En France, les nostalgiques de �l�Alg�rie de papa� sont de retour. Apr�s le d�bat houleux � l�Assembl�e nationale fran�aise o� des d�put�s de droite � dont certains faisaient encore �pipi� dans leur culotte � l��poque de la �guerre d�Alg�rie� � avaient d�fendu l�ind�fendable, voil� qu�un dirigeant socialiste, le maire de Montpellier, Georges Fr�che, a pris une position mettant dans l�embarras son parti. Ce maire, connu pour �tre une grande �gueule�, a manifest� � sa mani�re son d�saccord avec la position exprim�e par son parti concernant l�annulation de l�amendement de la loi de f�vrier 2005 glorifiant la colonisation. En pleine r�union du Conseil national, l�instance de direction du Parti socialiste, il s�est mis � chanter � tue-t�te, �c�est nous les Africains qui revenons de loin�, chant des partisans de l�Alg�rie fran�aise durant la guerre d�ind�pendance nationale. Plut�t f�cheux pour Fran�ois Hollande, le num�ro un du parti, qui l�avait toujours soutenu contre l�avis de ses camarades. C�est que Georges Fr�che n�en est pas � sa premi�re frasque. Connu pour fouetter dans le sens du poil l��lectorat �pied-noir� et �harkis� � tr�s nombreux dans le Var � , ce monsieur avait promulgu�, il y a quelques ann�es, un arr�t� municipal interdisant la conf�rence- d�bat sur l�Alg�rie que devait animer Henri Alleg � Montpellier. Reste que face � la position tonitruante manifest�e par Fr�che, les dirigeants socialistes sont partag�s. Dans un peu plus d�une ann�e, c�est l��lection pr�sidentielle. Lors de leur congr�s au Mans, il y a une dizaine de jours, ils venaient de r�tablir l�unit� de leurs rangs. Virer le maire de Montpellier, c�est prendre le risque de s�ali�ner de nombreux �lecteurs, mais pousser le maire de Montpellier vers la droite. Ce dernier, �tant pr�sident du Conseil g�n�ral du Var, dispose de capacit�s de nuisance en mesure de faire du tort � la gauche. Mais une partie des dirigeants socialistes, notamment les amis de Laurent Fabius, exige que le PS se d�termine et condamne fermement le comportement scandaleux du maire de Montpellier. D�autres, en revanche, ne veulent pas soulever une pol�mique qui risquerait d��tre pr�judiciable au parti dans la perspective de la pr�sidentielle de 2007. Mais voil�, ce d�bat sur la colonisation continue de faire des d�g�ts. L�historien Benjamin Stora, n� � Constantine, qui anime chaque samedi sur la radio France Culture une �mission sur le Maghreb, vient de recevoir des menaces �manant du pr�sident d�une association de harkis. Ce dernier ne demande rien que moins aux autres associations de harkis et de pieds-noirs d�engager une �proc�dure judiciaire collective� afin que l�historien cesse �de leur cracher dessus� ! Le regard de Stora sur l�Alg�rie est celui d�un historien impartial comme en a produit l�universit� fran�aise depuis un si�cle. Pour qui a lu ses livres � par exemple, La gangr�ne et l�oubli, ne peut que partager sa vision critique et contradictoire de l�histoire de l�Alg�rie contemporaine. La vision qu�il d�veloppe, interpelle, bouscule certaines certitudes et pousse � la r�flexion. De ce fait, sa d�marche d�range. Pour certains harkis, les anciens de l�OAS et leurs sympathisants, Benjamin Stora est un t�moin g�nant : il faut donc le faire taire. Et avec, tous ceux qui remettent en cause le fait colonial. Le travail de m�moire que d�aucuns appellent de leur v�u afin que la r�conciliation se fasse des deux c�t�s de la M�diterran�e devra attendre. Depuis que des pseudo-historiens ont mis en doute le g�nocide des juifs par les nazis, c�est devenu une mode de diaboliser tous ceux qui tentent d�aller � contre-courant d�une certaine pens�e dominante occidentale. Concernant la colonisation, le n�gationisme est � l��uvre. C�est dans l�air du temps.