La province du Hainaut (Wallonie, sud du pays) et l'association les Amiti�s belgo-alg�riennes ont re�u, pendant trois jours, l'ex-pr�sident alg�rien, Ahmed Ben Bella. Au cours du d�ner offert en son honneur par M. Jean-Pierre Declerq, le d�put� permanent du Hainaut a prononc� un discours tr�s sourc� sur la vie et l'œuvre du premier pr�sident de l'Alg�rie ind�pendante. Jean-Pierre Declerq a fait le r�cit du h�ros de Monte- Casino en pr�sence de 150 invit�s tri�s sur le volet. Notables et �lus locaux, les ambassadeurs d'Alg�rie, de Libye, du Mozambique et d'Angola, plusieurs correspondants de radios et t�l�visions, journalistes de la presse �crite, c'est donc sous un matraquage de photos et de cam�ras que le d�put� permanent du Hainaut rel�vera que de son incorporation par la France durant la Seconde Guerre mondiale jusqu'� la naissance du mouvement alter-mondialiste � Davos, "toutes les vies" de Ben Bella ont �t� relat�es : l'incorporation en 1944 dans le r�giment des tirailleurs o� il d�croche la croix de guerre pour distinction au combat (Ben Bella et son compagnon seront souvent cit�s pour leur bravoure et leur contribution � la lib�ration de Rome, Monte-Casino et Siena du joug nazi), l'attaque contre la poste d'Oran, la cr�ation du FLN, l'arrestation en 1956 (1er d�tournement d'avion dans l'histoire commis par l'Etat fran�ais) et son �lection en 1963 comme pr�sident de la toute nouvelle nation : Alg�rie. Ben Bella, soulignera le premier responsable du Hainaut, "est un t�moin vivant de la deuxi�me moiti� du XXe si�cle. Il a connu et c�toy� Kennedy, Khrouchtchev, Nehru, Nasser, Che Guevara, Mandela, Tito et tant d'autres encore". "Cet homme, dira-t-il, comptabilise, 23 ann�es de prison." Le lendemain (samedi), Ben Bella �tait l'invit� d'honneur de la c�r�monie officielle de la rentr�e acad�mique de la province. A l'universit� du Travail de Charleroi, les nombreux pr�sents officiels et �tudiants entendront non pas un ex-pr�sident mais un vrai militant, un avocat combatif et convaincant de l'alter-mondialisation. Dans son expos� "L'Alg�rie, l'Europe et le monde", l'exd�tenu de Fresnes aura des mots durs envers cette mondialisation qui "laisse crever de faim, chaque ann�e, 35 millions d'�tres humains", et qui, sous pr�texte de comp�titivit�, "emp�che des nations enti�res dont beaucoup sont Africaines, de se d�velopper". L'ex-tirailleur de Monte-Casino ne sera pas tendre, loin s'en faut, avec la politique am�ricaine sous la houlette de G. Bush. La province du Hainaut, dont la composante sociologique (immigrants italiens, alg�riens, marocains pour une bonne partie) est tr�s sensible au discours altermondialiste, a r�serv� un accueil triomphal aux th�ses de Ben Bella. En somme, celles du forum de Davos d�clam�es par un praticien dont le pays souffre des effets d�vastateurs de la mondialisation. En soir�e, il assistera � un gala exceptionnel anim� par cheba Zehouania au palais des Beaux-Arts de Charleroi. Le lendemain, les organisateurs du p�riple de Ben Bella en Belgique tiendront � l'emmener en p�lerinage � Hornu. Petite bourgade qui fut, nagu�re, l'un des joyaux du bassin houiller du Hainaut et qui permettait � la Belgique de s'afficher, fi�rement, 7e puissance industrielle mondiale. Hornu est aussi connue par les Alg�riens pour avoir abrit� un c�l�bre conclave : le congr�s d'Hornu. Les Amiti�s belgo-alg�riennes et la province du Hainaut ont r�ussi � donner � la visite de Ben Bella, ici, un caract�re populaire ind�niable. Rencontr� � l'a�roport de Bruxelles-Zaventem � l'issue de son long s�jour wallon, Ben Bella, visiblement �mu par la qualit� et la chaleur de l'accueil que lui ont r�serv� les Belges, les Belgo-Alg�riens et les Alg�riens du Hainaut, dira � la presse : "Je suis triste que Mohamed Benchicou soit toujours en prison. La place d'un journaliste n'est pas dans la grisaille et la m�lancolie d'un cachot, mais dans une r�daction." Ben Bella, sinc�rement affect� que notre confr�re soit encore emprisonn� par ces temps o� le ton est � la "r�conciliation" et � la "paix", ajoutera : "Un pays ne peut pas fonctionner sans une pluralit� m�diatique, sans que le journaliste soit libre." "Ecrivez-le et dites-le, tiendra � insister l'homme aux sept vies. Tant que Benchicou est en prison, je ne suis pas � l' aise." A. M.