Nombreux ceux qui en Alg�rie et dans le monde arabo-musulman qualifient les attentats du 11 septembre 2001 d��acte h�ro�que� ayant �branl� les Etats-Unis. On sait qu�il n�en est rien. Les Etats-Unis, malgr� leurs d�boires en Irak et leurs difficult�s � faire plier l�Iran pour qu�il renonce � son programme nucl�aire, demeurent la premi�re puissance de la plan�te. On sait �galement que ce pays tire pr�texte des tensions qu�il a lui-m�me contribuer � cr�er pour imposer sa volont� h�g�monique au reste du monde. De plus, les attentats contre le World Trade Center, et ce qui s�en est suivi, ont port� un coup s�rieux aux peuples musulmans, modifiant dans un sens n�gatif la perception du monde musulman par le monde occidental et le reste de la plan�te. Le monde arabe est d�crit, sans explication s�rieuse, comme globalement hostile � l�Occident. Mais pour quelles raisons ? On ne le dit pas ou insuffisamment. Cette hostilit� n�est pas le fait des r�gimes arabes, mais des peuples, et ce, en raison de la politique am�ricaine � l��gard de la Palestine, de l�Irak et du Liban. Et si plus que d�autres, des mouvements islamistes instrumentalisent bruyamment cette hostilit�, cela m�rite une explication autrement plus s�rieuse que celle qui consiste � les pr�senter comme �tant la seule opposition cr�dible � la politique des Etats-Unis et de son alli� isra�lien, voire comme la seule alternative aux r�gimes en place. La plupart des grands m�dias ne prennent m�me plus le soin de faire la diff�rence entre des pays aussi distincts par leur histoire et leur culture que le Pakistan, l�Iran, la Syrie, l�Alg�rie ou le Maroc. Dans le discours m�diatique, l�expression, �le monde arabe� tend de plus en plus � englober le Pakistan, l�Iran, voire m�me la Turquie. Il existe ainsi une confusion volontairement entretenue qui tend � donner du monde dit arabo-musulman l�image de pays socialement et politiquement indiff�renci�s, non travers�s de contradictions sociales, de peuples format�s intellectuellement, sortis du m�me moule politico-id�ologique, historique et religieux, et o� l�existence de gr�ves de travailleurs, de syndicats qui luttent, de luttes politiques, de partis politiques s�inscrivant dans une mouvance anti-lib�rale ou lib�rale, nationaliste, sont quelque chose d�anormal, d�anachronique. A cela, il y a deux explications qui, curieusement, s�alimentent. D�abord, en plus de l�autoritarisme des pouvoirs en place, le discours officiel de ces derniers conforte cette vision en ce sens o� il v�hicule l�id�e d�une unit� arabe ou islamique ne recouvrant aucunement la r�alit� contradictoire et complexe des pays qu�ils dirigent. Quant � la seconde, elle est le fait des m�dias et des intellectuels des pays du Proche-Orient, seuls pour l�heure � avoir droit de cit� dans les m�dias occidentaux. En d�pit de la pertinence de leurs analyses, certains de ces intellectuels p�chent �galement par un exc�s de globalisation en ce sens o� ils raisonnent en termes de �nation arabe�, de �peuple arabe� et usent de l�expression �rue arabe� comme ils ont tendance � �vacuer de leurs analyses les mouvements sociaux en Alg�rie et au Maroc d�s lors qu�ils ne se produisent pas dans les pays du Proche-Orient. Pour ne citer qu�un exemple parmi d�autres, la gr�ve nationale qui a paralys� les ports alg�riens n�est quand m�me pas un �v�nement banal au point de ne pas en tenir compte. En fait, tout est analys� sous le seul prisme de la crise isra�lo-palestinienne, pos�s comme postulat d�terminant le processus historique de l�ensemble des pays du Machrek et du Maghreb. Or, cette crise n�a jou� aucun r�le dans le processus ayant conduit les pays du Maghreb � l�ind�pendance pour la simple raison que les pays du Machrek n�ont pas connu une violence coloniale du m�me type qu�au Maghreb, particuli�rement en Alg�rie. Qui plus est, il n�y a pas d�identit� arabe, mais une identit� plurielle, du moins pour le cas maghr�bin, forg�e par des processus historiques fondamentalement diff�rents entre le Maghreb et le Machrek.