�Les jeunes n�ont pas d�autres alternatives dans cette ville que l�oisivet� et la zetla�, ces paroles �manaient d�un groupe rassembl� devant le si�ge de l�APC. �Th�nia : Allah yarhamha�. La col�re augmente et am�rement les langues se d�lient. �Th�nia lance un SOS !�, nous dit un jeune de la ville qui s�appr�tait � rejoindre en compagnie d�autres citoyens en majorit� de jeunes le bureau du maire, M. Halouane, �lu FLN, o� les attendaient les autorit�s de la municipalit� � leur t�te le chef de la da�ra. Ce dernier samedi de f�vrier, un groupe de jeunes de la localit� � leur t�te Hamidouche Bouteldja, �tait d�cid� � fermer l�autoroute pour protester contre la marginalisation et le ras-le-bol, v�cus quotidiennement par les quelque 30 000 habitants que compte l�une des plus anciennes communes de la r�gion sinon de tout le pays. La ville de Boumerd�s d�pendait avant 1985 de cette commune. La comparaison actuellement est impossible � faire. D�o� la forte impression de rejet de la part des autorit�s qui a fait na�tre le sentiment de frustration de la population de Tizi-n�A�t-A�cha, chef-lieu de la da�ra de Th�nia, situ� au centre de la wilaya de Boumerd�s. Ce samedi, la sagesse avait n�anmoins pr�valu. Halouane Djillali, personnage estim� et �cout�, et Bentaleb, sont intervenus pour former une d�l�gation d�une vingtaine de personnes qui avait �t� invit�e dans le bureau du chef de la da�ra o� �tait �galement pr�sents le commissaire Rachid et le chef de la brigade de gendarmerie. �Les citoyens de notre localit� ont toujours �t� sensibles au sort de leur ville mais ils sont de nature pacifiste�, lance d�embl�e, M. Rahmoune. N�en d�plaise � quelques t�tes pensantes de la ville qui pr�tendent que certains meneurs de la contestation sont des marginaux, force est de dire qu�ils ont eu un comportement exemplaire devant les officiels de la ville. Comportement que leur envieraient biens des �lus de la commune justement d�cri�s par la population locale pour leurs magouilles et leurs trafics de tous genres. Nous y reviendrons. A l�entame de l��num�ration des probl�mes, M. Bentaleb, commer�ant, prend la parole et aborde les points de la liste des dol�ances. L�ind�cision concernant le lancement du projet de l�h�pital de 120 lits � l a place de celui d�truit par le s�isme ainsi que la fermeture de certains services comme l�orthop�die, la maternit�, l�ORL, la radiologie..., avaient �t� les premiers points de cette liste. C�est dire que ces d�l�gu�s ont mis audevant les pr�occupations de leurs concitoyens. �C�est l�h�pital qui avait un caract�re r�gional et strat�gique, puisqu�il est situ� le long de la RN5. Son fonctionnement rendait service aux populations des r�gions est, du centre du pays et il faisait vivre quelque peu la ville�, ajoute Rahmoune Djillali. A rappeler que cet �tablissement sanitaire �tait un CHU. Contact� � ce propos, le docteur Namani, directeur de la sant� de la wilaya, nous a affirm� avec force : �Ce projet ne sera jamais d�localis�. D�ailleurs l�entreprise charg�e de la r�alisation est d�ores et d�j� pr�s�lectionn�e.� Certains commer�ants r�duits � la pr�carit� � cause du s�isme et de l�absence de l�Etat � leurs c�t�s faisaient l�objet d�inqui�tudes. Sur ce point, le chef de brigade qui connaissait la ville dans les ann�es 1970 apporte son t�moignage sur la r�gression effarante de cette activit� dans cette ville et d�plore par ailleurs : �Ses enfants pr�f�rent aller ailleurs.� Quant au P/APC de l�ex-M�nerville, il affirmait qu�il refusait de d�livrer des autorisations provisoires et ce, pour ne pas alt�rer l�environnement. S�agissant de l�anarchie qui s�est install�e au centre-ville et qui a vu les commer�ants envahir les trottoirs et d�sert� les carreaux d�un march� transform� en d�potoir, le commissaire s�est dit sensible au probl�me qui est, selon lui, discut� avec les responsables concern�s. �Les b�n�ficiaires des carreaux seront convoqu�s incessamment et ils seront mis en demeure de reprendre l�activit� ou se d�sister des affectations qui leur avaient �t� accord�es�, pr�cise M. Halouane. S�agissant de la r�partition des chalets qui soul�ve en partie la col�re et l�indignation de la population, les intervenants n�ont pas malheureusement rapport� les dires de leurs concitoyens. Par contre, M. Bentaleb est revenu � la charge pour d�noncer le manque de transparence et l�absence des listes des b�n�ficiaires. �Tout le monde sait que les �lus se sont servis � sati�t�. Le deuxi�me vice-pr�sident �lu sur la liste du MPS avait attribu� deux chalets � ses s�urs qui r�sident habituellement � Kouba, un troisi�me � son fr�re se trouvant � l��tranger et s�est adjug� une autre habitation au nom de son �pouse�, nous ont confi� les jeunes avant le d�but de cette s�ance de travail. De son c�t�, le maire s�est am�nag� une r�sidence avec un chalet et avait am�nag� la route d�acc�s. Justement, cette route, longe le bidonville de Caraterro o� une trentaine de familles qui avaient quitt� le village de Gueddara pour fuir le terrorisme, occupent des baraques en t�le. M. Ghemati qui a fui A�n-El-Hamra, � Bordj-Menae�l, o� �taient assassin�s quatre membres de sa famille, a �t� exclu de la liste des attributaires sociaux des chalets. A Th�nia, c�est la concr�tisation de l�adage : charit� bien ordonn�e commence par soi-m�me. En la mati�re, les agents d�p�ch�s par la wilaya pour effectuer un recensement d�plorent la r�tention des informations. La col�re des protestataires est, par ailleurs, d�autant plus grande pour la simple raison que c�est eux, surtout les jeunes, qui avaient une certaine nuit de juin 2003, occup� et ferm� la RN5, en s�exposant � la r�pression pour exiger des quotas de chalets plus importants pour leur commune. Pr�cis�ment dans le domaine de relogement, des victimes du tremblement de terre de mai 2003, tr�s nombreuses, les membres de cette d�l�gation n�ont pas cach� leur courroux. �Quelle est l�explication qui pourrait justifier ce retard de trois ann�es apr�s la catastrophe. Nous ne voyons aucune issue � notre sort sinon on nous propose d�abandonner notre pass� et de nous exiler vers d�autres villes�, s�indigne Hamidouche. �C�est une mani�re de vider la commune de ses enfants�, proteste un intervenant. Le sentiment de frustration est palpable chez les sinistr�s de la commune. Et pour cause, lorsque dans d�autres communes, les derni�res familles sinistr�es sont sur le point d�occuper leurs nouvelles habitations, � Th�nia, par contre, aucun projet de construction n�a encore d�marr�. Quant � l�aide � la construction de 500 000 DA, la commune aurait b�n�fici� de 300 unit�s mais � ce jour aucune liste n�a �t� affich�e. L�activit� sportive susceptible d�absorber l��nergie juv�nile est r�duite presque � n�ant. De 14 sections qui comptait la localit� et qui avaient donn� des satisfactions durant les ann�es les plus noires de la ville, notamment celles pendant lesquelles le terrorisme assi�geait la r�gion, il ne reste que l��quipe de foot qui v�g�te dans le championnat de l�interwilaya, l��cole de foot et quelques judokas qui s�accrochent d�sesp�r�ment � un pass� r�cent plein de m�rite. C�est le tableau d�plorable dress� par le pr�sident du CSA. �D�ici l�ann�e prochaine, il n�y aurait plus personne pour poursuivre les efforts�, calmait l�ex-champion d�Alg�rie en judo qui est pr�sentement tr�sorier du CSA. De son c�t�, Sofiane Arar n�a pas manqu� de fustiger l�actuelle directrice de la jeunesse et des sports de la wilaya qui, selon lui, �distribue les subventions en fonction des relations�. Mme Khellili aurait, selon lui, ordonn� la fermeture de la salle omnisports pour la pratique sportive, tandis que cette structure est c�d�e r�guli�rement pour les c�l�brations des f�tes familiales. Des non-dits avaient plan� durant cette r�union et les d�l�gu�s dans le souci de dialogue se sont abstenus � parler de certaines affaires. En ville, en effet l�opinion s�interroge sur l�utilit� d�am�nager des trottoirs dans un espace (l�actuel march� hebdomadaire) qui sera probablement utilis� pour la construction de logements. �Vous devriez enqu�ter justement sur la fa�on dont sont attribu�s les projets de construction de ce trottoir et d�un mur de sout�nement des logements LSP�, nous lan�ait un entrepreneur de la localit� qui ajoute : �Vous trouverez des preuves.� La preuve d�une mauvaise programmation est que tous les trottoirs de la ville sont d�t�rior�s et on commence la r�novation par ceux qui sont en dehors de la cit� et qui seront rapidement d�truits pour les besoins de lancements de projets neufs. D�autres personnes nous ont sugg�r� de s�inqui�ter pour savoir comment un �lu qui plus est employ� des services techniques de l�APC se voit attribuer par le biais d�une entreprise cr��e sous le nom de son �pouse, une convention de 400 000 000 de centimes la prise en charge de travaux hygi�niques et le nettoyage des caniveaux de la ville. �Le code des march�s d�adjudication est viol�. L�administration de tutelle et les services de s�curit� sont au courant de ces affaires et ils ne font rien�, proteste-t-on en ville. La prolif�ration des sangliers qui d�ambulent en pleine journ�e dans les alentours du centreville, nous l�avions constat� de visu, nous renseigne pr�cis�ment sur l�enl�vement des ordures m�nag�res et l�entretien des quartiers. Visiblement, la d�l�gation � l�issue de la rencontre n�avait pas �t� satisfaite par les r�ponses donn�es par les responsables. Bouteldja n�a pas cach� sa d�ception : �Nous attendrons, s�il n�y a rien de concret nous fermerons la route et �a va se savoir en haut lieu. Vous pourriez nous arr�ter ou m�me tirer sur nous ! Nous sommes d�j� morts dans cette ville morte !�, dit-il avec d�pit. Plus mesur�, M. Rahmoune, demandait la copie du PV de cette r�union. Une semaine apr�s ce comit� improvis� n�avait toujours pas re�u sa copie du PV. Apr�s une longue p�riode de l�thargie voire de passivit�, des pans de la soci�t� de la ville de Th�nia exigent d�sormais qu�on les �coute. Ils n�attendent qu�un cadre organis� pour structurer leurs contestation dans le temps. �a commence � bouillonner sec, en effet, dans les quartiers de l�ex-M�nerville.