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CHRONIQUE DES TEMPS SORDIDES
Madaure, ma ville et ma passion� Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 26 - 01 - 2006

Le douar a bougrement gonfl�. Il a surtout pouss� vers les pi�monts du djebel Boussessou, dans un d�sordre aux couleurs vaguement gris�tres; ce qui laisse penser que cette extension a �t� faite sans tenir compte des r�gles �l�mentaires de l�urbanisme ou de l�architecture. A�n Hadjar est un bourg sans pr�tention, peupl� d�un conglom�rat de paysans mis�rables et de ch�meurs, tous n�ayant pas de quoi offrir le minimum � leur prog�niture.
Etal�e au pied d�une belle montagne de pins, cette tra�n�e de grosse mis�re se trouve � quelques encablures des ruines romaines de Madaure, cit� antique connue pour avoir donn� naissance � Apul�e, consid�r� comme l�inventeur du roman moderne avec son Ane d�ordont feu Doudou a traduit brillamment le texte en arabe. Voil� un alg�rien � au sens o� le territoire numide de l��poque fait partie aujourd�hui de l�Alg�rie �, voil� un fils de ce pays, issu de ses entrailles, c�l�bre dans le monde entier et l�un des rares � figurer dans toutes les encyclop�dies et les dictionnaires, qui est superbement ignor� par les autorit�s centrales et locales au point o� un d�bat byzantin et houleux s�est instaur� lorsqu�un intellectuel du coin a propos� de d�signer le lyc�e de M�daourouch du nom d�Apul�e. J�ai entendu un ancien responsable local dire que ce �type�, inconnu selon lui, ne m�ritait pas cet honneur ! Un autre lui a d�ni� le titre d�Alg�rien, car �il a �crit en latin� ! Un troisi�me pense qu�il s�agit d�un romain colonisateur ! Autant d�inepties peuvent �tre entendues tous les jours, n�importe o�, � propos de cette riche histoire d�avant l�islam que nous envient pourtant beaucoup de peuples ! Des dolmens de Roknia aux peintures rupestres du Tassili, chaque pouce de cette g�n�reuse et fi�re terre regorge d�histoire, pullule de t�moignages sur des racines plongeant dans les profondeurs du temps, fourmille d�archives � ciel ouvert ! Certains cercles d�obscurantistes, tout en nous contestant un avenir dans la modernit�, veulent nous priver d�une partie de nous-m�mes, en �censurant� l�histoire de nos a�euls ! Si la question de l�islam en Alg�rie a �t� r�gl�e depuis longtemps et ne souffre d�aucune contestation quant � son implantation, sa g�n�ralisation et son unicit� dans un pays qui, � l�instar de ses voisins maghr�bins, pratique sereinement sa religion dans la tol�rance et la fraternit�, il n�en est pas de m�me des autres composantes de notre personnalit� et des autres pans de notre longue et mouvement�e histoire qui souffrent d�une marginalisation incompr�hensible. L�Alg�rie a exist� avant l�islam et a donn� au monde des personnalit�s exceptionnelles � la dimension universelle. Avec Apul�e, nous pouvons citer cet autre Alg�rien, fils de Thagaste, l�actuelle Souk-Ahras, distante d�une trentaine de kilom�tres de Madaure. Celui qui est consid�r� comme l�un des piliers de l�Eglise chr�tienne est reni� par ces m�mes cercles qui le traitent de �m�cr�ant�, lui qui a v�cu bien avant l��mergence de l�islam ! Des imb�ciles heureux ont d�baptis� la rue qui porte son nom � Annaba (partant du cours de la R�volution et menant vers la place d�Armes) et c�est par miracle que le lyc�e local n�a pas connu le m�me sort malgr� plusieurs tentatives ! Cet Alg�rien a �tudi� � l�universit� de Madaure � l��poque o� cette cit� brillait par le savoir et la connaissance. Peupl�e de riches poss�dants, cette ville �tait c�l�bre par son universit�, l�une des premi�res � avec Carthage � du continent africain et le m�c�nat culturel de ses habitants. Ce qui attirait une foule composite d�hommes de lettres, de philosophes, de grammairiens, de math�maticiens et de rh�toriciens. On peut citer aussi Maxime de Madaure, grand grammairien et philosophe latin, Martilnus Capella auteur de Les Noces de Mercure et de la Philologie, roman �crit entre 410 et 439 et qui est n� � M�daourouch, vers le d�but du IVe si�cle. Grandeur et d�cadence ! M�daourouch, la fille de Madaure dont elle porte toujours le nom (M�daourouch est une d�formation du nom latin Madauros), est aujourd�hui une ville insipide, vide culturellement, morte scientifiquement et livr�e aux affairistes de tous bords ! En parcourant les chemins oubli�s de Madaure, livr�s � l�herbe folle et aux reptiles, je suis toujours saisi par une tr�s forte �motion et je ne sais plus si c�est par rapport � mes souvenirs d�enfance si intimement li�s � l�ocre sauvage de ces ruines ou parce que les terribles vents de l�histoire qui s�engouffrent dans les d�dales de cette cit� de l�gende semblent porter les voix des �tres qui vivaient ici, dans le tumulte des rues gonfl�es de vie, l��clat des rires juv�niles et les cris des vendeurs du march� local. Dans les labyrinthes de la cit� oubli�e, du c�t� du fort byzantin encore miraculeusement debout, j�ai parfois l�impression de voir filer une ombre furtive entre les pierres. Une Madaurienne drap�e dans sa tunique d�un blanc immacul� ? Un pr�tre activant le pas pour rejoindre la chapelle dont la tour se dresse toujours � quelques m�tres de la ferme des Belhouchet ? Peut-�tre est-ce le fant�me de saint Augustin, sortant de l�universit� encore debout, immense b�tisse reconstruite par les premiers arch�ologues qui travaill�rent ici ; ou l�esprit d�Apul�e, s�appr�tant � partir vers la lointaine Tripolitaine pour y �tudier les myst�res de la sorcellerie ? Il faut �tre juste, m�me si cela ne fait pas toujours plaisir � certains, et reconna�tre le r�le jou� par Abdelaziz Boutefika dans cette �renaissance� de la m�moire et la r�habilitation de cette partie de notre histoire, sujette � tant de manipulations. Mais il ne faut pas s�arr�ter en si bon chemin, sinon tout le travail accompli et la sensibilisation op�r�e n�auront servi � rien. La t�che est immense. Commencez par enseigner Apul�e de Madaure et ses textes � nos enfants ! Cet illustre �crivain m�rite d��tre reconnu par les siens. L�Ane d�Or est un merveilleux conte philosophique qui mettait en valeur, d�j�, l�humanisme. C�est l��uvre magistrale d�un pr�curseur tant dans sa forme d��criture moderne que dans sa vis�e p�dagogique. Certains y ont vu la d�nonciation du colonialisme romain � travers les yeux d�un homme transform� en �ne par sa curiosit� mal�fique pour la magie. Lisez-le et ajoutez ce livre � votre collection de Dib, Kateb Yacine, Mammeri, Malek Haddad, Mimouni, Djaout et tant d��crivains ayant �vol� � l�envahisseur sa langue pour l�utiliser comme �butin de guerre�. Apul�e de Madaure est de ceuxl�, m�me si son parcours est controvers� pour certains. Cet Alg�rien, fils de ces m�mes montagnes qui surplombent le bourg de A�n-Hadjar, aujourd�hui tristes et sans �me, m�rite que l�on s�int�resse � ses �uvres et que l�on r�habilite sa m�moire afin que les jeunes g�n�rations sachent que cette terre, riche en histoire et f�conde en culture, n�est pas le pays du n�ant ! J�ai fait un r�ve. J�ai vu nos grandes universit�s s�ouvrir � cette partie fertile de notre m�moire collective. J�ai vu les ruines romaines de Madaure �lev�es au rang de cit� d�art et d�histoire avec toutes les infrastructures et les commodit�s pour recevoir les visiteurs. J�ai vu des guides multilangues accompagner des cohortes de curieux cherchant les traces de saint Augustin et d�Apul�e. J�ai vu le fronton de l��tablissement secondaire de M�daourouch portant l�inscription �Lyc�e Apul�e de Madaure�. En attendant que ces r�ves se r�alisent, je dois avouer que j�ai �t� r�cemment surpris et heureux de rencontrer dans les rues pav�es de Madaure des petits groupes de touristes �trangers qui, malgr� les recommandations � exag�r�es parfois � de leurs pays, n�h�sitent pas � venir jusqu�ici en qu�te des savoir sur saint Augustin. Ce d�part timide du tourisme religieux peut �tre encourag� par l�Etat avec des mesures incitatives et la cr�ation d�un minimum d�infrastructures d�accueil. A ce titre, et pour l�anecdote, M�daourouch attend toujours le seul projet dont elle a b�n�fici� dans le cadre d�un programme sp�cial datant des ann�es soixante-dix : un mus�e pour mettre en valeur le riche patrimoine arch�ologique de la r�gion !
(6 mai 2004)
P. S.1 : De tr�s nombreux lecteurs m�ont demand� de leur envoyer ce texte. Comme il m�est difficile de le faire parvenir � chacun et aussi parce que je suis en panne d�id�e (la fameuse feuille blanche, hantise de tous les journalistes), je republie cette chronique en esp�rant que ceux, tr�s nombreux, qui me l�ont r�clam�e ne la rateront pas. D�tail : elle a �t� ramen�e aux nouvelles dimensions des chroniques de la page 24.
P. S. 2 : Il reste un peu moins de 5 mois avant la lib�ration de Mohamed Benchicou. J�esp�re qu�il aura le temps de r�pondre � notre invitation et d�honorer le m�choui que nous organiserons en son honneur, � Madaure, sur les terres de nos anc�tres.


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