Les obs�ques du chantre de la libert� de pens�e �gyptienne, Naguib Mahfouz "auront lieu aujourd�hui � midi (09H00 GMT) � la mosqu�e Al-Rashdan" du Caire. D�c�d� hier matin, Naguib Mahfouz �tait hospitalis� � la suite d'une soudaine chute de tension depuis le 16 juillet dernier � l'h�pital de la Police du Caire des suites d'une insuffisance r�nale, d'une pneumonie et de probl�mes li�s � son �ge avanc�. Le romancier �gyptien qui a su adapter la technique romanesque moderne � la r�alit� �gyptienne, a fait atteindre la litt�rature arabe � la reconnaissance universelle par le prix Nobel, qu�il a �t� le premier et l�unique dans le monde arabe, � obtenir en 1988. Naguib Mahfouz, s'�tait bless� profond�ment � la t�te en tombant sur un trottoir. L'auteur notamment de la trilogie "L'impasse des deux palais", "Le Palais du d�sir" et "Le Jardin du pass�", se trouvait dans un �tat critique depuis une semaine. Il �tait �g� de 94 ans. Le pr�sident �gyptien Hosni Moubarak lui a rendu hommage, hier, en d�clarant que Naguib Mahfouz �tait un � �crivain qui a fait reconna�tre la culture et la litt�rature arabe � travers le monde �. Il ajoute dans un communiqu� qu'il � �tait un �crivain exceptionnel, un penseur �clair� et cr�atif, qui a exprim� par ses romans les valeurs communes � l'humanit� et a diffus� � travers ses �crits les valeurs de la tol�rance, contre l'extr�misme �. La carri�re litt�raire de Naguib Mahfouz se confond largement avec l�histoire du roman moderne en �gypte et dans le monde arabe. Au tournant du XXe si�cle, le roman arabe fait ses premiers pas dans une soci�t� et une culture qui d�couvrent ce genre litt�raire � travers la traduction des romans europ�ens du XIXe si�cle. Dans les ann�es 1920, l��crivain et homme politique Muhammad Husayn Haykal exhorte les �gyptiens � l��mergence d�une � litt�rature nationale � coul�e � dans les moules occidentaux, afin qu�ils y voient le signe qu�ils sont aussi avanc�s que l�Occident, et peut�tre le devancent, dans les domaines de la civilisation �. Nul n�a mieux port� que Naguib Mahfouz ce projet � son terme. Mahfouz a publi� plus de 50 romans, essais, nouvelles, pi�ces, carnets de voyage � La trilogie en 1500 pages relatant la vie quotidienne, les espoirs et les d�sillusions d'une famille bourgeoise du Caire sur plusieurs g�n�rations des ann�es 1900 aux ann�es 1940, avait �t� s�lectionn�e parmi les 12 meilleurs romans africains du 20�me si�cle par un jury compos� d'�minents sp�cialistes de la litt�rature africaine. Naguib Mahfouz �tait consid�r� comme un tr�sor national en Egypte o� un grand nombre de ses personnages, font partie de la culture du pays. Une grande partie de son oeuvre a �galement �t� adapt�e au Cin�ma. Mahfouz a �t� l�un des rares intellectuels �gyptiens et arabes, � avoir approuv� les accords de paix entre l'Egypte et Isra�l en 1979, tout en affirmant �tre totalement solidaire des Palestiniens. En cons�quences, son oeuvre a �t� boycott�e dans beaucoup de pays arabes. Demeur� fid�le tant � ses convictions politiques lib�rales qu�� sa conception de la litt�rature, il a fait figure dans les ann�es 1980 de ma�tre respect� pour ses qualit�s morales et son apport massif au roman arabe, mais souvent contest� pour ses options politiques (notamment son soutien � la paix �gypto isra�lienne). Le prix Nobel qui lui est d�cern� a bouscul� sa routine de retrait�. En 1994, il avait �t� victime d'une tentative d'assassinat � la sortie de son domicile au Caire par un fanatique islamiste, qui avait reconnu plus tard n�avoir jamais lu une ligne de l�auteur pourtant prolifique et populaire, m�content de la fa�on dont l��crivain �voquait Dieu dans ses romans. M. Naguib avait �t� poignard� au cou ce qui lui a valu de graves probl�mes de sant� touchant un de ses nerfs et entra�nant par la suite une d�gradation de sa vue. Apr�s cet attentat, l��crivain a �t� paralys� de la main droite, ce qui tout de m�me ne l�a pas emp�ch� d��crire en dictant ses textes. Il avait fini par s�incliner et se plier au diktat des �fanatiques�. Pour autoriser l��dition de son ouvrage � Les fils de la m�dina �, �crit en 1959 et d�crivant la vie d�un vieux quarter du Caire peupl� d�h�r�tiques, le vieux romancier voulant obtenir l�accord des oul�mas de Al Azhar, a demand� que la pr�face soit r�dig�e par une proche des Fr�res Musulmans. Une attitude si lointaine de sa d�marche intellectuelle que ses amis sous le choc, n�ont jamais r�ussi � comprendre. Mahfouz avait encore soutenu en 2001, un dramaturge �gyptien exclu de l'Union des �crivains, parce qu�il �tait favorable � la normalisation avec Isra�l.