Au début des années quatre-vingt-dix, l'Algérie sollicitait le FMI pour des prêts multilatéraux et le rééchelonnement de sa dette extérieure, les caisses de l'Etat étant vides. Au-delà de la polémique qui l'avait entourée (entre les pour et les contre), la question du rééchelonnement ne pouvait se faire sans une réforme structurelle sans conditions. Contraint, le pays a joué le jeu, mettant en route une réorganisation de son économie, un processus long engagé dans la douleur, dans une conjoncture des plus difficiles que l'Algérie ait connues. Un indice pour en mesurer l'ampleur : les réserves de changes de l'Algérie tournaient autour de 4 milliards de dollars. Même pas de quoi couvrir six mois d'importations. L'heure était grave. Et le terrorisme en rajoutait. Il fallait donc aller chercher de l'argent pour alimenter les circuits du marché intérieur, au sens large du terme, mais également acheter des équipements pour pouvoir lutter contre le terrorisme dont souffraient les Algériens. Les accords de rééchelonnement ont été signés et mis à exécution dans un contexte d'austérité auquel administration, entreprises et ménages n'étaient pas habitués. Les compressions d'effectifs dans l'appareil productif étaient impensables dans des sociétés peu regardantes sur le rapport masse salariale/chiffre d'affaires. Il faut dire que la tendance en matière d'emploi s'était inversée : on recrutait à tour de bras dans les années soixante-dix et quatre-vingt, dans le cadre de la politique du plein-emploi. Et on licenciait également à tour de bras au début des années quatre-vingt-dix. Le gros des effectifs mis au chômage pour «raison économique» émargeait à la Cnac. Mais au fil des années, certains d'entre eux arrivant en fin de droit, il fallait leur trouver une solution. Aussi, des formations avaient été proposées, de nouveaux métiers créés. Le Plan d'ajustement structurel (PAS), que le pays a appliqué, a ainsi fait des mécontents et des ménages évoluaient à la marge de l'entreprise malgré eux. Cependant, ce programme avait permis de dégager de meilleurs indices macroéconomiques ; un résultat positif mis en relief d'ailleurs dans les rapports que le FMI établissait régulièrement sur l'évolution de l'économie nationale. Et l'après-PAS ? Le Fonds monétaire continue à ce jour d'envoyer des missions économiques pour faire des évaluations classiques sur l'économie algérienne. Ce qui a changé par rapport au début des années quatre-vingt-dix : le pays dispose aujourd'hui d'une marge. Ses réserves de changes ont été multipliées par cent, son taux de croissance amélioré, ses leviers économiques relativement équilibrés. Mieux , certaines réformes sont fortement appréciées par le FMI. Celle bancaire en est une. Le Fonds estime, par exemple, que la stratégie de réforme entamée, il y a quelques années dans les banques, est «globale, adaptée et cohérente». Cette stratégique implique une «réforme des banques publiques, la privatisation comprise, et un ensemble de réformes comportant en particulier une restructuration financière et opérationnelle». Y. S.