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INTERVIEW/ MOULOUD OUNNOUGHENE, PRODUCTEUR ANIMATEUR DE L'EMISSION �WARTILAS� A LA RADIO CHAINE II AU �SOIR D�ALGERIE� "Notre paysage audio-musical est full de full de fusion"
Mouloud Ounnough�ne est producteur animateur de l'�mission �Wartilas�, musique du monde, � la cha�ne II de la Radio nationale alg�rienne diffus�e tous les mardi de 21h30 � 22 h. Dans cet entretien, il parle de son �mission, de la musique et particuli�rement de sa passion du m�tier de l�animateur radio. Mouloud Ounnough�ne, dans la vie, est m�decin sp�cialiste � Bordj Bou-Arr�ridj, mais aussi, ils est le leader du groupe les Massin�s. Il vient de sortir un album tr�s �th�rapeutique�. Le Soir d�Alg�rie : Quel est le parcours qui vous a amen� � faire de la radio ? Mouloud Ounnough�ne : C�est naturellement la musique. En effet, j�ai commenc� � faire du piano depuis l'�ge de 7 ans. En parall�le � ma scolarit�, j'ai approfondi mes connaissances en harmonie et solf�ge. Progressivement, il s'est d�velopp� en moi une �coute active, en d'autres termes, je ne pouvais �couter un morceau sans d�crypter l'ossature, le rythme ou la ligne m�lodique. Je portais une attention � beaucoup de styles ou genres comme le disait si bien Oswaldo Audrade : �Il faut tout mixer, tout r�gurgiter, mais au moment de la digestion, savoir choisir.� C'est dans ce contexte que j'ai travaill� avec des groupes musicaux dont le dernier en date Massin S s'attelle � reharmoniser entre autres des m�lodies traditionnelles en World. La radio, je suis pass� plusieurs fois comme intervenant, le d�clic, je pense l'avoir eu il y a quelques ann�es � Radio bleu de Belfort (France). La rencontre avec la cha�ne II s'est faite un peu par hasard et agr�ablement, j'en remercie au passage la direction. Vous r�cup�rez un cr�neau, quelle est votre marge de man�uvre ? Je pense que l��mission �Wartilas�, musiques du monde, est un concept novateur. On n'est pas format� seulement pour un genre ou style musical ; l�auditeur a d� certainement constater le surf du blues rural le plus dur jusqu'� la musique classique universelle. Cependant nous essayons d'�tre assez didactique et accessible, le choix des titres doit �tre assez m�lodieux, pas trop syncop� et dans la mesure du possible accessible, par exemple lors de l'�mission sur Jean- S�bastien Bach dans un premier temps on fait d�couvrir Angelika Akbar qui joue fugue et toccata mais dans une version accompagn�e par un bendir ou un bouzouk puis progressivement on s'inscrit dans l'�poque. Le tout, au fond, c'est de la culture g�n�rale musicale fouill�e et adapt�e. Vous parvenez � apporter des choses ? Vous savez � mon sens, on ne pense pas assez � ce que nous jouons ou �coutons. Notre paysage audio-musical est full de full de fusion. Dans le rock, par exemple, la confusion est totale, c�est devenu un fourre-tout sonore. Le vocable de musique moderne est usit� � tort pour d�signer les musiques actuelles. Alors que cette musique a travers� les courants baroque, classique, romantique pour entrer dans l'�re moderne puis contemporain et �lectro-acoustique pour �tre aujourd�hui acousmatique �musique d'ordinateurs�. Dans un tout autre registre, nombre de musiciens ignorent que le m�diator ou le jeu de guitare par picking vient du blues et que le bluesman Lonnie Johnsone est l'inventeur de la guitare solo (note par note). La session sur le reggae nous a permis de d�couvrir la Jama�que et ses rythmes d�riv�s comme le rock steady (pr�curseur du reggae) ou le ska. Il y a eu d'autres th�mes musicaux qui ont fait une attention particuli�re comme les musiques celto berb�re, le rap et le funk. Quelques courants jazzistiques ont �t� aussi trait�s. Pour le probl�me de terminologie, ce qui est universelle le reste, il est expliqu� en kabyle. Vous avez fais une �mission qui a catalogu�e en quelque sorte la Cha�ne II dans une branche particuli�re. Comment r�agis-tu � ce ph�nom�ne ? Dans un pays comme le notre ou l'oralit� prime, il est temps de s'inscrire dans une d�marche universaliste pour ne pas perdre le train en route, naturellement sans omettre ses sp�cificit�s. Musicalement, aujourd'hui la terre est un village qui a comme langue la cl� de sol. La culture d'une fa�on g�n�rale comme l'affirme Jacques Lacarri�re, c'est tout ce qui refuse les similitudes, l'immobilisme des racines, c'est aussi s'enrichir en se m�tissant. C'est chercher le diff�rent, le dissemblable. E n tous les cas, c�est dans cette optique que je m'inscris du moins en musique. Quelle est pour vous la radio id�ale ? L'auditeur est aujourd'hui en qu�te de sensations fortes et d'�motions neuves. Cet instrument devrait lui assurer un zapping anthologique pour assouvir ses curiosit�s. La radio doit accompagner l'auditeur d�s son r�veil en se souciant �videmment de ses pr�occupations. En r�pondant � ses interrogations, en le distrayant �galement par des �missions divertissantes, � chaque tranche horaire un son, une musique, un mot. La radio doit sortir plus souvent des studios prospecter, investir et encourager les tendances actuelles. Musicalement, l�acoustique devrait prendre le dessus sur l'�lectronique. Moduler les plages sonores en fonction des tranches horaires : r�veil plus doux, booster l'apr�s-midi puis aller d�crescendo en soir�e. Inciter � des d�bats critiques afin d'assainir et d'�lever le niveau de la chanson. Enfin s�acclimater aux tendances actuelles � titre d'exemple le compositeur br�silien Caetano Veloso, un des artistes les plus prolifiques, a mix� le rock � la bossa nova en traduisant les bruits urbains avec une subtilit� adapt�e aux sensibilit�s musicales actuelles. En d�finitive, la radio id�ale serait celle qui se rapproche le mieux de ses auditeurs et de ses concitoyens.