Guett�e comme un rendez-vous de clarification, voire de prise de position par rapport au d�bat ambiant autour de l�apr�s-charte pour la paix et la r�conciliation nationale, la sortie publique d�hier du pr�sident de la R�publique, qui ainsi rompait une abstinence discursive longue de pr�s de deux mois, n�en a, au bout du compte, aucunement r�duit l��paisseur du flou. Bouteflika a-t-il fait le choix ou soumis � la contrainte de, pour reprendre son ministre de l�Int�rieur, prolonger son �retrait� ou bien alors a-t-il cogit� conclave mieux indiqu� pour disserter autour de la question ? Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - Les observateurs de la sc�ne politique, � de quelques rares lucidit�s pr�s, n�auront donc pas eu une justesse de vue, eux qui se sont attendu � une entr�e en mati�re du pr�sident, laquelle ne manquerait pas de marquer la rentr�e politique. Sollicit� par un segment non n�gligeable de la classe politique pour trancher la question de la prorogation ou pas des d�lais de forclusion de l�ordonnance pr�sidentielle portant charte pour la paix et la r�conciliation nationale, le pr�sident de la R�publique a �t� hier, � propos, au Hilton d�abord, � l�Amiraut� ensuite, d�un mutisme, pour le moins qu�on puisse dire, surprenant. Assez surprenant car il est pour le moins d�raisonnable pour le principal artisan de la fameuse charte de laisser une population � laquelle il avait demand� d�avaliser l�option par voie r�f�rendaire livr�e aux incertitudes. D�autant que cette m�me population fera, dans un proche avenir, l�objet d�une autre sollicitation pour un autre r�f�rendum, constitutionnel celui-l�. Est-il permis de supposer, cela not�, que le pr�sident Bouteflika aurait d�j� retenu de livrer une opinion, une d�cision, en somme, dans un cadre autre ? Il se dit �� et l� en effet que Bouteflika r�unirait un Conseil des ministres le 10 septembre prochain et, � l�occasion, il ferait part de son appr�ciation de la qu�te (requ�te) des partis islamo-conservateurs relative � une extrapolation dans le temps des d�lais d�application impartis � la charte. S�il advient, il y aura forc�ment int�r�t � savoir de quelle mani�re il tranchera le d�bat. Sera-t-il tout ou�e aux �gosillements islamoconservateurs qui, plus que de revendiquer une prorogation des d�lais de vigueur de la charte, remettent au go�t du moment la question d�amnistie g�n�rale ou s�abstiendra-t-il de davantage de cl�mence � l�endroit des terroristes ? Si s�appuyer sur les forces politiques auparavant apprivois�es d�intention il demeure, le pr�sident Bouteflika aurait certainement peine � aller a contrario de leur d�sir partag� de laisser grand ouvert le registre de la r�conciliation nationale, avec tout ce que cela suppose comme �fleurs� � faire aux terroristes islamistes. A l�inverse, il lui faudra recomposer de nouveaux �quilibres partisans qui prolongeraient sur le terrain, au besoin, ses actes et d�cisions. Or, il est fort peu pensable qu�il soit de cette derni�re ambition nourrie. Sinon, le ministre de l�Int�rieur, Yazid Zerhouni, aura eu raison de faire part d�un �retrait� du pr�sident, prenant le risque de battre en br�che l�affirmation de Belkhadem qui, lui, s�est efforc� � vendre l�id�e d�un cong�. Car, ce que Zerhouni a donn� � comprendre, c�est que le pr�sident Bouteflika a pris du recul, ce qui �quivaudrait, en d�autres termes, � la consommation d�une phase de remise en cause. Mais quand bien m�me il voudrait revenir de ses alliances politiques jusque-l� connues, Bouteflika aura-t-il la t�ch� ais�e ? Pas si �vident que cela, d�autant qu�aussi bien le FLN que le conglom�rat de partis qui se sont propos�s de servir de pi�destal � l�action pr�sidentielle font ch�ur dans l�espoir de le voir endosser une r�conciliation �tendue dans l�espace temps. Et ils le font parce qu�ils le savent prisonnier d�un tel choix pour y avoir b�ti l�essentiel de sa d�marche politique. Aussi, il n��tonne gu�re de lire Soltani, le pr�sident du MSP, revendiquer une amnistie g�n�rale, pendant que Belkhadem s��panche � arracher une prorogation de d�lai pour la charte et d�entendre Zerhouni affirmer que les repentis sont toujours les bienvenus. S. A. I.