Les accords sign�s avec le FMI en 1993 et en 1994, qui ont rendu possible le r��chelonnement de la dette ext�rieure dont l�Etat alg�rien ne pouvait plus honorer les �ch�ances, ont entra�n� une forte d�valuation du dinar, une suppression des subventions � la consommation des m�nages, une lib�ration des prix. L�inflation qui �tait de 12% en 1986 est progressivement pass�e � 29% en 1994. Ces accords (avec le FMI) ont entra�n� aussi une mod�ration salariale qui a d�connect� l��volution des prix et celle des salaires, l�objectif poursuivi (impos� devrions-nous �crire) par le FMI �tant de lutter contre l�inflation dans le cadre du programme de stabilisation macro�conomique. Alors que les prix augmentaient, les revenus des salari�s stagnaient en termes nominaux et diminuaient en termes r�els. La baisse des revenus salariaux a �t� �valu�e � -38% entre 1986 et 1994. Le revenu disponible des m�nages a, quant � lui, baiss�, en termes r�els, de -20%. La consommation finale des m�nages a bien �videmment aussi diminu� passant de 59,4% du revenu national disponible en 1995 � 41,3% en 2004 (cf. note du Forum des chefs d�entreprise - F.C.E : �Evolution des salaires en Alg�rie�). Le pouvoir d�achat des salari�s a baiss� de -3% durant la p�riode couverte par les programmes de stabilisation et d�ajustement structurel (1993-1998). Depuis 1995, l��conomie alg�rienne affiche des taux de croissance positifs, certainement insuffisants par rapport aux potentialit�s (croissance molle, disent les �conomistes), mais positifs. Notre propos n�est pas aujourd�hui de porter des appr�ciations sur la qualit� de cette croissance. Nous avons d�j� dit en plusieurs occasions que cette croissance �tait de mauvaise qualit� : extensive, co�teuse et �ph�m�re. Si les r�formes structurelles de l��conomie, maintes fois annonc�es et jamais mises en application, ne sont pas concr�tis�es, cette croissance cessera d�s que les prix du p�trole chuteront. Notre propos aujourd�hui est d�examiner comment cette croissance est r�partie dans la soci�t�. Pour ne consid�rer que la p�riode 2001-2005 � comme le fait Bachir Boulahbal dans sa contribution �Croissance, emploi et ch�mage�. (Alger avril 2006) � le produit int�rieur brut (PIB) a augment� de +23,8% sur les cinq ans cumul�s et le PIB hors hydrocarbures de +24,1%, soit une croissance moyenne annuelle de +5%. Le PIB par habitant a, pour sa part, augment� � un taux de +38% par an durant la m�me p�riode 2001-2005 (il est en 2005 de 3.100 dollars). Tous ces chiffres signifient que la valeur ajout�e, c�est-�-dire la richesse cr��e, a augment� dans notre pays. La question qui se pose est alors celle de savoir comment s�est r�partie en 2004 cette valeur ajout�e entre salaires, profits (exc�dents bruts d�exploitation dit la comptabilit� nationale) et recettes fiscales de l�Etat (imp�ts li�s � la production ILP) ? Le tableau qui suit r�pond � cette question : R�partition de la valeur ajout�e � Part des revenus salariaux Part des exc�dents bruts d�exploitation Part des ILP 2004 12,8 74,8 12,4 2001 14,9 71,5 12,7 Ecarts - 2,1 + 3,3 - 0,3 � On peut constater ici que la part des revenus salariaux dans la richesse cr��e a baiss� entre 2001 et 2004 tandis que les profits ont augment� et que les recettes fiscales de l�Etat ont stagn�. Cette tendance g�n�rale est confirm�e par d�autres indicateurs que nous reprenons dans le tableau qui suit : R�partition du revenu national disponible : � 2001 2004 R�mun�rations des salari�s 24,7 21,8 Exc�dents nets d�exploitation 55,6 59,2 Imp�ts indirects 20,2 19,1 La part des salaires dans le revenu national baisse entre 2001 et 2004 et celle des profits augmente. Bien s�r, nous savons qu�il y a eu des augmentations de salaire durant la p�riode 2001-2004 mais les travaux qui ont pu �tre effectu�s ont �valu� cette augmentation (qui a consist� en des rattrapages) � une am�lioration de 1% du pouvoir d�achat des salari�s ce qui est bien �videmment insuffisant pour rattraper la perte de 3% de ce m�me pouvoir d�achat enregistr� durant la p�riode 1990-1998. D�autres donn�es nous indiquent que le SNMG alg�rien, qui a pourtant �t� augment� durant la p�riode 2000- 2004 de +67% (alors que le smig tunisien n�a augment� que de 15% et le smig marocain de +10%) reste toujours inf�rieur par rapport aux smig tunisien et marocain. Le SMIG au Maghreb en euros � 2000 2004 Alg�rie 86 112 Tunisie 125 140 Maroc 141 172 � (on peut consid�rer que le co�t de la vie est � peu pr�s le m�me dans les trois pays) Le salaire moyen dans chacun des trois pays suit le m�me �cart. Il reste le plus bas en Alg�rie et, notamment, dans le secteur de la Fonction publique. Comme on peut le voir, nous n�avons pas pos� le probl�me des salaires en Alg�rie en termes d�indexation � la croissance, la productivit� et l�inflation comme ont tendance � le faire les pouvoirs publics. Il s�agit d�abord et avant tout dans le cas de notre pays du rattrapage d�une d�gradation des revenus salariaux que les travailleurs alg�riens ont subie plus fortement que les autres forces vives de l��conomie nationale. En conclusion, il faut augmenter les salaires pour deux raisons au moins : 1. Rattraper l�importante perte de pouvoir d�achat qu�ont subie les salari�s durant la d�cennie 90. Et ce n�est que justice en contexte de croissance retrouv�e. 2. La relance de la croissance sera consolid�e ainsi par la consommation en sachant que les m�nages de salari�s consomment la plus grande part de leurs revenus. Les calculs d�impact de cette hausse des salaires sur l�inflation � et que nous ne pouvons reprendre ici pour �viter d�alourdir notre r�flexion � montrent que l�inflation restera soutenable