Au moment o� les hordes islamistes, chouchout�es actuellement par le pouvoir, faisaient exploser, juste � quelques encablures du centre-ville de Boumerd�s, une bombe pour commettre un carnage, des jeunes c�l�braient sereinement le double anniversaire du 20 Avril 1980 et du Printemps noir. Ces jeunes, qui ont arpent� les rues ce jeudi, n�ont que leur fougue juv�nile, leur id�al sur la d�mocratie, leur attachement pour leur pays et leur amour pour la vie qui les poussent � crier haut et fort de mani�re pacifique leur ressentiment de l�injustice : celle par laquelle le pouvoir politique se ligue contre la langue, la culture qui les identifient � leur pass� s�culaire. �Je suis ici pour dire ma fiert� d��tre amazighe et alg�rienne. Je participe aussi pour symboliser toutes ces jeunes filles qui ne peuvent pas �tre pr�sentes aujourd�hui pour revendiquer leurs droits, leur identit�, leur amazighit�, nous d�clara au milieu du cort�ge de cette marche, Lydia, 19 ans, �tudiante � l�INIM de Boumerd�s. Elle �tait superbement habill�e pour l�occasion d�habits traditionnels kabyles. Sa copine Fatiha, 19 ans, �galement tout autant joliment v�tue intervient et approuve. Brandissant la banderole �La kabylie n�est pas � vendre�, Samiha, 20 ans, �tudiante � l�INIM ass�na : �Je suis ici pour prendre la rel�ve ! Mais �galement pour revendiquer l�officialisation de tamazight et la libert� d�expression !� Toufik et Nacer participent � cette marche parce que la cause d�fendue est sacr�e. �Sophistiquer la r�pression par la distribution de privil�ges � des client�les du r�gime est une solution �ph�m�re. La marche de l�histoire finira par vaincre l�oubli et la marginalisation�, estime Nacer. Les vieux militants du mouvement berb�re peuvent se tranquilliser ceux qui leur succ�deront dans la lutte pour la reconnaissance officielle de tamazight langue et culture sont d�j� sur le terrain. Cette marche a �t� organis�e, rappelons-le, � l�initiative de la coordination des �tudiants de l�universit� M�hamed-Bouguerra. Apr�s un regroupement des participants au campus nord de l�universit�, les marcheurs ont sillonn� les principales art�res du chef-lieu de la wilaya de l�ex-Rocher Noir. Les marcheurs portaient des banderoles sur lesquelles ont pouvait lire �La Kabylie n�est pas � vendre !�, �D�mocratie d�abord !�, �A bas la r�pression !�. D�s que le cort�ge s�est �branl�, la foule entonna, �Azoul fellaou�ne Boumerd�s Imazighen� (que le salut soit sur vous, Boumerd�s est amazigh). Ensuite ce sont les slogans anti-pouvoir longtemps chant�s dans toutes les contr�es de cette Kabylie meurtrie par des ann�es de lutte qui ont repris, pendant toute la dur�e de cette manifestation, par les marcheurs. Arriv�s devant la porte officielle de la wilaya de Boumerd�s, les organisateurs ont lu une d�claration. �Nos certitudes aujourd�hui, sont les m�mes que celles qu�avaient nos a�n�s dans une cha�ne interminable remontant les si�cles. Nous savons qui nous sommes : des Alg�riens d�abord et avant tout�, �crivaient les r�dacteurs qui d�non�aient en outre �les l�ches assassinats commis par un pouvoir r�pressif et corrompu, durant le Printemps noir�. Les manifestants fustigent, par ailleurs, le pouvoir pour sa politique r�pressive contre les journalistes, les syndicalistes et autres militants, la mise � mort de la soci�t� pour l��loigner des revendications populaires et l�gitimes, notamment les droits culturels et enfin ils mettent � nu l�instrumentalisation des institutions de l�Etat et de l�administration par ce m�me pouvoir. L�officialisation de tamazight sans passer par la voie r�f�rendaire, le respect des libert�s individuelles, la libert� d�expression et l�ouverture du champ m�diatique sont les revendications formul�es par les participants. A l�issue de cette marche, les organisateurs ont transcrit, symboliquement, en tifnagh le nom de l�universit� de Boumerd�s sur le fronton du rectorat. Massinissa pr�sident de l�association Cirta a eu l�honneur de tracer la premi�re lettre. Pour Mechenane Aziz, le coordinateur du collectif estudiantin proche du RCD, cette marche est une r�ussite. �Chaque ann�e et � chaque occasion, nous descendrons dans la rue pour d�noncer l�injustice, la r�pression, le d�ni culturel et identitaire. Ce sera pour nous une lutte pers�v�rante, pacifique et pleine d�espoir. Nos actions aussi bien organiques que publiques visent en outre � restituer � l�universit� alg�rienne sa force de centre de d�bats rationnels et d�mocratiques et un lieu o� seront �mises des propositions� ajoutera-t-il. Les marcheurs se sont s�par�s dans le calme. A noter la pr�sence des policiers qui ont d�gag� la circulation permettant � la marche de se d�rouler dans un climat serein.