Monsieur la Pr�sident, Mohamed Benchicou, journaliste et directeur du quotidien le Matin, dont je suis l��pouse, est incarc�r� depuis le 14 juin 2004, soit trois mois apr�s la parution de son livre Bouteflika, une imposture alg�rienne, imprim� et vendu clandestinement. Les imprimeurs et les libraires ayant �t� tous menac�s par des �inconnus � si, d�aventure, ils imprimaient ou commercialisaient l�ouvrage en question. La cabale autour des bons de caisse a �t� mont�e contre mon mari en ao�t 2003 par le ministre de l�Int�rieur qui avait jur� publiquement, lors d�une conf�rence de presse tenue quelques jours auparavant, de �faire payer� Mohamed Benchicou pour avoir publi� les r�v�lations d�un citoyen sur le pass� de tortionnaire de ce ministre quand il �tait chef de la S�curit� militaire dans les ann�es 70. Le quotidien le Matin (150 000 exemplaires/j), qui avait �galement publi� des enqu�tes sur des malversations et les passe-droits au profit de vos interlocuteurs et de leurs proches, a �t� ferm� et son si�ge vendu aux ench�res en juillet 2004 en l�espace record de trois jours suite � un r�glement de comptes d�guis� en redressement fiscal. Monsieur le Pr�sident, je vous mentirais si je vous disais que je fondais tous mes espoirs sur votre visite en Alg�rie pour la lib�ration de mon mari incarc�r� depuis maintenant 22 mois, mais j�avoue que je ne m�attendais pas � ce que vous accr�ditiez la th�se de vos interlocuteurs d�sormais mise en faillite par les faits eux-m�mes. Comme je ne comprends pas que sous ce pr�texte vous ayez occult� la condamnation pour des d�lits de presse des autres journalistes, de tous les autres. Monsieur le Pr�sident, j�ose esp�rer que votre d�claration � la presse alg�rienne, au demeurant en retrait par rapport � la r�solution adopt�e le 8 juin 2005 par le Parlement europ�en, n�a pas d�finitivement �corn� l�image que nous avons en Alg�rie de l�institution que vous pr�sidez. Monsieur le Pr�sident, je ne pouvais pas ne pas r�agir � votre d�claration qui a suscit� en moi col�re et d�ception. C�est pourquoi je vous adresse cette lettre et toute la documentation que j�estime � m�me de vous �clairer sur le danger qu�encourent les journalistes en Alg�rie dans l�exercice de leur m�tier de la part m�me de vos interlocuteurs. En esp�rant que vous accorderez le temps n�cessaire � la lecture de mon volumineux courrier, je vous prie de croire, Monsieur le Pr�sident, � ma tr�s haute consid�ration.