Proche d'un nouveau sacre en Championnat d'Italie de football, la Juventus Turin se retrouve dans l'oeil du cyclone apr�s la publication dans la presse de conversations t�l�phoniques embarrassantes entre son directeur g�n�ral Luciano Moggi et un responsable arbitral. L'�talage depuis plusieurs jours au grand public de retranscriptions d'�coutes t�l�phoniques ordonn�es par la justice en 2004 met notamment en lumi�re les relations de complicit� entre Luciano Moggi, un des hommes les plus puissants du Calcio, et Pierluigi Pairetto, ancien arbitre charg� � l'�poque de d�signer les hommes en noir pour les rencontres. A plusieurs reprises, Luciano Moggi, 68 ans, indique ses pr�f�rences pour des matches amicaux pr�paratoires � la saison 2004- 2005 et Pierluigi Pairetto laisse entendre qu'il fera son possible. Mais les discussions concernent �galement des confrontations de la Ligue des Champions 2004-2005, notamment un tour pr�liminaire o� les Turinois affrontent avec succ�s les Su�dois de Djurgarden en match aller-retour en ao�t 2004, puis une rencontre de la premi�re phase, o� la Juventus l'emporte 1-0 � Amsterdam, sur le terrain de l'Ajax, en septembre de la m�me ann�e. Quelques jours avant ce match, M. Pairetto, � l'�poque �galement vice-pr�sident de la Commission arbitrale de l'UEFA, fait savoir � M. Moggi qu'il a "mis un grand arbitre pour la partie d'Amsterdam", en l'occurrence le Suisse Urs Meier. "C'est g�nial", r�pond alors le directeur g�n�ral de la Juventus, qui promet � son interlocuteur de ne "pas l'oublier". Avec rapidit� Ces conversations, publi�es notamment par le quotidien sportif de r�f�rence La Gazzetta dello Sport et Il Corriere della Sera, n'ont pas permis � la justice d'�tablir un d�lit de corruption et le parquet de Turin a class� l'affaire il y a plusieurs mois, mais l'�pais dossier de 272 pages a �t� transmis � la F�d�ration italienne de football (FIGC) qui a d�cid� d'ouvrir sa propre enqu�te. Son pr�sident, Franco Carraro, n'a pas cach� son agacement vendredi matin, � un mois de la prochaine Coupe du monde, o� l'Italie figure parmi les favoris. "Je suis dans le m�me �tat d'esprit que des millions de supporters, qui sont troubl�s, tristes et en col�re", a-til d�clar�, avant de promettre : "La justice sportive agira avec s�rieux, rapidit�, s�r�nit� et rigueur". La veille, le pr�sident du Comit� olympique italien (Coni), Gianni Petrucci, a demand� que la F�d�ration "acc�l�re au maximum cette enqu�te dans l'int�r�t de tous". "Ceux qui ont commis des fautes doivent payer (...) il y a un Mondial � nos portes", a-t-il ajout�. "Changement de culture" La Juventus Turin, dont les joueurs observent un silence radio rigoureux � deux jours d'un possible 29e sacre en Championnat, s'est d�fendue vendredi par le biais de son administrateur d�l�gu� Antonio Giraudo, selon qui "une analyse objective de la documentation fait ressortir une absence d'irr�gularit�s". Mais pour beaucoup d'observateurs, l'affaire illustre une nouvelle fois les maux profonds du Calcio, entrevus par exemple l'�t� dernier lors d'une affaire de corruption qui avait conduit le club de Genoa de la 1re � la 3e division, ou plus r�cemment avec la mise en examen d'Alessandro Moggi, fils de Luciano Moggi et pr�sident de la puissante soci�t� d'agents de joueurs GEA, soup�onn� de "concurrence d�loyale". "C'est un changement de culture qu'il faudrait, mais je ne sais pas s'il existe la volont�", a comment� l'ancien meneur de jeu de l'AC Milan et premier Ballon d'or italien (1969) Gianni Rivera, aujourd'hui d�put� europ�en de centre-gauche. Selon lui, les �coutes t�l�phoniques qui font trembler ces jours-ci l'univers du Calcio sont "une preuve de ce que tout le monde a toujours pens�, mais personne n'a jamais voulu approfondir parce qu'il n'y avait pas d'int�r�t, pas de volont�".