L�Alg�rie a enregistr�, cette ann�e, une surproduction de pomme de terre �valu�e � pr�s de 500 000 tonnes. Pourtant, le spectre de la p�nurie de pomme de terre plane depuis l�entr�e en vigueur d�un arr�t� du minist�re de l�Agriculture qui impose aux importateurs un calibrage sp�cifique des semences. Ce l�gume pourrait d�passer les 70 DA dans les prochaines semaines. Tarek Hafid Alger (Le Soir) - Le satisfecit du ministre de l�Agriculture, � propos de la surabondance de pomme de terre, ne serait qu��ph�m�re. Sa�d Barkat pourrait �tre confront� dans les prochaines semaines � une crise de la patate. La cause : l�entr�e en vigueur de l�arr�t� du 25 janvier 2005 qui d�finit, entre autres, les normes phytotechniques et phytosanitaires relatives � l�importation de semences de pomme de terre. Il faut avant tout savoir que la quasi-totalit� de la semence de ce tubercule est import�e. Les besoins sont estim�s � 120 000 tonnes alors que la production nationale ne d�passe pas les 30 000 tonnes. Il est donc n�cessaire d�importer annuellement pr�s de 95 000 tonnes de semences, les pays fournisseurs �tant la Hollande, le Danemark, la Belgique et la France. �Ces importations sont soumises � des r�gles phytotechniques et phytosanitaires bien d�finies. Si les r�gles relatives aux affections pathologiques sont g�n�ralement respect�es , certains importateurs ont tendance � ne pas donner d�importance aux normes de calibrage�, notera Mustapha Benhamou, ancien directeur central de la r�gulation �conomique au minist�re de l�Agriculture, reconverti depuis quelques ann�es dans le secteur priv�. Pour mettre fin � cette situation, le minist�re de l�Agriculture a impos�, depuis l�entr�e en vigueur de l�arr�t� du 25 janvier 2005, que le nombre de tubercules doit �tre compris entre 700 et 800 par sac de 50 kilos. Mais, il semble qu�il y est eu un probl�me de communication, puisque les importateurs de semences, qui passe commande plusieurs mois � l�avance aupr�s de leurs fournisseurs, n�ont pas �t� pr�venus de l�application de cette nouvelle r�glementation. �De nombreux professionnels ont �t� pris de court. D�autant plus que certains producteurs europ�ens sont habitu�s � ne pas donner d�importance aux normes de calibrage lorsqu�il s�agit d�alimenter le march� alg�rien. Il n�est, en effet, pas rare de trouver des sacs de 50 kilos avec moins de 400 tubercules sans que personne s�en plaigne�, ajoutera notre interlocuteur. �Cette nouvelle r�glementation n�a pas �t� prise au s�rieux, ni par les importateurs et encore moins par leurs fournisseurs�, dira pour sa part un producteur local de semence de pomme de terre qui tiendra � garder l�anonymat. R�sultat : plusieurs cargaisons de tubercules sont actuellement bloqu�es au niveau du port d�Alger pour non-conformit� � la disposition relative au calibrage, soit une quantit� de 8000 tonnes. �Sur cette quantit�, pr�s de 3000 tonnes de semences, soit pr�s de 40%. Il est important de savoir que l�ann�e derni�re, � la m�me p�riode, 50 000 tonnes de semences de pomme de terre �taient d�j� sur le march�, soulignera Mustapha Benhamou. La situation est donc plus que pr�occupante, et pas seulement pour les importateurs. Conseil de guerre C�est toute la fili�re qui se voit paralys�e. A tel point que le Conseil national interprofessionnel de la fili�re pomme de terre (CNIF/PDT) a d� �tre remis sur les rails pour tenter de g�rer cette crise. Ce dernier s�est donc r�uni une premi�re fois le 24 octobre en pr�sence des importateurs de semences, des producteurs locaux de semences et des producteurs de pomme de terre. Apr�s avoir dress� un �tat des lieux, ces professionnels ont constat� que la surproduction de pomme de terre en 2005 est due, en partie, � l�importation de 130 000 tonnes de semences en 2004. La mise sur le march� de cette quantit�, qui d�passe de loin le besoin national, a eu pour effet d��branler le march�. Une politique de r�gulation des importations est alors mise en place lors d�une seconde r�union. Les op�rateurs d�cident de plafonner � 87 000 tonnes les quantit�s de semences import�es de l��tranger. Mais cela ne r�sout pas pour autant le probl�me de la saison actuelle. Le CNIF/PDT s�est donc r�uni jeudi dernier pour tenter de trouver une solution et a propos� au pouvoir public : �Un all�gement de la fourchette du nombre de tubercules par sac (plancher et plafond)� ainsi qu�une �d�rogation pour les vari�t�s homologu�es pour lesquelles l�arr�t� n�est pas paru.� En clair, les importateurs demandent aux pouvoirs publics de pouvoir introduire sur le territoire national les quantit�s de semences command�es aupr�s de leurs fournisseurs. Ils pr�cisent � ce titre que le prix de la pomme de terre au d�tail pourrait augmenter si la d�cision n�est pas prise en urgence. Il y a risque de voir le kilo atteindre 70, voire 80 DA d�s le mois de f�vrier prochain. Chantage Et la situation est d�autant plus critique que certains fournisseurs �trangers se livrent � un v�ritable chantage avec leurs clients alg�riens. �Ils ont exig� la lev�e de cette disposition, faute de quoi, ils ne vendront plus de semences � l�Alg�rie. Ce serait une v�ritable catastrophe puisque nous d�pendons toujours de l��tranger. Ce n�est d�ailleurs pas par hasard que le pr�sident de la F�d�ration europ�enne de la pomme de terre, J. N. Step, est � Alger depuis une dizaine de jours�, tiendra � pr�ciser notre producteur local. Reste � savoir quelle sera la r�action du minist�re de l�Agriculture ?