L�homme d��tat que notre pays a accueilli cette semaine vient d�une terre que les Alg�riens ont appris � aimer et � respecter. Et pas seulement pour son football et ses l�gendaires dribbleurs sortis des favelas. Entre nos deux pays, il y a tant de ressemblances, tant de luttes communes et beaucoup d�espoir � partager avec les autres peuples du Tiers-Monde ! Du fin fond de la jungle amazonienne, v�ritable poumon de la plan�te, aux immensit�s ocres du Sahara, le r�ve est le m�me : b�tir un monde de justice et de fraternit�, se donner la main, par del� les oc�ans et les distances, pour avancer ensemble sur la voie de la justice et du progr�s. Cette route, d�j� difficile, est aujourd�hui rendue impraticable par l�app�tit f�roce du grand capital mondial, monstre crois� qui a une extraordinaire capacit� de muter, de changer de couleur pour tromper les peuples ; mais c�est sa voracit� qui le trahit : il m�ne les guerres pour contr�ler le p�trole, saccage des r�serves naturelles de la plan�te, perce l�ozone, d�veloppe les armes nucl�aires et propage la mis�re aux quatre coins du monde. Insatiable, il ne laisse que des miettes aux peuples du Tiers- Monde qui sombrent dans l�ignorance, le sous-d�veloppement, la mis�re, parfois m�me la famine, la maladie, etc. Pourtant, ce nouvel imp�rialisme qui croit triompher n�est qu�un �tigre en papier�, comme son pr�d�cesseur. A sa premi�re tentative n�ocoloniale, il s�embourbe d�j� en M�sopotamie o� les �lites �clair�es du peuple irakien refusent d�abdiquer face � la terreur des envahisseurs ! Qu�on les appelle terroristes, comme les fois pr�c�dentes, ne change rien � la donn�e du probl�me, ni � l�issue in�luctable de cette nouvelle guerre de lib�ration ! Ce nouvel imp�rialisme, soutenu par une pharamineuse puissance financi�re et un prodigieux arsenal militaire, absolument unique dans l�histoire de l�humanit�, n�est m�me pas capable d�assurer la s�curit� des villes qu�il occupe. Son plan initial pour la r�gion du Moyen-Orient, qui �tait, apr�s l�occupation de l�Irak, d�imposer sa loi � l�Iran et � la Syrie, est en train de prendre eau de toutes parts. Le r�gime de Bachar El Assad, accus� de tous les maux, r�siste courageusement � toutes sortes de pression alors que l�Iran s�av�re intraitable sur les questions de souverainet� nationale. Bien que ne partageant pas la m�me conception de la d�mocratie que les mollahs de T�h�ran, nous ne pouvons cependant qu��tre d�accord avec eux quant au droit, pour chaque nation libre, de poss�der sa propre industrie nucl�aire ! Le nouvel imp�rialisme, mis en d�route en Irak, accul� en Syrie, impuissant face � la d�termination iranienne, perd tout le terrain qu�il a gagn� dans sa propre arri�re-cour, en Am�rique latine, l� o� souffle de nouveau le vent de la r�volution. Alors que Cuba, symbole de la r�sistance h�ro�que aux assauts r�p�t�s du monstre, continue d�afficher la m�me d�termination et le m�me enthousiasme r�volutionnaire, voici venu le temps du r�veil des peuples latino-am�ricains ! Hugo Chavez et Castro ne sont plus seuls : la vague d��mancipation a fouett� la Bolivie et continue d�avancer jusqu�� la pointe chilienne, sur les terres du brave Allende, pr�sident d�mocratiquement �lu, abattu par les hordes de Pinochet ! Alors, si l�on n�a pas l� tous les ingr�dients pour mijoter un plat bien optimiste, si ces reculs du nouvel imp�rialisme et toutes les avanc�es des peuples ne suffisent pas � justifier ce sentiment d�espoir qui pousse comme un plant hivernal � la veille de l��panouissement printanier, que faut-il donc pour r�veiller les consciences engourdies ? Faut-il donc citer aussi le sursaut des peuples europ�ens qui ont rejet� les choix de l�ultralib�ralisme et mis en lumi�re les �checs r�p�t�s des grands argentiers et du capitalisme continental � imposer leur politique antisociale ? Justement, le pr�sident br�silien qui nous rend visite est l�exemple parfait des nouvelles tendances altermondialistes qui arrivent � trouver une voie, �troite mais bien r�elle, entre les app�tits f�roces du capital et le n�cessaire besoin de justice sociale dans des pays o� l�Etat ne doit pas abandonner son aide et son soutien multiforme aux couches les plus d�favoris�es. Confront� � la dure r�alit� �conomique d�un pays �mergeant dont la prosp�rit� repose sur le d�veloppement d�une puissante industrie priv�e, Lulla se pr�sente beaucoup plus comme un r�formateur que comme un r�volutionnaire d�cid� � en d�coudre avec le capitalisme. Dans cette �poque floue o� les grandes �coles s��puisent � d�finir les nouvelles orientations �conomiques, laissant appara�tre leurs limites et leur impuissance � comprendre les flux profonds qui remod�lent le monde, il n�est pas ais� de classer les d�marches des uns et des autres, d�autant plus que le d�r�glement id�ologique a tout brouill�. Et dans ce sac d�embrouille, il est encore plus compliqu�, pour les pays du Tiers-Monde, de trouver leur voie. Mais, si les temps ne sont plus � la collectivisation et � la dictature du prol�tariat, il faut savoir faire la diff�rence entre les int�r�ts nationaux bien compris et ceux du grand capital �tranger ; autrement dit avoir le courage de s�opposer aux multinationales, �viter le bradage des entreprises, encourager l�investissement productif, s�opposer � l�exploitation des ouvriers, augmenter les salaires des travailleurs, mener une politique hardie en termes de protection sociale et d�aide aux plus d�munis. C�est, aujourd�hui, le minimum vital que l�on peut exiger des gouvernements du Tiers-Monde. Les nouveaux bourgeois, qui ont vendu leur �me au capital �tranger et � qui il manquera toujours le talent et le g�nie des anciennes classes poss�dantes, n�ont aucune perspective, ni strat�gie. Amasser le maximum de sous, polluer tous les march�s, tous les secteurs pour en tirer du profit, et rien que du profit, voil� leur seule d�marche. Et puis, comme ils sont incapables de tout sentiment patriotique, ils chercheront � investir le produit de leur rapine � l��tranger, attendant pour cela de quitter le pouvoir � ou d��tre pouss�s en dehors du cercle des d�cideurs � pour aller vivre leur vie de pacha ailleurs, et qui n�est en fait qu�une vie de honte et de d�ch�ance. La seule alternative � cette politique de la terre br�l�e est la mobilisation des �lites honn�tes et attach�es au pays, ces centaines de milliers de cadres marginalis�s et r�duits au silence parce qu�ils refusent les courbettes et les baisemains, ces braves patriotes qui n�ont pas quitt� l�Alg�rie au moment o� elle sombrait sous les coups des int�gristes arm�s, pr�f�rant une mort digne � la fuite avilissante ! C�est dans le regard de ces intr�pides que je lis l�avenir de mon pays ! C�est dans leur r�solution � rester ici co�te que co�te que je comprends les pulsations de cette terre que nous n�abandonnerons jamais ! Les voleurs partiront lorsque le compte en Suisse sera bien rempli ! Nous resterons ici pour reb�tir ce qu�ils auront d�truit et pour redessiner, sur les visages d�faits de nos enfants, un sourire nouveau qui donnera de belles couleurs au si�cle ! M. F. P. S. : C�est par hasard que j�ai appris que la tour Eiffel et la statue de la Libert� �taient faites d�un acier provenant du minerai du Zaccar dont la teneur en fer est sup�rieure � la normale. Le Zaccar a enfant� un autre monument que je salue bien bas apr�s 600 jours de prison. Un monument en or massif qui porte sur ses fr�les �paules la l�gende des hommes debout. Du Zaccar, mais aussi du Dahra, de l�Ouarsenis, du Hoggar, des Aur�s, du Djurdjura, du Gouraya et de toutes les cimes de mon pays�