Sabrina Auspre, une Fran�aise de 25 ans, titulaire d�un DESS en sport, tourisme et d�veloppement local, a s�journ� chez une famille d�accueil � Taourirt Mimoun (B�ni-Yenni) depuis quelques mois dans le cadre d�un service volontaire europ�en. Un programme jeunesse, financ� par l�Union europ�enne, qui permet aux jeunes de 18 � 25 ans de travailler dans le milieu associatif � l��tranger. Sabrina a travaill� en partenariat ave deux associations : l�Association migration, solidarit� et �change pour le d�veloppement (AMSED), bas�e � Strasbourg, c�t� europ�en, et l�Association pour le d�veloppement et la promotion du d�veloppement local (ASPDPDL) de B�ni-Yenni, c�t� alg�rien, pr�sid�e par Amokrane Aberkane. La jeune Fran�aise dont la mission a pris fin le 20 septembre courant, a travaill� sur diff�rents projets de d�veloppement en partenariat avec les deux associations pr�cit�es, dans l�agriculture, avec la cr�ation d�une fromagerie-�cole, la poterie, le tissage et le tourisme. Au volet agriculture, Sabrina a �t� charg�e de suivre l�ASPDPDL dans ses diff�rents projets. Ce qui s�est traduit sur le terrain par l�organisation en mai dernier d�une formation dans les fromages au profit de vingt filles et gar�ons, des �leveurs, ch�meurs et �tudiants form�s pour travailler dans la transformation du lait. L�objectif �tant l�introduction d�une tradition fromag�re en Alg�rie et le travail sur des produits de transformation du lait. Les stagiaires ont ainsi appris � concocter les recettes de labels fran�ais, tels le Tomme de Savoie et le Saint-Macelin. La formation a �t� assur�e par un �leveur fran�ais qui s�est sp�cialement d�plac� de France. D�autres formations sont pr�vues en 2006, confie la jeune Sabrina. Concernant le tissage, l�objectif consistait � p�renniser l�activit� et promouvoir le tapis de Ouaghz�ne avec des filles ayant suivi une formation de 18 mois au CFPA de la r�gion qui fait sp�cialement dans le tissage ras. Pour ce faire, elles avaient besoin d�un cadre organisationnel. L�initiative a s�duit l�AMSED et l�ASPDPDL qui ont accompagn� les filles dans leur d�marche � l�effet d�avoir un statut social l�gal et des cartes d�artisan qui les aideraient � acqu�rir des mati�res premi�res, des m�tiers � tisser et surtout des facilit�s. �Notre objectif est de travailler en pure laine pour augmenter la qualit�, rench�rit Sabrina. D�ailleurs, une sp�cialiste en tissage qui suit le projet depuis Strasbourg s�est d�plac�e en Kabylie. Val�rie Clain et Sabrina ont ainsi travaill� avec les filles sur la notion de projet pour les sensibiliser sur tout ce qui gravite autour de l�activit� de tissage. Leur faire compter le nombre d�heures de travail, leur apprendre les r�gles de la commercialisation, la gestion, etc. C�est une �tape indispensable � franchir, selon Sabrina, pour permettre aux jeunes artisanes de s�en sortir dans leur m�tier. Pour illustrer en pratique la notion de projet et de planification, les formatrices leur ont demand� de passer une commande et ont observ� leur comportement jusqu�� l��coulement du produit. �Cr�er c�est bien, mais les filles ne demandent jamais d�acomptes et elles se retrouvent avec des stocks sur les bras qu�elles ne savent pas �couler�, d�plore Sabrina, qui pr�cise que les filles ont �t� sensibilis�es sur la tenue d�un cahier des charges. Pour les aider � ma�triser ces param�tres et les tester, les sp�cialistes europ�ennes leur ont pass� une commande financ�e par un s�jour touristique �Tourisme solidarit� et suivi leur d�marche dans toutes ses �tapes. Le principe �tant d�arriver � avoir des entr�es d�argent en fonction du travail fait. Dans le domaine du tourisme et du projet �Tourisme solidarit�, visant la relance de cette activit� dans la r�gion, l�exp�rience a �t� tr�s enrichissante. �a a consist� en un s�jour d�une douzaine de jours au profit de cinq touristes (trois filles et un couple) dans des familles d�accueil � B�ni-Yenni. Seule deux nuit�es ont �t� pass�es � l�ext�rieur, une � A�t- Medjeber et une autre � Tigzirt. Tout le monde �tait ravi de l�exp�rience au point de susciter un grand engouement chez les populations. L�initiative a tellement plu que des familles se sont propos�es familles d�accueil pour la prochaine saison estivale : �On peut travailler beaucoup l� dessus, �a permet de changer les id�es re�ues sur l�Alg�rie et faire conna�tre ses sites et ses sympathiques habitants�, note la jeune Fran�aise qui insiste sur le concept-slogan �Une d�marche solidaire avec un accueil chez l�habitant, un respect des populations d�accueil�. Une partie de l�argent provenant de ce s�jour touristique a servi au financement d�un projet de d�veloppement dans la r�gion. Pour rendre les s�jours touristiques les plus autonomes possibles, des fiches sur les sites touristiques ont d�ailleurs �t� �labor�es. En poterie, c�est une soci�t� en liquidation, qui a re�u l�aide du service volontaire europ�en. Un sp�cialiste du diagnostic activant pour diff�rentes entreprises fran�aises a aid� les ouvriers avec ses recommandations sur la mani�re de s�en sortir. En poterie, il y a aussi beaucoup de choses � faire, regrette Sabrina, dont la mission arrive � son terme. Elle aurait bien voulu rester encore plus longtemps pour parachever les projets qu�elle a accompagn�s volontiers durant son s�jour de six mois. �On est en train de r�fl�chir sur un poste qui me remplacerait, six mois c�est tr�s court�, constate la jeune fille qui �voque l�utilit� de nommer un permanent dans l�association en d�pit des efforts du pr�sident, car, selon elle, il faut un sp�cialiste, un homme ou une femme. C�est pourquoi l�id�e de former quelqu�un(e) au niveau local pour g�rer tous les projets s�impose comme une n�cessit�, indique-t-elle. Une personne comp�tente, aussi bien � l�aise avec les �leveurs ou les femmes, car travailler avec les femmes, c�est une autre difficult�, fait remarquer la fille. Sabrina qui souligne que l�essentiel de son activit� a �t� consacr� au tissage, notamment apr�s le d�part de Val�rie o� il lui fallait encha�ner, faire le suivi de la commande, attirer les touristes, expliquer les motivations, affirme toutefois que �sur chaque projet on a introduit une d�marche qualit� dans le but de commercialiser les produits via le commerce �quitable�. Toujours dans le domaine du tissage, elle dira qu�elle aurait aim� accompagner les filles au Mus�e des arts traditionnels d�Alger pour essayer de d�velopper la cr�ativit� autour du tissage afin de leur faire prendre conscience qu�entre ce qui se fait maintenant et ce qui se faisait auparavant, il y a une sacr�e diff�rence. Sur un autre plan, Sabrina, qui se dit tr�s triste de partir, a v�cu une aventure extraordinaire en Kabylie. Taourirt-Mimoun lui manquera beaucoup. Ce qui lui inspirera d�ailleurs l��criture d�un livre sur tout ce qu�elle a v�cu en Kabylie �chez des gens certes orgueilleux mais d�un optimisme et d�un humanisme hors du commun�.