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Contribution
ETHIQUE ET JOURNALISME Les techniques non dites du parti pris Par Mohamed ABASSA
Publié dans Le Soir d'Algérie le 08 - 05 - 2006

Bien souvent, c�est dans l�organisation et la structuration du discours journalistique, c�est-�-dire dans la production ou la reproduction du sens qu�on observe les plus fr�quentes et les plus graves atteintes aux r�gles d��thique et de d�ontologie dans l�exercice et l��criture ordinaire de la production journalistique. Auparavant, signalons ces atteintes non dites qu�aucune formulation verbale structur�e n�exprime.
Il s�agit des marquages de la marchandise et la qualification des labels affich�s des organes de presse � quel qu�en soit le statut � qui induisent, peut-�tre sans le vouloir, une tromperie terminologique av�r�e dans la d�finition soulign�e des missions. Cette tromperie terminologique ou lexicale qu�elle soit volontaire ou pas, consciente ou inconsciente appara�t dans les oppositions sugg�r�es entre une presse suppos�e publique et une presse affirm�e ind�pendante.
De la presse dite publique
Au sens g�n�rique et m�tadologique du terme, on peut affirmer que la presse publique n�existe pas et n�a jamais exist� en Alg�rie. Bien qu�elle s�affecte des missions et des obligations formelles d�utilit� publique, elle se comporte, pour l�essentiel et de facto, comme une presse gouvernementale et/ou �tatique, c�est-�-dire au service quasi exclusif mais non affirm� d�un ou de plusieurs partis r�gnants du moment. C�est-�-dire une presse partisane qui ne s�affirme pas comme telle d�o� cette premi�re atteinte � l��thique. Elle a fonctionn� de 1962 � nos jours comme moyen de l�gitimation, de justification et d�adh�sion � la politique gouvernementale quels que soient la qualit� du produit � promouvoir, la conjoncture et les hommes � servir. Elle a fonctionn� aussi et � ce jour comme op�rateur de n�gation ou d�occultation des discours politiques concurrents et de toute proposition susceptible de contrarier le discours officiel dominant. Au fil des ann�es et des conjonctures, cette fonction d�all�geance non dite a g�n�r� des situations pr�judiciables � l�audience m�me et � la cr�dibilit� de l�ensemble des organes de presse gouvernementaux. Dans la r�alit� des faits, cette all�geance dite du sifflet, parce qu�elle fonctionne aux bruits de l�injonction et du dressage biologique leur fait dire et �crire une chose et son contraire, une position et son exact oppos�. A titre d�exemple, cette presse suppos�e publique a �t� sur le th�me des ann�es terribles du terrorisme, successivement �radicatrice puis reconciliatrice et, maintenant, ultra-reconciliatrice. Cons�quences imm�diates de ces fr�quents revirements, fuite massive du lectorat au profit des titres priv�s. D�un point de vue tout aussi �thique, une autre atteinte durable et r�p�t�e est � signaler : c�est l�affectation de fonds publics, c�est-�dire l�argent du contribuable (fonctionnement et �quipements) destin� � l�entretien sous perfusion et en r�animation permanente de cette presse qui justifie par cet entretien et seulement ainsi son appellation de presse publique alors qu�il s�agit dans les faits d�un usage privatif et souvent partisan et sectaire d�un moyen public. Cette presse dite publique n�a pas eu pour seule cons�quence de p�naliser sans recours les diversit�s sociales non repr�sent�es au pouvoir, mais de porter atteinte � l�int�r�t national en pr�tendant abusivement le d�fendre puisque, d�sertant cette presse, les publics m�contents seront livr�s, sans d�fense et sans pr�paration, � d�autres fr�quentations m�diatiques qui ne sont ni moins partisanes ni moins nocives. Le plus caustique de cette fonction de d�tournement de la mission publique en mission priv�e est que les responsables peu �thiques de ce bricolage ne r�alisent aucun gain d�audience. Au contraire, ils en sont les premiers perdants. Comme dit-on, � quelque chose malheur est bon, le m�contentement et la r�volte sociale aidant, est n�e � l�int�rieur m�me de cette presse d�voy�e, la primo revendication d�une presse diff�rente, ind�pendante, dira-t-on plus tard. Avec l�aide, l�accompagnement et le soutien de ce m�me pouvoir d�voyeur de la presse pr�tendue publique. Concession intelligente et bien habill�e pour ravaler la fa�ade alt�r�e d�un pouvoir atteint dont la seule pr�occupation �tait et est toujours de tenir bon, durer. Ainsi est n�e la presse dite ind�pendante, seule alternative aux faillites consomm�es de la presse dite publique. En termes de pertes, le lectorat de la presse gouvernementale, toutes langues confondues, repr�sente 1/10e du lectorat national.
De la presse dite ind�pendante
Presque tous les titres priv�s, par �pitaphes soulign�es, s�affirment sans preuves, comme titres ind�pendants ; d�autres encore plus ind�pendants. L� aussi, et � l��preuve du temps et des int�r�ts, on se rendra vite compte que cette ind�pendance trop vite affirm�e est parfois tranquillement mensong�re. Question : ind�pendants de qui ? De quoi ? Du pouvoir? Des partis politiques ? De l�argent ? Des groupes financiers parfois mafieux? Des chancelleries �trang�res ? Des officines et grands services du vrai pouvoir ? Nombreux sont les titres dits ind�pendants qui ne peuvent s�affranchir de l�appartenance cach�e � l�une ou � l�autre ou � l�ensemble de ces cat�gories. L� aussi, nous observons une situation de tromperie sur la qualit� de la marchandise, de la lisibilit� et de la tra�abilit� de l�emballage qui la pr�sente. Car :
- des journaux dits ind�pendants qui roulent pour le pouvoir ou pour une partie dominante de ce m�me pouvoir, il y en a ;
- des journaux dits ind�pendants qui roulent pour des groupes financiers, parfois mafieux n�s de la chippa, il y en a ;
- des journaux dits ind�pendants qui roulent pour des partis ou des courants id�ologiques ou religieux, il y en a ;
- des journaux dits ind�pendants qui roulent pour gagner de l�argent et seulement de l�argent, il y en a ;
- des journaux d�clar�s ind�pendants ont roul�, sans �tats d��me, pour le pouvoir, pour une partie de ce m�me pouvoir, pour l�opposition, puis de nouveau pour le pouvoir. Ces pathologies incurables sont connues dans la profession. Il y a m�me un cas d��cole ;
- des journaux dits ind�pendants qui roulent pour le seul int�r�t du lectorat, de l�Alg�rie, pour le seul bonheur de faire un bon journal, il n�y en a pas. Ni en Alg�rie, ni ailleurs. Dans ces multiples et diverses situations, la premi�re religion �thique devrait inviter les �diteurs priv�s � aider leur lectorat � reconna�tre et � identifier l�organe qu�ils fr�quentent autrement que par des raccourcis inexacts qui cachent mal des liens et parfois des int�r�ts inavouables. Sur un autre plan et toujours d�un point de vue �thique, des journaux priv�s affirment leur ind�pendance pour mieux servir le lectorat dans sa qu�te d�un meilleur produit. Or, dans les faits, le produit propos� r�pond moins � l�attente du lecteur qu�aux besoins commerciaux du titre. On informe le lecteur qu�on augmente la pagination pour son seul int�r�t alors qu�en r�alit� le but r�el recherch� est d�augmenter la surface publicitaire. Paradoxalement, ce sont certains journaux parmi les plus tir�s ou les plus vendus ou les plus achet�s au sens premier du terme, qui abusent de cette relation les portant ainsi � faire de la vente concomitante, c�est-�-dire port�s par le gain commercial � vendre davantage de surfaces publicitaires que d�espaces r�dactionnels. Il faut rappeler ici que dans les pays normaux cette question est r�glement�e. D�s lors que la surface publicitaire est �gale ou sup�rieure � la surface r�dactionnelle, le titre est obligatoirement propos� comme produit gratuit. Ce qui n�est jamais le cas dans les fr�quentes situations de d�passement pour certains de nos gros titres. Sur un autre registre �thique, les titres priv�s fondent et l�gitiment leur existence sur le respect et la pleine satisfaction d�une demande publique, � savoir le droit citoyen d��tre pleinement et correctement inform�, fonctions dont ils seraient les principaux sinon les seuls d�tenteurs. Mais dans les situations de conflits, cette m�me communaut� virtuelle appel�e lectorat et � l�endroit de laquelle s�exerce le b�n�fice de la libert� d�expression cessera d�exister d�s lors que cette communaut� virtuelle se d�cline en personnes physiques ou morales, comptables des exc�s de cette m�me libert� d�expression. D�un c�t�, le journal priv� fonde sa l�gitimit� et sa force sur une obligation constitutionnelle permanente � r�pondre � une attente dont il se dit �tre le seul garant (la libert� d�expression et le droit � l�information du citoyen) en interpellant au besoin les pouvoirs publics. Et d�un autre c�t�, ce m�me journal, quand il se trouve en situation de violation des droits constitutionnels du citoyen et desquels il s�en pr�vaut (droit � l�image, droit de r�ponse) refuse souvent de publier les droits de r�ponse des personnes diffam�es. Les personnes atteintes dans leur dignit� d�homme ou de femme, quels que soit leur rang social ou leurs fonctions, jouissent rarement de leur droit de r�ponse ou � la rectification, pourtant formellement garanti par la loi. Les rares fois o� le citoyen diffam� obtient par voie judiciaire r�paration � ces atteintes, certains titres concern�s s�en moquent royalement en refusant de publier les d�cisions de justice qui les condamnent. Je n�aborde pas ici les cas de d�lits d�opinion. C�est un autre d�bat car on ne doit jamais punir un journaliste pour avoir exprim� une opinion diff�rente. Je saisis l�occasion pour exprimer ici � mon fr�re et ami Mohamed Benchicou, mon amiti�, ma solidarit� et toute ma sympathie. Le sujet que j�aborde ici est tout autre. Il concerne les manquements d�lib�r�s de certains titres et journalistes qui s�adonnent � des pratiques tr�s peu professionnelles pour atteindre la personne humaine dans ce qu�elle a de plus cher : sa dignit�, son honneur, sa famille. Des familles enti�res ont �t� bris�es, des couples d�truits, une maman de sept enfants est morte pour avoir appris par la presse priv�e les mauvaises m�urs de son mari. De quel droit le journaliste peutil impun�ment divulguer la vie priv�e d�un homme, fut-il un mauvais gestionnaire ou un ennemi politique ? De quel droit peut-on �crire que la maman de tel haut responsable est juive ? En quoi le fait d�avoir une maman juive ou chr�tienne ou ath�e constitue un d�lit ou une tare ? En quoi est-il int�ressant ou moral ou professionnel d��crire et d��voquer la vie priv�e des mamans, des �pouses et des s�urs des hauts responsables ? La vocation des titres priv�s est-elle celle-l� ? Assur�ment non. Je vais s�rement �tonner, peut�tre contrarier certains de mes confr�res en rappelant ceci. Dans toutes les professions (avocat, magistrat, m�decin, ing�nieur, t�lier, banquier, dans toutes les fonctions, wali, chef de da�ra, DG, PDG, etc., etc.) la faute grave est souvent sanctionn�e par des peines allant jusqu�� la prison. Pourquoi les journalistes qui agressent et violent les droits constitutionnels du citoyen �chapperaient- ils � la r�gle ? Au nom de quelle immunit� ? Il y a des journalistes voyous que je ne d�fendrai jamais. Pour leurs fautes professionnelles d�lib�r�ment commises contre d�innocentes personnes l�zard�es dans leur honneur et dans leur chair par des plumes ba�onnettes. L��thique commande de fournir au lecteur un journalisme de qualit�, c�est-�-dire une �criture inspir�e par la rigueur, la clart� et la tenue r�dactionnelle et non pas par l�insulte, l�invective et le mensonge. L��thique commande aussi de fournir un journalisme de transpiration, c�est-�-dire d�investigation, de faits av�r�s et v�rifi�s, de recherches documentaires et non pas un journalisme approximatif d�inspiration, de supputations et de condamnation. Or, ces qualit�s tendent � r�gresser d�ann�e en ann�e au fur et � mesure que partent ou disparaissent les plumes de qualit� des ann�es 1970 qui font encore les rares bons titres de la presse priv�e. Mais est-ce toujours la faute � ces journalistes approximatifs qui bien souvent atterrissent dans le journalisme par accident ou par n�cessit� alimentaire ? Qu�a-t-on fait pour renouveler ces �lites, ces journalistes d�esprit et de c�ur que l�Alg�rie a form�s ? Que font les titres priv�s, les pouvoirs publics, pour la formation des jeunes journalistes ? Pour leur recyclage? Rien ou presque rien. Les journalistes que notre indigente universit� forme sont souvent professionnellement analphab�tes, ne sachant pas �crire et, parfois, ne sachant pas lire ou comprendre l�actualit�. Les nouvelles g�n�rations de journalistes, souvent sans formation, sans exp�rience, donc sans autorit� professionnelle au sein des r�dactions se trouvent fragilis�es et sans poids dans l�orientation ou la d�finition des lignes �ditoriales. C�est pourquoi, certaines atteintes aux droits des personnes sont davantage dues � l�ignorance et � la m�connaissance des r�gles �l�mentaires de la profession qu�� une franche intention de nuire. Pour l�illustration du propos, citons ce titre d�ouverture de Une d�un journal alg�rien o�, avec seulement trois mots, le journaliste et le journal commettent trois d�lits cumul�s �LE POSEUR DE BOMBE LIB�Rɔ tel �tait ce titre.
1. Il y a commentaire d�une d�cision de justice que la loi interdit. 1re faute grave.
2. Il y a suspicion de forfaiture et de complicit� criminelle contre des juges implicitement accus�s de lib�rer un poseur de bombe. 2e faute grave.
3. Il y a enfin une grave diffamation contre un citoyen que la justice a d�finitivement innocent� et que le journal accuse toujours d��tre un poseur de bombe. 3e faute grave. Car de deux choses l�une ; ou il est poseur de bombe et il reste en prison ou il ne l�est pas et on ne l�appelle plus poseur de bombe. On est vite renseign� sur l�origine de cette d�rive stupide en lisant les deux premiers mots du d�veloppement de l�article. On y lit d�embl�e: �Le tribunal de la cour d�Alger, etc.� D��vidence, l�auteur de ces mots ne conna�t pas les premiers rudiments du droit. Il ignore la diff�rence entre une cour et un tribunal de premi�re instance. Ces d�rives s�expliquent aussi par les faibles niveaux intellectuel et professionnel des jeunes journalistes souvent form�s � l��cole de la toutologie ; cette science bizarre qui autorise le journaliste � se comporter en sp�cialiste et en juge de tout et en tout : politique, droit, �conomie, histoire, sciences, arts, tout ; de vrais toutologues, c�est-�-dire connaissant tout, tout, tout.
Ce qui conduit � penser que dans de nombreuses situations l�atteinte � l��thique par le discours journalistique proc�de souvent de lacunes professionnelles, elles m�mes dues � de mauvais recrutements impos�s par les insuffisances du march� de l�emploi. Souvent aussi par la tentation de recruter de la main- d��uvre � bon march�. H�las, ces atteintes ne sont pas toujours fortuites, inconscientes ou involontaires. Elles sont parfois construites, �labor�es et pr�m�dit�es. Cas de l�ex-gendre d�un g�n�ral � la retraite et en m�me temps neveu d�un ministre en poste. Ce jeune homme a commis un grave d�lit contre un gendarme en poste avec l�arme de son oncle, ministre en poste. La presse a choisi d��voquer l�ex-relation parentale du d�linquant avec le g�n�ral � la retraite plut�t que celle qu�il avait et a toujours avec le ministre en poste. Pourquoi ce choix d�lib�r� de la presse ind�pendante ? Vous est-il arriv� de tomber sur le m�me article, exactement le m�me, publi� le m�me jour par plusieurs titres priv�s mais sign�s par trois auteurs diff�rents. Il s�agissait d�une r�ponse sur le sujet du qui tue qui.
Des m�dias lourds ; les radios et la t�l�vision publiques
Dans leur globalit�, les m�dias audiovisuels alg�riens restent faibles bien qu�ils poss�dent des moyens mat�riels et humains parfois de haut niveau.
De la t�l�vision d�abord
J�y compte de nombreux amis dont le directeur g�n�ral et dont je souligne ici le professionnalisme, la loyaut� et son attachement aux valeurs r�publicaines. Ceci ne m�emp�che pas d��crire qu�il fait une tr�s mauvaise t�l�vision. Mais ce qu�il fait n�est pas pire que ce qui se faisait avant lui. Pourquoi ? La premi�re explication est politique. La t�l�vision nationale comme la presse �crite dite publique est soumise � diverses orientations, pressions qui sont vite transform�es en injonctions non �crites �tatiques et gouvernementales. Pour les choses essentielles, les vrais donneurs d�ordre ne sont pas toujours dans les murs de l�ENTV. De ce fait, le vrai pouvoir de faire une t�l�vision ou une autre n�appartient pas au seul directeur g�n�ral et encore moins aux cadres dirigeants. La deuxi�me raison est aussi politique ; l�absence de cha�nes TV priv�es ou nationales concurrentes ne favorise pas un climat de comp�titions et d��mulation si n�cessaires � l��l�vation des qualit�s des programmes. L�ENTV se trouve dans une position de monopole, position mortelle qui tue la cr�ativit�, la comp�tition et l��mulation. Le directeur g�n�ral n�a pas le pouvoir de cr�er sa propre concurrence exactement comme un enfant unique n�a pas le pouvoir de cr�er son fr�re ou sa s�ur. Tout au plus peut-il le sugg�rer. Le pouvoir politique a pr�f�r� livrer par millions ses t�l�spectateurs, c�est-�-dire ses citoyens m�contents aux t�l�visions �trang�res avec les cons�quences que l�on sait plut�t que de lib�raliser les ondes. La troisi�me raison est encore politique. L�ENTV est surcharg�e de missions multiples et contradictoires : satisfaire en m�me temps les islamistes et les d�mocrates, faire du grand spectacle moderne tout en respectant les constantes nationales, d�fendre la pr�sidence de la R�publique, le gouvernement, la coalition et donner parfois la parole � l�opposition, faire du didactique, du social et gagner de l�argent, pr�parer le nouveau paysage t�l�visuel et maintenir en l��tat la t�l�vision actuelle. Il est impos� � l�ENTV de faire une t�l�vision parlant dans le m�me �cran l�arabe parl�, l�arabe classique, le kabyle, le chaoui, le tamachek, le fran�ais. Chaque communaut� linguistique d�audience chasse les cinq autres. Cette situation n�existe nulle part au monde. La quatri�me raison tient aussi du politique. Il est demand� � la t�l�vision nationale de s�alimenter du �riche� patrimoine de la culture nationale. Mais o� est-il ce riche patrimoine culturel de l�Alg�rie de 2006 � part quelques karkabou, des mus�es en ruine, quelques pierres romaines, quelques chebs et chabates et quelques concerts � la sauvette ou � la cri�e ? Ce n�est gu�re suffisant pour alimenter une t�l�vision. Parce qu�une TV est riche ou pauvre de son environnent culturel. Et comment faire de la culture avec un budget allou� � la culture de moins de 1% du budget national ? Et comment l�inculture aux commandes peut-elle promouvoir la culture et alimenter la t�l�vision nationale ? La cinqui�me raison n�est pas politique ; elle est pire que cela. Elle est g�ographique. Il est demand� � l�ENTV de faire une t�l�vision � la fois nationale, r�gionale, locale et transnationale avec le m�me �cran, les m�mes moyens et, si possible, avec les m�mes t�l�spectateurs. Du jamais vu dans le monde. Dix missions en une seule. Cette situation presque ubuesque ressemble � la situation de ce brave mulet qu�on a charg� dix fois le poids qu�il peut supporter et de dire : �Chargez encore, de toutes fa�ons je ne peux ni me relever et encore moins avancer, chargez !� C�est l�exacte situation de l�ENTV qui croule, sans moyens, sous le poids de lourdes charges qui ne sont pas toujours les siennes. C�est pourquoi aussi, dans le contexte politique alg�rien, il est structurellement impossible de faire une bonne t�l� dans un pareil environnement. L�Alg�rie, avec la Papouasie et la Mongolie ext�rieure, restent les tout derniers pays o� la lib�ralisation des ondes est un sujet tabou qui f�che. Il est vrai enfin qu�entre la situation actuelle d�une mauvaise TV nationale ou livrer l�espace hertzien aux milliardaires de la chippa, mon choix est fait. Je connais les ravages que font subir au pays les milliardaires de la chippa. Mais entre ces deux options frustrantes et mutilantes, il y a une infinit� d�options interm�diaires et compl�mentaires que permet d�sormais la TNT (T�l�vision num�rique terrestre). Il suffit d�oser politiquement. La difficult� est seulement l� ; pas ailleurs
M. A.
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