res ann�es avec la mise en œuvre du programme de soutien � la relance �conomique � moyen terme, fond� sur l'expansion des d�penses budg�taires. A ce propos, le Cnes constate, n�anmoins, que les cr�ations d'emplois �consacr�es comme objectif cardinal� sont domin�es par les emplois temporaires et saisonniers, le ch�mage � qui accuse un net recul en 2004, avec un nombre de 1,671 million de personnes selon l'ONS, reste encore pr�occupant par ses caract�ristiques, et sa r�partition sociale.
Forte croissance des importations
Cela �tant, l'une des caract�ristiques qui a marqu� la conjoncture de 2004 est �la forte croissance des importations �, soit 18,19 milliards de dollars dont 9,51 milliards de dollars au 2�me semestre 2004. Une hausse que le Cnes lie � la hausse des revenus et l'accumulation de capacit�s d'�pargne des m�nages, reprenant confiance, ainsi qu'au lancement de projets de d�veloppement par la d�pense publique. Cela �tant, le Cnes trouve �inqui�tant que la contrepartie �conomique des revenus semble de plus en plus fl�chir et que la prestation de services ext�rieurs devient de plus en plus pesante�. Cela, avec 4,2 milliards de dollars d'importations de services, en 2004, une hausse des importations de produits alimentaires, avec un montant de 2,1 milliards de dollars d'importations de c�r�ales, semoules, farines et laits, 3,6 milliards de dollars pour les biens de consommation alimentaires, s'accroissant de pr�s de 20% sur un an, outre un volume de 968 millions de dollars d'importations de m�dicaments et produits v�t�rinaires. Le Cnes qui souligne, r�it�ratif, la corr�lation entre l'am�lioration des rentr�es en devises et la tendance haussi�re des niveaux d'importations des marchandises et des services. Le rapport de proportionnalit� entre le taux de croissance du PIB en 2004 et celui des importations devrait attirer l'attention des pouvoirs publics.
Mais aussi la pouss�e de l'inflation
Apr�s avoir marqu� une tendance � la baisse de 0,32% en 2000 et 1,42% en 2002, l'inflation enregistre cette ann�e une hausse de 3,6% pour la ville d'Alger et 4,6% au niveau national. Un �cart de hausse de prix entre Alger et le niveau national qui vient rappeler le risque important d'une tension inflationniste brusque dans une situation de surliquidit� des banques et d'un niveau important de cr�ation mon�taire. Concernant les produits alimentaires, notamment les produits agricoles, cette hausse des prix tend �� s'alimenter � la fois par la hausse de la demande que par la rigidit� de l'offre nationale � et a �t� en partie r�prim�e par l'accroissement du volume des importations et, accessoirement, par la r�duction du taux de DAP. Cependant, ce rench�rissement �contredit la th�se que dans une �conomie ouverte de march�, l'alimentation serait bon march�. Conjugu� avec la reprise de l'inflation, cette situation pourrait entra�ner de nouveaux ajustements au d�triment des acteurs sociaux. L'autre pr�occupation ayant trait aux incidences de l'augmentation rapide des d�penses publiques et la soutenabilit� des �quilibres budg�taires sur le moyen terme. Une question (qui) concerne aussi bien les d�penses r�currentes de l'Etat que la capacit� des pouvoirs publics � prolonger les efforts au niveau budg�taire pour soutenir la cr�ation d'emploi. A ce propos, le Cnes ass�ne que �la mise en place du Fonds de r�gulation des recettes, pour avis�e qu'elle soit, ne devrait pas occulter la r�flexion autour de ces importantes questions.
Les autres faiblesses de l'�conomie nationale
Toutefois, l'�conomie nationale continue, d'apr�s le Cnes, �de souffrir de multiples faiblesses dont celle des investissements productifs et cr�ateurs de richesses et celle des moyens de r�alisation�. La probl�matique de l'emploi s'inscrit dans cette contrainte � g�n�rer des richesses, ce qui n�cessite d'actionner d'autres m�canismes au niveau des politiques. En somme, le panorama de l'�conomie nationale �reste toutefois paradoxal entre une aisance financi�re in�gal�e, avec une quantit� importante de ressources oisives, et une indigence des instruments de programmation, une panne des projets bancables et une pauvret� frappante sur le plan entrepreneurial�. De plus, il se pose, pour le Cnes, �un probl�me g�n�ral de coh�rence du syst�me �conomique et des appuis sur lesquels il repose � la fois au niveau des incitations, des remembrements, des articulations, des phasages, des parit�s, …. �. La perspective d'une �conomie fortement atomis�e, sans structures stables et sans rep�res, fait craindre, pour cette instance, �un avenir livr� � toutes les incertitudes�. L'�conomie de march� dont la construction tant esp�r�e au niveau des pratiques et des m�canismes reste encore absente. Cela, tout en affirmant que �la mise en œuvre du plan de consolidation de la croissance doit donner un essor d�cisif � l'�conomie nationale. Dans ce contexte, les r�formes qui n'avancent pas suffisamment peuvent jouer en tant que facteurs de blocage de l'�conomie nationale vis-�-vis des questions de modernisation et de mise � niveau et vis-�-vis des m�canismes de propagation de la croissance�. Ch�rif Bennaceur
JUGEANT LA CROISSANCE ENCORE INSUFFISANTE
Le Cnes r�affirme la n�cessit� du Pacte de croissance
La croissance en Alg�rie reste encore insuffisante, selon le Cnes, pour r�pondre aux nouveaux besoins li�s � l'accroissement de la population, combler les d�ficits sociaux et les in�galit�s accumul�es et satisfaire les nouvelles aspirations dues � l'ouverture sur les mod�les de consommation des pays d�velopp�s. Cela, malgr� les progr�s enregistr�s, les diff�rentes r�formes mises en œuvre et les am�liorations observ�es au cours de ces deux derni�res ann�es, les caract�ristiques structurelles de la croissance ainsi que les conditions dans lesquelles elle se cr�e et �volue laissant intactes les inqui�tudes li�es � sa dur�e, � son irr�versibilit�, � ses capacit�s de s'auto-entretenir et de contribuer aux mutations sectorielles en faveur de l'industrie. Et le Cnes de relever notamment que 177 communes regroupant 1 569 637 habitants (recensement g�n�ral de 1998) avaient �t� class�es pauvres et 46 d'entre elles avec 410 407 habitants cumulaient les caract�ristiques extr�mes. D'o�, le Cnes, r�it�ratif et convaincu de pouvoir constituer un terrain d'expression idoine pour appeler � un pacte �conomique et social �autour d'un objectif de croissance soutenue, fond�e sur le travail productif et dont les retomb�es seraient plus �quitables�. Ch�rif Bennaceur
LE DIAGNOSTIC DU CNES SUR LA POLITIQUE MON�TAIRE
La d�marche p�tit de restrictions et du conservatisme
Selon le Cnes, �la politique mon�taire a �t� conduite de mani�re relativement autonome, en particulier � partir des ann�es 2000/2001. Ainsi, les r�sultats obtenus en mati�re de contr�le de l'inflation sont largement satisfaisants, sans que l'on puisse les attribuer, pour autant, � la seule politique mon�taire�. Toutefois, le caract�re restrictif de la politique mon�taire est, selon l'instance consultative, significativement favoris� par le �rationnement du cr�dit qui caract�rise le comportement des banques et touche tout particuli�rement les PME-PMI�. Ainsi, l'importance du ch�mage, l'atonie de cr�dits et la relative fragilit� de la croissance �conomique �ne semblent pas �mouvoir, outre mesure, la politique mon�taire dont le r�le s'est r�duit, depuis 2001, � la st�rilisation des surliquidit�s (673 milliards de dinars de d�p�ts bancaires aupr�s de la Banque d'Alg�rie en 2004), au moyen, principalement, des reprises des liquidit�s� et secondairement des �r�serves obligataires�. En somme, la politique mon�taire, loin de �tout conservatisme �triqu�, doit ��tre particuli�rement active pour permettre un meilleur usage des ressources mon�taires dont la majeure partie provient de la mon�tisation des recettes d'exportation d'hydrocarbures�. Soit, stopper le ph�nom�ne du �syndrome hollandais� tr�s actif dans notre �conomie �� en juger par le d�veloppement continu du secteur des hydrocarbures et le recul tout aussi continu des autres secteurs en particulier l'industrie�. D'autre part, faut-il attendre, ass�ne le Cnes, pour ouvrir le guichet du change � terme, jusqu'� ce que l'�conomie nationale soit suffisamment diversifi�e pour permettre aux banques de d�tenir une tr�sorerie devise suffisante ? Ch�rif Bennaceur


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