Attentats à la bombe, véhicules piégés et kamikazes. Tous ces modes opératoires des hordes terroristes n'ont laissé dans leur macabre sillage que morts, blessés et désolation. La peur et l'angoisse du lendemain sont de retour. Manifestement, l'histoire se réédite. Les années de braise sont de retour. Après quelques années d'accalmie relative, la vie dans les villes et villages de Bouira, devient de plus en plus inquiétante. Une situation générée par les derniers attentats terroristes. La région a renoué avec l'activité terroriste. Depuis juillet 2007, date du premier attentat kamikaze perpétué dans la région et visant le campement militaire près de Lakhdaria, jusqu'au double attentat kamikaze du 20 du mois en cours, la wilaya de Bouira, à l'instar de quelques régions de pays, notamment Tizi Ouzou et Boumerdès, compte ses morts. Attentats à la bombe, véhicules piégés et kamikazes. Tous ces modes opératoires des hordes terroristes n'ont laissé dans leur macabre sillage que morts, blessés et désolation. La peur et l'angoisse du lendemain sont de retour. Elles hantent le quotidien du citoyen. Et en plus des actes perpétrés au cours de l'année et dont le nombre atteint plus d'une dizaine, un autre état de fait vient embrouiller toutes les pistes. L'intox fait son chemin. Au cours de ces derniers mois, les rumeurs ne cessent de se propager. Des véhicules bourrés d'explosifs et des kamikazes armés jusqu'à la ceinture circulant à travers les villes sont sur toutes les lèvres. La peur augmente. Le citoyen ne sait plus où donner de la tête. Il a la phobie du dehors. Au centre-ville de Bouira, une semaine après les deux sanglants attentats kamikazes ayant fait 13 morts et une quarantaine de blessés, la peur ne s'est pas dissipée. Elle est toujours de mise. La psychose gagne l'ensemble de la population qui craint le pire. «Comment pourrait-on dire que nous sommes à l'abri, alors que les kamikazes peuvent frapper partout et à tout moment», dit un citoyen de la ville, qui garde toujours le triste souvenir de la matinée de mercredi de la semaine passé. «Impossible d'oublier la terreur de l'autre jour», ajoute la même personne. L'arrivée du mois de Ramadhan suscite aussi des doutes. Un mois connu pour être, par le passé, la période idéale pour les hordes sanguinaires de parfaire leur oeuvre inhumaine. «Faut toujours se méfier, la terreur terroriste ne prévient jamais personne», préfèrent dirent quelques-uns. Au niveau des quartiers touchés par les derniers attentats, bien que les traces soient presque effacées, les riverains restent accablés par le choc. Une semaine est déjà passée et les habitants de la ville peinent à se remettre du cauchemar. Aller aujourd'hui de Bouira-ville à Lakhdaria est devenu un périple angoissant. Des explosions peuvent s'entendre à tout moment. Les gens croient, à juste mesure, que leur vie est en danger permanent. «La situation s'est dégradée ces derniers temps, à Lakhdaria, il ne se passe pas une semaine sans qu'une bombe n'explose quelque part», témoigne un habitant de Lakhdaria. «Si ça continue à ce rythme, on risque de devenir comme le Pakistan», a-t-il ajouté. La tension est à son haut niveau. Il y a de l'électricité dans l'air. L'atmosphère est surchargée. Avec son relief de montagne et ses denses forêts, Lakhdaria était le bastion des groupes terroristes du Gspc. Le mont de Zbarbar, synonyme, autrefois, de terreur, hante toujours les esprits. Actuellement, le périmètre du danger s'est étendu pour gagner plusieurs régions du nord-ouest de la wilaya, en l'occurrence Kadiria, Aomar et ce, jusqu'à la ville de Bouira. Parallèlement à cette zone chaude, il y a lieu d'ajouter une partie de l'est de Bouira, où une activité terroriste est signalée de temps à autre, notamment dans la commune d'Ahnif, située 40km à l'est du chef-lieu et la région du Saharidj, au pied du mont Lala Khedidja. Certes, les attentats perpétrés dans ces régions sont de faible ampleur mais il n'en demeure pas moins que le danger est réel. Et il est bien réel au nord-ouest de la wilaya où se niche le groupe de l'ex-Gspc, qui s'est rallié depuis janvier 2007 à l'organisation terroriste d'Al Qaîda, sous l'appellation d'«Al Qaîda au Maghreb islamique», Aqmi, sous la houlette de Droukdel. Dans cette région, les attentats se poursuivent au point de faire craindre un retour fatal aux années passées. Aidés par la géographie de la région, constituée de massifs montagneux reliant les zones les plus inaccessibles du centre de pays, à savoir l'est de la wilaya de Boumerdès, le sud-est de Tizi Ouzou et le nord-ouest de Bouira, les groupes armés tentent de dicter leur loi. Et la peur. Aux yeux de certains avertis du dossier, le recours aux attentats, le plus spectaculaires dans la région, serait une manière de desserrer l'étau imposé par les éléments de l'ANP. Certes la lutte antiterroriste se poursuit intensément à travers ces régions, mais la peur de se réveiller un jour sur une nouvelle attaque terroriste se lit toujours sur les visages. Après les derniers attentats, les vieilles peurs ont refait surface. La région d'Aomar, les hauteurs de Kadiria et plusieurs hameaux de cette partie de Bouira, sont devenus le fief des sanguinaires. La chronologie des actes terroristes qui y ont été perpétrés édifie, à plus d'un titre, cette thèse. Les quatre attentats kamikazes ayant fait plus d'une vingtaine de morts parmi des militaires et des civils, et des dizaines de blessés, les attentats à la bombe ayant ciblé des militaires à Zbarboura, près de Lakhdaria et les actes de sabotage du gazoduc, situé au nord de la commune de Aomar, résument, à plus d'un titre, la dégradation de la situation sécuritaire dans la région.