La col�re du monde du travail a atteint son comble au niveau de la zone industrielle de Rouiba. Le recours des syndicalistes de l�union locale UGTA de Rouiba � l�organisation d�une marche de protestation, programm�e pour mercredi prochain au niveau de ladite zone, et ce, durant deux heures, est illustratif du profond malaise qui r�gne dans le milieu ouvrier. Ainsi, les travailleurs de la zone industrielle longeront, durant cent vingt minutes, la grande art�re qui lie le si�ge de la SNVI au centre-ville de Rouiba. Leurs revendications : �La revalorisation des salaires, l�implication des repr�sentants des travailleurs dans les projets engageant l�avenir de leurs entreprises et mettre fin � la strat�gie des SGP qui s�ent�tent � maintenir dans des postes de d�cisions strat�giques des retrait�s dont l�objectif est de proc�der � la destruction des entreprises publiques.� Cette mont�e au cr�neau des syndicalistes de la localit� de Rouiba, soutenus par plus de 20 000 travailleurs recens�s dans toute la zone industrielle r�partis sur pr�s de 80 entreprises �conomiques, fait suite � la derni�re r�union des cadres syndicaux de la localit� organis�e sous l��gide de l�union locale de Rouiba (UGTA). Une r�union que les cadres syndicaux de la localit� ont qualifi�e de �tribune offerte aux syndicalistes pour d�noncer le bradage du patrimoine des entreprises, en soulignant que ces op�rations vont faciliter on ne peut mieux leur liquidation pure et simple, puisqu�elles ne sont pas engrang�es dans un plan �conomique qui mette en valeur la relance de ces entreprises�. En d�autres termes, les 500 cadres syndicaux repr�sentant l�ensemble des travailleurs de la zone industrielle de Rouiba parlent de �l�ampleur du marasme social cons�cutif � la d�confiture des entreprises et entit�s �conomiques implant�es � Rouiba par le fait de la gabegie, de l�absence quasi totale de strat�gies commerciales r�fl�chies et coh�rentes � m�me de relancer ces entreprises publiques, d�une gestion quotidienne compl�tement obsol�te et en totale opposition avec les nouvelles donnes �conomiques qui induisent leur asphyxie financi�re et les met dans l�incapacit� de r�pondre � leurs propres obligations commerciales et productives�. Pour les repr�sentants des travailleurs, �cette cons�quence est l��uvre de certains cadres gestionnaires retrait�s, aventuristes et totalement d�sint�ress�s de l�avenir des organismes qu�ils dirigent et qu�ils administrent sans �tre astreints � une obligation de r�sultats qui assurerait la p�rennit� de ces �tablissements ou du moins qui les mettraient dans des conditions �conomiques favorables pour toutes autres options statutaires�. Poussant plus loin leur argumentaire sur la question, les repr�sentants des travailleurs de la zone industrielle de Rouiba n�ont pas manqu� de relever, lit-on dans une d�claration rendue publique hier, �la contradiction �vidente entre l�objectif principal du fr�re Abdelaziz Bouteflika, pr�sident de la R�publique, qui vise � diminuer le ch�mage en int�grant dans le monde du travail une jeunesse dipl�m�e qui ne demande qu�� d�montrer ses comp�tences et son savoir-faire et la strat�gie des SGP et des entreprises publiques qui s�ent�tent � maintenir dans des postes de d�cisions strat�giques des retrait�s entretenant la conviction des travailleurs, que ce n�potisme r�pond � des objectifs inavou�s de destruction de nos entreprises publiques�. La col�re des travailleurs de la zone industrielle de Rouiba n�est en d�finitive que l�expression du profond malaise que vit le monde du travail. Un malaise maintes fois exprim� par les travailleurs mais sans conna�tre une suite favorable. La Centrale syndicale UGTA, qui a jusque-l� assum� le r�le de pompier, se voit aujourd�hui d�passer par une col�re ouvri�re dont les pr�mices �taient visibles depuis des mois. Avant-hier, ce sont les dockers qui sont mont�s au cr�neau en observant une journ�e de gr�ve g�n�rale paralysant tous les ports alg�riens. Mais la sonnette d�alarme a �t� tir�e depuis des mois par des cadres syndicaux de la base � l�image de ceux de la Coordination des entreprises portuaires d�Alger qui n�ont cess� de lancer des cris de d�tresse tant � l�adresse des pouvoirs qu�en direction de la Centrale syndicale. Cette derni�re, d�pass�e par les �v�nements tant internes qu�externes, semble loin de r�pondre positivement aux pr�occupations de sa base. Cela dit, demain les travailleurs renoueront avec la protesta en investissant la rue dont pour �faire valoir les revendications l�gitimes des travailleurs et sauvegarder les entit�s �conomiques pour lesquelles des strat�gies de destruction sont mises en �uvre�. Abder Bettache