Chacun comm�more comme il veut, comme il peut. Tandis qu'Al-Jazira diffuse des images � in�dites, bien s�r et opportun�ment apparues � montrant des dirigeants d'Al Qa�da pr�parant les attentats du 11 septembre 2001, le S�nat am�ricain d�cidait � l'unanimit� de d�bloquer 200 millions de dollars en vue de cr�er une cellule de renseignements sp�cialement pour traquer Oussama ben Laden. Ouf !... 5 ans apr�s des attentats qu'on lui attribue, il �tait temps, dis donc ! Sacr� Oussama, va ! On lui colle sur le dos les pires attentats du si�cle � qu'il revendique, poitrine bomb�e � et on le laisse vaquer, tranquille dans ses collines talibanes, aux clips que diffuse en prime time la cha�ne satellitaire arabe la plus anglosaxonne. Entre-temps, Bush, qui a b�ti toute sa superstructure de pouvoir sur la traque du terroriste (� inventer, s'il n'existait pas mais, qu'on se rassure, il existe, h�las !), s'est enlis� en Irak. La c�l�bration du 11-Septembre prend, pour lui, diff�rentes figures, pas avenantes du tout, du tout. En quelques mois, il est contraint de reconna�tre que Saddam Hussein n'avait rien � voir avec le 11-Septembre et que les prisons secr�tes de la CIA ne sont pas une lubie de l'Axe du mal. Des langues se d�lient pour distiller, � l'intention de cette bonne poire qui s'appelle l'opinion publique, prompte � avaler une chose et son contraire dans le m�me hamburger, que l'attaque de l'Irak se pr�parait de longue date et que les attentats de 2001 n'ont fait que fournir un pr�texte Pr�texte fallacieux du reste puisque, et Bush a fini par le conc�der, on accuse Ben Laden et Mollah Omar, qui continuent � se balader dans les tribus afghanes comme en une promenade bucolique, et on frappe Saddam. M�me pas Saddam lui-m�me, au demeurant. Mais l'Irak. Une fa�on de se tirer, en fait, une balle dans le pied. Embourbement : c'est ce qui s'appelle ne pas savoir o� est la sortie. Dans une inspiration toute �bushienne�, Collin Powell d�clarait : �Quand bien m�me on aurait voulu rendre sa souverainet� � l'Irak, � qui aurait-on pu la rendre ?�, dit-il avec l'ing�nuit� du casseur qui se demande quel morceau peut repr�senter l'int�gralit� de la chose d�molie. Toute cette histoire est un tissu de menteries ? Devant les �vidences (comme la propagande d�bile pour faire accroire que Saddam disposait d'armes de destruction massive alors qu'il ne lui restait qu'une puissance polici�re, que lui ont laiss�e les Am�ricains, pour r�primer son peuple, dont Bush se moque comme de sa premi�re bible), le p�trolier en chef est oblig� de reconna�tre certaines choses, mais pas toutes. Si sa popularit� baisse � la vitesse d'un Boeing piquant sur une des Twins Towers, c'est justement � cause de l'enlisement en Irak, des body back (le retour des corps des soldats am�ricains tu�s en op�ration aux antipodes) et de la r�v�lation des diff�rentes manipulations d'un gouvernement comme les Etats-Unis n'en ont jamais connu. Un politologue am�ricain disait que Bush et ses comparses sont encore l� pour masquer toutes leurs man�uvres. Mais dans quelques ann�es, on s'apercevra a posteriori que celui de Bush est le pire gouvernement de l'histoire des Etats-Unis. Les couacs et les bizarreries se sont accumul�s pour faire peser des doutes tenaces sur la version officielle des attentats du 11-Septembre. Passe sur ceux et celles qui ont �t� r�v�l�s par des enqu�tes journalistiques, il n'y a pas que du bon. Passe donc sur la d�faillance �ingobable� des services de renseignement am�ricains, parmi les meilleurs du monde. Passe sur l'invraisemblance de petits faits qui, mis bout � bout, font un r�cit hallucinant qui laisse courir ces points d'interrogation : comment la plus grande puissance du monde se laisse-t-elle attaquer chez elle par des porteurs de cutters ? Passe sur le rapport remis par la commission officielle sur le 11-Septembre, dont une trentaine de pages ont �t� escamot�es pour cause de secret d�fense. Cinq ans apr�s le Big One terroriste, les th�ses conspirationnistes s'envolent. �Un nombre croissant d'Am�ricains consid�rent que l'Administration Bush aurait tremp� dans les attentats�, titre le quotidien fran�ais Lib�ration. Les arguments d�velopp�s par le principal groupement conspirationniste New York 9/11 Truth sont connus, notamment � travers ce film d'amateur, Loose Change, vu par des millions de spectateurs gr�ce � l'Internet. Ces arguments, que le groupement �taye constamment de nouveaux t�moignages d'experts, concluent ceci : la preuve que ce n'est pas un avion de ligne qui s'est �cras� sur le Pentagone est avou�e par l'insuffisance de d�bris, par le constat que la pelouse est rest�e intacte et par l'�troitesse de la br�che dans l'enceinte. Quant � l'effondrement des tours du World Trade Center, les conspirationnistes soutiennent qu'il ne peut �tre l'effet de la fusion de l'acier car la structure des b�timents �tait trop r�sistante pour �a. La d�molition est due, selon ces th�ses, � des explosifs plac�s dans le b�timent. Mark Fenster, co-auteur d'un livre sur les conspirationnistes ( Conspiracy Th�ories : Secrecy and Power in American Culture, Mark Fenster et Philip Rosen, University of Minnesota Press, avril 2001) classe ces derniers en deux groupes. Il y a ceux du �groupe moteur, persuad� que Bush savait�. L'autre groupe, c'est �une fraction beaucoup plus grande du public am�ricain qui pense que le gouvernement ne dit pas toute la v�rit� et exprime son ras le bol� Lors d'une r�union tenue dans l'East Village, Lie Jamisson, coordinateur de New York 9/11, posait cette question de bon sens : �Pourquoi devrions-nous croire le gouvernement alors qu'il nous ment sur tout le reste ?� Le 11 septembre au matin, le groupement conspirationniste pr�voit une r�union �paisible� sur le lieu du drame. Bush, lui, se rendra le 10 � Ground Zero pour tirer encore sur la corde de la victimisation. Apr�s avoir �t� utilis�s pour exacerber le sentiment patriotique et serrer les rangs autour de l'�quipe Bush, les attentats du 11-Septembre sont soumis � des lectures alternatives qui, � coups de livres, films, sites Web, sont en train de gagner des millions d'Am�ricains et de casser, en cons�quence, cette unit� factice sur laquelle le pr�sident am�ricain et ses boys comptaient pour aller vers de nouvelles aventures exotiques. A. M.