La dépouille mortelle arrivera ce matin à l'aéroport international d'Alger en provenance de Paris. Les funérailles de feu Ali Zamoum auront lieu, demain, jeudi, à 13h, au Carré des martyrs à Ighil Imoula, commune de Tizi N'tleta, à une trentaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou. C'est ce qui est indiqué dans un communiqué rendu public par la famille Zamoum, le village Ighil Imoula et l'association Tagmats. Conformément au vœu de la famille du défunt, les obsèques se feront dans la simplicité. “Il y aura une seule oraison funèbre, c'est celle de la famille qui voudrait faire les choses dans la simplicité”, explique un membre de l'association à caractère sociohumanitaire Tagmats, dont Ali Zamoum était le président. Voilà qui coupe court aux informations qui ont circulé à propos du souhait des autorités, notamment le ministère des Moudjahidine, d'enterrer Ali Zamoum à El-Alia, à Alger. Même la prise en charge des frais des funérailles proposée par les autorités de wilaya a été poliment déclinée par la famille Zamoum. C'est que la vie de Dda Ali s'était tellement confondue avec celle de son village qu'aujourd'hui, tout Ighil Imoula se mobilise comme un seul homme pour rendre le dernier hommage à la mesure de ce qu'était Ali Zamoum. Car, de son vivant, il y avait entre Zamoum et son village, une complicité qui date depuis un demi-siècle. C'est dans ce village situé aux contreforts du Djurdjura que la proclamation du 1er Novembre a été tirée à la ronéo. Dans ses Mémoires édités sous l'intitulé Tamurt Imazighen, Mémoires d'un survivant, 1940-1962, Ali Zamoum témoigne à propos de cette page glorieuse de l'histoire de l'Algérie : “Quelques jours avant la réunion de Betrouna, j'avais reçu de Krim Belkacem un texte que je devais reproduire en milliers d'exemplaires. À Tizi Ouzou, je reçus un journaliste, Laïchaoui Mohamed, envoyé par l'organisation, qui était chargé d'imprimer ce document à la ronéo. Je l'ai emmené de nuit jusqu'à notre village en taxi (...) Là, je lui montrai le texte qu'il fallait taper sur stencil. Il se rendit compte alors du contenu des deux pages qu'il était venu reproduire. C'était la proclamation au peuple algérien aux militants de la cause nationale. Une véritable déclaration de guerre et qui portait une date : 1er Novembre 1954”. C'est donc depuis cette date historique que feu Zamoum s'est confondu avec son village, dont les quelque 2 000 habitants considéraient le défunt comme un père. Et c'est tout naturellement que tous les enfants d'Ighil Imoula se mobilisent massivement pour rendre au défunt l'hommage qu'il mérite. Demain, il y aura certainement du monde au village du 1er Novembre, ils seront nombreux les citoyens qui viendront des quatre coins du pays pour accompagner à sa dernière demeure celui qui aura été de tous les combats pour les causes justes. C'est là que Zamoum veillera sur son village, sur la Kabylie. Sur l'Algérie, celle du 1er Novembre. Y. A. Condoléances de l'ONM Profondément touché par la perte cruelle, des suites d'une longue et grave maladie, du moudjahid, élément du 1er Novembre 1954 et un des artisans du déclenchement de la guerre de Libération nationale, le regretté Ali Zamoum, le bureau de wilaya de l'Organisation nationale des moudjahidine de Tizi Ouzou tient à présenter à la famille du défunt ses condoléances attristées et à lui exprimer toute sa sympathie et son soutien en cette douloureuse circonstance. Puisse Dieu accorder au défunt toute Sa Miséricorde. Pour vous Ali Zamoum, dormez en paix ! “Notre société, traversée par des crises profondes dans tous les domaines, se débat dans ses contradictions, cherchant laborieusement les voies du salut. Des drames sont vécus dans la douleur et le déchirement dans tous les milieux. Des marchands de rêve nous promettent la lune... pour peu que l'on vote pour l'accession de leur clan au pouvoir...” C'est bien ce que vous avez écrit à la préface de mon livre sur le théâtre d'expression amazigh. Encore plus loin : “Seul le retour à notre authentique identité culturelle peut nous sauver de l'anéantissement programmé par les assoiffés de pouvoir, incapables de reconnaître que géographiquement, nous ne sommes pas au “Maghreb”, mais bel et bien au Nord d'un continent qui s'appelle l'Afrique, et que la langue commune de tous les Africains du Nord s'appelle tamazight.” Et voilà Dda Ali, vous vous éclipsez pour nous laisser dans ce même milieu avec les mêmes malheurs, le même pouvoir, toujours à la recherche des voies du salut. Votre chagrin est le nôtre, vous avez fait la révolution à côté des lions du djebel, vous avez tout donné pour notre cher pays ; vous n'avez eu aucun privilège, vous étiez si simple, si modeste et si proche de cette jeunesse qui vous estime fort, alors dormez en paix, allez rejoindre vos amis de toujours, Kateb Yacine et Matoub Lounès, votre mission est accomplie. Hammar Mokrane, dramaturge