Par Hassane Zerrouky C�est hier, mercredi, qu�expirait l�ultimatum fix� par Ariel Sharon aux colons pour quitter les 21 colonies de Gaza. Ces derniers, reconnaissables � leur kippa et � leur barbe non taill�e, font de la �r�sistance � dans les colonies du Goush Katif, situ�es au sud de Gaza. L�un de ces rabbins barbus a conduit une pri�re dans le cimeti�re local pour demander aux morts d�interc�der en leur faveur aupr�s de Dieu ! Reste que si les morts ne peuvent entendre les vivants et encore moins se faire les facteurs aupr�s de Dieu, l� o� le religieux fait irruption dans le politique, l�irrationnel devient une r�gle. Car pour ces fous de Dieu � la sauce isra�lienne, Gaza, tout comme la Cisjordanie, est une terre sacr�e accord�e par Dieu au �peuple �lu�. Cela dit, Ariel Sharon n�est pas du genre � faire des cadeaux aux Arabes. Selon un d�pliant touristique, le Goush Katif, par exemple, �c�l�bre pour son paysage pittoresque, ses plages accueillantes, ses dunes de sable fin et ses palmeraies, est un lieu touristique reconnu. Un h�tel (glatt kasher) en bordure de mer, et une auberge de jeunesse accueillent chaque ann�e de nombreuses familles de vacanciers de tout Isra�l�. Pas question, donc, que les Palestiniens h�ritent d�un tel �paradis�. Une fois les colons partis, l�arm�e isra�lienne proc�dera � la destruction m�thodique des habitations et de toute l�infrastructure qui les accompagne. Elle rasera sans doute les vergers plant�s par les colons, de fa�on � ne laisser aux Palestiniens qu�un territoire d�sol�. Si les Palestiniens ne vivaient pas dans des conditions si dramatiques � un taux de ch�mage de plus de 50%, un revenu par habitant de 700 dollars (16 500 dollars par habitant en Isra�l), sous la menace d�attaques isra�liennes et de destruction de leurs maisons qui n�ont jamais cess� � cette �r�sistance� des colons barbus pr�terait � sourire. Mais le plus dur est � venir. Le retrait isra�lien de Gaza est un leurre. D�abord parce qu�il s�agit d�une �vacuation unilat�rale, � savoir sans n�gociation avec l�Autorit� palestinienne. Ce qui laisse les mains libres � Ariel Sharon sur le double plan s�curitaire et politique. Sur le plan s�curitaire, l�arm�e isra�lienne garde un contr�le total des espaces a�riens et maritimes. Elle aura d�sormais les coud�es franches pour intervenir sous n�importe quel pr�texte � Gaza. Sur le plan politique, elle risque de s�accompagner d�une plus grande emprise sur la Cisjordanie et J�rusalem- Est. Le Premier ministre isra�lien n�a-t-il pas r�p�t� � maintes reprises qu�il ne renoncera ni � ses blocs de colonies en Cisjordanie ni � J�rusalem- Est. Le trac� du �mur de s�curit�, qui englobe ces colonies, n�ampute-t-il pas de fait des pans entiers des territoires occup�s dont J�rusalem ? Quant aux d�monstrations de force organis�es par l�extr�me droite et les barbus isra�liens contre le retrait de Gaza, elles n�ont d�autre but que d�emp�cher une d�cision similaire en Cisjordanie dans le cas o� la pression internationale contraindrait Isra�l � accepter l�existence d�un Etat palestinien ind�pendant avec J�rusalem pour capitale. La surm�diatisation des manifestations de la droite ultra-nationaliste et religieuse, qui donne � penser qu�Isra�l est au bord de la guerre civile, sera certainement agit�e par Ariel Sharon comme un argument destin� � convaincre la communaut� internationale qu�il ne peut conc�der plus qu�il ne l�a fait. Qui plus est, il pourra compter sur le soutien sans faille de George Bush. D�autant que les r�gimes arabes, dont les peuples sont priv�s de parole, sauront encore une fois se d�rober et trouver les mots appropri�s pour ne pas d�plaire � Washington.