Une nouvelle tendance s�duit ces derniers temps les �diteurs alg�riens : la co�dition. Si le principe reste encore peu exploit� en Alg�rie, tous les professionnels du secteur s�accordent � dire qu�il s�agit d�une solution d�avenir ,notamment pour la d�mocratisation du livre. Aujourd�hui, 5 % des �diteurs alg�riens se sont, jusque-l�, engag�s sur ce terrain. Citons, � titre d�exemple : Barzakh, Dalimen, Magmed. La cons�quence directe de ce type de collaboration est l�acc�s pour les Alg�riens � des ouvrages moins on�reux. Du c�t� des �diteurs, les avantages sont clairs : les co�ts sont r�duits et la cible est �largie. C�est dire si le principe est all�chant. Mais, pour concr�tiser les collaborations, les maisons d��dition �trang�res doivent accepter de c�der leurs droits aux �diteurs alg�riens. Le pari est loin d��tre gagn�. Le march� est actuellement trop rentable pour qu�elles l�chent du lest. L�enjeu est tel que ce volet fera l�objet de discussions lors de prochaines rencontres entre les principaux acteurs du livre et les pouvoirs publics. Pour le moment, une rencontre pr�liminaire aura lieu lundi 3 octobre prochain au minist�re de la Culture. LAZHARI LABTER AU "SOIR D'ALGERIE" �Notre litt�rature doit s�exporter � l��tranger� La co�dition reste timide en Alg�rie mais tend � se d�velopper aupr�s des �diteurs. M. Lazhari Labter, responsable du bureau � Alger des Editeurs sans fronti�res (ESF) de la r�gion Provence Alpes C�te d�Azur (PACA), journaliste, �diteur et auteur*, s�exprime sur le sujet. Le Soir : Quel constat faites-vous concernant la co�dition ? Lazhari Labter. : Lorsque Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, est pass�e � l�inauguration du 10�me Salon international du livre d�Alger (Sila), au stand PACA, elle a pr�cis� : �Mon souci en tant qu�institution est de voir se d�velopper la co�dition, la co�dition, la co�dition.� Notez que le terme de co�dition a �t� r�p�t� trois fois. Les statistiques parlent d�eux-m�mes, la co�dition en Alg�rie est encore faible. Pourtant, c�est la solution d�avenir. Seuls 5% des �diteurs nationaux pratiquent ce proc�d�. A titre d�exemple, nous avons l�Entreprise nationale de communication, d��dition et de publicit� (Anep), Barzakh, Dalimen, Magmed, EDIF2000 et d�autres encore. Les acteurs principaux, tels le Syndicat professionnel du livre (SPL), le Syndicat national des �diteurs (Snel) et les �diteurs non syndiqu�s doivent encourager cette tendance. Le champ de l��dition est encore fragile. La co�dition pourrait apporter des solutions adapt�es aux probl�mes que rencontrent les �diteurs alg�riens. L. S. : Quelles sont les difficult�s que rencontrent les �diteurs alg�riens aujourd�hui ? L. L. : En 2010, l�Alg�rie comptera pr�s d�un million d��tudiants. Aujourd�hui d�j�, l�offre ne r�pond pas � la demande. La moyenne du tirage des �diteurs alg�riens est de 1000 exemplaires par titre. Certains n�en tirent que 500. C�est ridicule ! Nous sommes tr�s loin de la production �trang�re. En Alg�rie, les distributeurs (biblioth�ques, librairies�) manquent cruellement. Autrement dit, un �diteur ne dispose pas de moyens suffisants pour diffuser et distribuer ses ouvrages. Autre point important, il nous faut des bases statistiques fiables pour faire des projections sur l�avenir. Or, on estime qu�un des probl�mes que nous rencontrons au niveau de nos syndicats respectifs est l�absence de statistiques fiables. Il n�existe pas de structures qui permettent d�avoir une visibilit� sur l�industrie du livre. Les syndicats sont actuellement en train de travailler avec le soutien du minist�re de la Culture et la Biblioth�que nationale de l�Alg�rie pour effectuer un �tat des lieux. L. S. : Comment la co�dition pourrait r�pondre aux probl�mes rencontr�s par les �diteurs alg�riens ? L. L. : Aujourd�hui, deux axes doivent �tre d�velopp�s dans le cadre de l��dition : la traduction des ouvrages �crits en langue �trang�re vers l�arabe et inversement, et l��change d�exp�rience. Ainsi, les livres alg�riens publi�s en arabe pourraient �tre connus dans d�autres pays du monde. D�autre part, il faut favoriser l��change d�exp�riences en multipliant les rencontres interprofessionnelles comme cela se passe en marge du Sila. Actuellement, deux �diteurs sont en collaboration avec la r�gion PACA. Des projets sont en discussion mais ce n�est pas suffisant. Notre litt�rature doit s�exporter � l��tranger. Autre point essentiel, il faut savoir que les intrants (l�encre, le papier, les films...) repr�sentent 50% du prix du livre. Seuls les pouvoirs publics peuvent jouer un r�le d�terminant pour diminuer les co�ts par la r�duction des taxes sur ces intrants. C�est pourquoi aujourd�hui il est judicieux de pratiquer la co�dition afin de partager ces co�ts et minimiser les risques en �largissant le public. L. S. : Concr�tement, qu�attendez- vous aujourd�hui des pouvoirs publics ? L. L. : Les professionnels du livre membres ou pas des syndicats travaillent en �troite collaboration. Aujourd�hui, les pouvoirs publics ont vraiment pris conscience que le livre est un vecteur de connaissance. Leur soutien est indispensable. Les rencontres entre syndicats et minist�re de la Culture ont �t� jusque-l� fructueuses. On attend l�application des recommandations prises lors des premi�res assises nationales du livre qui se sont d�roul�es en 2002 et l�adoption de la loi sur le livre. Si ces mesures sont adopt�es, ce serait le d�but de solutions s�rieuses. Propos recueillis par R. A. A. * Journalistes alg�riens, Chroniques des ann�es d'espoir et de terreur (Essais) - Editions Chihab (2005) - Le pied d��b�ne de Bilkis sur le pav� de cristal(Po�sie) � Editions El- Ikhtilef, (2005) - Retour � Laghouat mille ans apr�s Beni Hilel (Po�sie) � Editions El-Ikhtilef, (2002) - Yasmina ou les sept pierres de mon collier d�amour (Po�sie) �Editions Barzakh (2001) - Les journalistes alg�riens entre le b�illon et les balles (Essai) � l�Harmattant (1995) - Floril�ge pour Yasmina (po�sie)