Les r�dacteurs du magazine des Nations unies Ceres ne sp�culaient pas gratuitement, lorsqu�ils �crivaient : �On ne peut consid�rer comme une co�ncidence le fait que les for�ts de tous les pays qui ont subi, ces derni�res d�cennies, de terribles d�sastres �cologique dus � la s�cheresse ou aux inondations aient �t� ras�es.� C�est dire combien l�importance et les bienfaits de la for�t sont incalculables et inestimables. Les rapports et les �tudes scientifiques pr�sent�s aux diff�rentes conf�rences des Nations unies sur l�environnement d�montrent que la destruction du sol productif provoqu�e par l��rosion, la salinit� croissante, la d�sertification et autres d�gradations dues � des pratiques �cologiques n�fastes, constituait l�un des probl�mes essentiels de l�environnement, auquel devait faire face un nombre tr�s important de pays du tiers monde. Il faut savoir que la d�gradation de la productivit� des terres provoqu�e par l��rosion acc�l�r�e du sol, ces inondations croissantes et la baisse de fertilit� des terrains entra�nent chaque ann�e un d�sastre bien plus tragique que celui caus� par la pollution de l�air et de l�eau et peut-�tre m�me une plus grande menace pour l�avenir de notre plan�te. Que ce soit par d�sespoir, par ignorance, par inconscience ou par cupidit�, les hommes sont en train de d�truire les bases de leurs propres moyens d�existence en violant les limites des syst�mes naturels. R�le de la for�t dans la conservation des terres : la for�t constitue donc la formation v�g�tale la plus efficace pour la protection des terres contre toute forme de d�gradation. Son action s�exerce par l�interm�diaire de plusieurs facteurs : le d�veloppement du syst�me racinaire qui augmente la porosit� et am�liore la capacit� d�infiltration du sol, la pr�sence des houppiers qui forment � une certaine hauteur un v�ritable �cran de protection et jouent en particulier un r�le important en interceptant une fraction importante de pr�cipitations atmosph�riques, les troncs le long desquels l�eau ruisselle et qui retiennent une partie de cette eau dans les �corces, la couverture morte dont l��paisseur sur le sol peut atteindre plusieurs centim�tres et qui constitue une couche absorbante, favorisant elle aussi l�infiltration de l�eau, les arbres � feuilles persistantes, conif�res en particulier ont sur ce point une influence plus importante que les arbres � feuilles caduques, la for�t dense � une action plus marqu�e que la for�t claire, la for�t a une influence sur le bilan hydrique, mais plus importante est son action sur la r�gularisation du r�gime des eaux. La for�t prot�ge le sol par l�action m�canique des racines qui maintiennent le sol en place, � condition de constituer un r�seau suffisamment dense. La protection est plus compl�te si la couverture v�g�tale comporte � la fois des esp�ces � enracinement pivotant et � enracinement tra�ant parce que les racines p�n�trent � la fois dans les couches profondes et superficielles du sol. A cette action m�canique du syst�me racinaire s�ajoute une augmentation de la porosit� qui am�liore la capacit� d�infiltration du sol et diminue le ruissellement superficiel. La for�t joue enfin un r�le important dans l�am�lioration de la qualit� de l�eau. Les eaux sauvages qui s��coulent par ruissellement � la surface, ne poss�dent jamais la puret� des eaux qui se sont infiltr�es dans un sol forestier et qui sortent sous forme de source apr�s avoir chemin� le long des pentes sous forme d��coulement hypodermique. Pourquoi la for�t est-elle irrempla�able ? Elle est en effet un des rares moyens dont dispose le pays pour assurer la pr�servation des ressources en terre et en eau, c�est dire qu�elle joue un r�le vital dans la protection des terres contre l��rosion et la d�sertification, dans la protection des barrages contre l�envasement dans la lutte contre l��vaporation et l�am�lioration de la qualit� des sols, dans le changement des conditions climatiques locales et la cr�ation de microclimat favorable dans la pr�servation des ressources en eau souterraines et de surface, ainsi que dans l�am�lioration des ressources v�g�tales par le d�veloppement de groupement v�g�taux (sous bois). D�un autre c�t�, les produits issus de l�exploitation des for�ts jouent un r�le non n�gligeable dans l��conomie nationale. Aper�u historique sur la for�t alg�rienne : jusqu�au d�but du XIXe si�cle, la couverture foresti�re de l�Alg�rie, occupait une superficie de 7 millions d�hectares. Cependant, et les diff�rents �v�nements historiques aidant les premiers actes d�agression � l�encontre du patrimoine forestier se font jour. N�anmoins, et jusqu�� la fin du si�cle en question, la couverture v�g�tale restait assez importante pour que l'�quilibre �cologique ne soit pas rompu. Avec la colonisation, la for�t alg�rienne allait conna�tre un long processus de d�gradation dont les cons�quences auront �t� la r�duction progressive et dangereuse de la couverture bois�e, avec ce que cela suppose comme ph�nom�ne d�entra�nement, � savoir l��rosion des sols et la perte de la stabilit� physique de nombreuses r�gions. Cette d�gradation sera le fruit de facteurs humains autant que naturels. Parmi les facteurs humains, nous citerons le refoulement des populations locales, vers les massifs montagneux ou des pratiques de d�frichement et de d�boisement pour labourer et faire pa�tre les troupeaux ont �t� connues. Il s�ensuivit ainsi un d�classement des for�ts au profit de p�turages et d�aires d�agriculture de subsistance. Petit � petit, ces terres se sont av�r�es infertiles, donc abandonn�es et soumises � l��rosion. Ajoutez � cela la contribution des deux guerres mondiales et de la guerre de Lib�ration, �v�nements qui ont provoqu�s la destruction de pr�s de 4 millions d�hectares de for�ts. Parmi le s facteurs naturels, il y a lieu de citer les s�cheresses cycliques et particuli�rement les incendies qui ont beaucoup �prouv�s la for�t alg�rienne en raison de la non-existence de moyens de lutte s�rieux et efficaces. Actuellement, notre patrimoine forestier est estim� � 2 millions d�hectares dont seulement 1 million de vrai for�t, le reste est constitu� de maquis et de broussailles. Le taux de boisements actuel �tant de 10%. Il est n�cessaire de le porter au moins � 20% pour parvenir � un �quilibre �cologique acceptable. Quelle politique foresti�re ? Depuis l�ind�pendance du pays, l�action dans ce qui a trait � la for�t consiste outre au reboisement proprement dit, � la protection et � la pr�servation du patrimoine d�j� existant contre les incendies les parasites et maladies. Consid�r�e comme une n�cessit� imp�rieuse par le plan national de d�veloppement, la politique de reboisement pr�voyait pour les 50 ann�es � venir, de reboiser 4 millions d�hectares afin d�assurer une couverture conforme aux besoins du pays et parvenir � un �quilibre �cologique normal. Aujourd�hui, pr�s de 40 ann�es apr�s le lancement de cette op�ration, on constate que non seulement cet objectif reste une utopie, mais qu�on n�est m�me parvenu � sauvegarder le petit patrimoine existant (incendies, maladies et d�frichement). A d�faut de statistiques fiables, on peut avancer que la couverture foresti�re r�gresse dangereusement en Alg�rie, que le secteur des for�ts continue � �tre tr�s mal pris en charge et que l'administration des for�ts reste g�r�e d�une mani�re trop bureaucratique, loin, tr�s loin m�me de ses v�ritables missions. Il est grand temps que les pouvoirs publics prennent s�rieusement en charge ce secteur vital avant que l�irr�parable ne se produise. Si ce n�est d�j� trop tard.