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Bouillabaisse Par Arezki Metref [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 10 - 2005

Je devrais te causer de la rascasse qui est venue mordre � l'hame�on, jeudi dernier. J''�tais tranquillement assis sur un ponton, r�vassant en regardant la mer onduler avec des reflets de bulletins bleus et blancs, la ligne (politique, mais tout est politique para�t-il) entre les mains, lorsque j'ai senti d'abord un fr�missement, puis carr�ment un tremblement.
J'ai retir� illico le fil de l'eau et je l'ai vue, enferr�e. Je me suis dit, plus abattu que la rascasse qui me faisait des yeux de merlan en col�re : j'aurais d� aller voter ! J'aurais peut-�tre eu quelque chose � frire. Comme quoi, aller � la p�che, � la vraie p�che, il faut encore en �tre capable ! Les autres qui sont, eux, all�s � la p�che aux voix, juste aux voix, et en utilisant la tra�ne, ce proc�d� facile et efficace, ils sont tomb�s sur une mer miraculeuse. T'as vu tout ce qu'ils ont p�ch� ! Toutes les cat�gories de poissons se d�battent dans les filets, � moiti� �trangl�s par la promiscuit� entre les rets. �a, c'est de la p�che, oui ! Ils ont raison de le dire � la cri�e ! De quoi parler quand on n'a pris qu'une pauvre rascasse au bout d'une ligne rudimentaire ? Parler de sa grosse t�te h�riss�e d'�pines ; de sa bouche large comme l'autoroute est-ouest ? T'expliquer, pour avoir quelque chose de soi-disant intelligent � dire, que, selon le Petit Robert qui n'est pas au Grand Robert ce que le Petit Charles est au Grand Charles, que ce vilain poisson vit, depuis 1554, avec ce nom emprunt� au proven�al rascasso, qui vient lui-m�me de rasco qui veut dire �teigne� ? Je t�explique tout �a pour te dire qu'au lieu d'aller voter oui comme (presque) tout le monde, au lieu de cocher le mot �paix� quand il s'est agi d'aller �choisir entre la paix et la guerre�, comme l'a dit notre pr�sident derri�re la piscine olympique, je me suis trouv� dans la ridicule situation d'un p�cheur clandestin, faisant le r�f�rendum buissonnier, qui tient au bout de sa ligne un poisson dont le nom veut dire teigne. Je devrais arr�ter l�. Rejeter la rascasse � la mer. Courir au bureau de vote le plus proche et m'acquitter de ce devoir patriotique qui consiste � voter oui ? Ils auraient encore mis dans le coup Boudjema� Ha�chour, ministre de la Poste, qui proclamait nagu�re le r�le cardinal de la poste dans la r�conciliation, je n'aurais pas eu besoin, pris au dernier moment d'un probl�me de conscience, chang� d'id�e et me casser les pieds � trouver un bureau de vote ouvert un jour non ouvrable. Je suis s�r qu'il aurait invent� le voter-oui par Sms. J'aurais tap� sur di�se et le petit t�l�phone cal� au creux de ma main aurait clam� : �A vot� oui !� D'ailleurs, l'attribution du prix Louise-Michel, surnomm�e la Vierge rouge, au pr�sident Bouteflika, apr�s entre autres Bongo et Ben Ali, est entach�e d'une erreur sur le prix. On aurait d� attribuer � son gouvernement le prix de l'invention d'un nouveau langage politique. A dater de ce r�f�rendum, on ne devrait plus dire que r�f�rendum-oui, vote-oui, suffrage-oui. Il faut d�sormais accoler les trois lettres du oui � tout mot ayant un rapport avec le scrutin. Le scrutin lui-m�me devrait se dire scrutin-oui. Il faut positiver, oui ! Cela vaut un prix, �a, oui. Ce n'est pas tout de conduire une politique. Le plus dur, c'est de laisser un langage politique qui survive aux �v�nements et aux hommes. Regardez, par exemple, un certain Naegelen. Vous savez qui est ce monsieur ? Non ? Moi, non plus. Et pourtant, quand on parle de vote truqu�, on dit des �lections � la Naegelen. C'est comme �a qu'on entre dans le dico, cette antichambre de la post�rit�. Apr�s ce �oui� sonore comme une bombe, tu devrais faire gaffe � ce que tu dis. Maintenant que le peuple, enthousiaste, a donn� ses suffrages-oui � ce que Sa�d Sadi appelle � raison un �brouillon de Constitution�, quoi que tu dises de critique vis-�-vis du pouvoir, tu vises ipso facto le peuple. Eh oui-oui, ce dernier a �mandat� le premier. Par exemple, tu dis qu'il faut tenir ses promesses �lectorales, tu es d�j� dans la subversion. Tu es dans un truc attentatoire � la souverainet� machin, comme les militants du MDS et du FFS qui ont commis le d�lit de pr�ner le �non� au pl�biscite pr�sidentiel. Ce �non� ne figure pas, bien s�r, dans l'alternative propos�e aux �lecteurs. L'attitude qui consiste � jeter au trou ceux qui sont contre le projet du pr�sident est curieuse. On peut la commenter comme le sympt�me d'un raidissement autoritariste du pouvoir, mais l'explication serait courte. Et si c'�tait plut�t le sympt�me d'une peur, celle que le David du tract finisse par vaincre le Goliath du JT et des shows dans les stades avec, dans les gradins, une partie de la Fonction publique ? En vertu d'une loi aquatique connue des poisons, � et des animaux politiques par extension �, la r�action m�chante est toujours le syndrome d'une peur. La seule promesse qui sera tenue, elle n'a pas �t� faite publiquement. C'est, pour reprendre le mot d'A�t Ahmed, �l'escalade de la r�pression�. D�j�, lors de la campagne univoque, le pr�sident clamait � tout-va que ses opposants n'avaient qu'� venir se mesurer � lui. Electoralement parlant, bien s�r. En tout bien tout honneur ! Et qu'est-ce que ce doit �tre, avec ce rab de je ne sais plus combien de �oui� ? Il ne faut plus rien dire, maintenant. Le mandat a re�u un compl�ment. Le peuple va parler au nom du peuple ! Entre nous, avec tous les atouts qu'il avait, �a aurait �t� plut�t lamentable de rater des scores pareils. Qu'on donne les m�mes atouts � tous les candidats dans une �lection loyale, et on en reparlera. Loyal ? Je commence d'abord, ensuite. Loyal ? Si, au moins, �a assumait le populisme autoritariste ! Si, au moins, �a ne parlait pas tant de d�mocratie, de mandat populaire et tutti quanti ! D'ailleurs, ils en parlent d'une dr�le de fa�on. Parfois, c'est � se tordre de rire. Par exemple, Hachemi Djiar, le VRP du oui, envoy� en France pour chauffer la derbouka dans l'�migration, r�pondait, avec un flegme d'humoriste ind�montable, � Jean-Pierre Elkabbach que �si on donnait la parole aux partisans du non, il faudrait la donner alors � tous les extr�mistes�. Pourquoi alors organiser un r�f�rendum, moyen politique r�put� pr�voir un �oui� et un �non� ? Je n'arrive pas � encaisser qu'on puisse faire des r�ponses pareilles ! L'autre l�, le Ksentini des droits de l'homme par d�cret, il est kif kif dans son immense volont� de bien faire. A la question de savoir pourquoi ne pas �tablir des commissions �v�rit� et justice� comme en Afrique du Sud, il r�pondait � Lib�ration : �Je suis contre. Cela risque d'ajouter � la fracture de la soci�t�. Ce ne serait qu'un show m�diatique. L'Alg�rie est-elle en mesure de supporter cette nouvelle �preuve ? Des Desmond Tutu, il n'y en a pas partout�. S'il veut dire que des grands hommes, il n'y en a pas en Alg�rie, il se plante grave. Quant aux shows, on n'a pas de le�ons � recevoir de l'Afrique du Sud. Tu vois, il faut de tout pour faire une bouillabaisse. Et moi qui me retrouve, seul, minoritaire, avec ma rascasse ab�m�e entre les mains, face � un peuple de la mer d�mont�e ? Je fais quoi, moi ? Allez, je m'attribue un prix. P. S. d'ici 1 : Les scores r�f�rendaires mirobolants ? Il en a �t� toujours �t� ainsi, ou presque. Depuis l'ind�pendance, on a eu : 20 septembre 1962, pouvoirs et attributions de l'Assembl�e nationale constituante ( 99, 34% de oui) ; 8 septembre 1963 : premi�re Constitution (98,14% de oui) ; 27 juin 1976 : Charte nationale (98,1% de oui) ; 19 novembre 1976 : deuxi�me Constitution, propos�e par Boumediene (94,37% de oui) ; 16 janvier 1986 : �enrichissement� de la Charte de 1976 (98,30% de oui) ; 3 novembre 1988 : amendement de la Constitution de 1976 (92,27% de oui) ; 23 f�vrier 1989 : r�vision de la Constitution de 1988 (73,43 % de oui) ; 28 novembre 1996 : amendement de la Constitution (voulu par Liamine Zeroual cr�ant un S�nat et limitant � deux le nombre de mandats pr�sidentiels (85,81% de oui) ; 16 novembre 1999 : Concorde civile (98,63%). Le score le plus bas obtenu par le oui, c'est celui de novembre 1989. Il s'agissait d'introduire le multipartisme dans la Constitution.
P. S. d'ici 2 : L'oubli dans lequel le nouveau climat plonge le pays n'est pas seulement celui des martyrs de la d�mocratie. C'est aussi celui de la duplicit� des vivants. On devrait republier aujourd'hui ce que disaient et �crivaient beaucoup de z�lateurs de l'anti-int�grisme. Y en a un peu marre de glisser sur tout, tout le temps. Un peu moins d'amn�sie !


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