L'�quipe municipale UMP de Bordeaux a d�missionn� en bloc, pour faire place � Alain Jupp�, de retour apr�s son exil forc� au Canada. Par cette action, la droite locale se discr�dite et va investir un homme qui a �t� condamn� dans l'affaire des emplois fictifs du RPR � un an d'in�ligibilit� alors que la loi de 1995 en pr�voyait dix. C'�tait d�j� l� une peine bien l�g�re compar�e � d'autres. On pense � cette salari�e licenci�e d'une collectivit� pour avoir vol� de la nourriture dans une cuisine municipale afin de nourrir ses enfants, ou � ce jeune homme condamn� � trois ans de prison pour un vol � l'arrach�. Alors qu'il se r�clame toujours plus intransigeant envers ces �d�linquants ordinaires�, le pr�sident de l'UMP et ministre de l'Int�rieur, Nicolas Sarkozy, a d�j� annonc� que s'il �tait �lu pr�sident de la R�publique, il �offrirait� � Alain Jupp� la pr�sidence de l'Assembl�e nationale. La confiance des citoyens envers leurs repr�sentants politiques n'est-elle pas d�j� suffisamment vacillante pour organiser ainsi la r�habilitation d'un candidat ayant tromp� les �lecteurs ? Le retour d'Alain Jupp� est choquant et immoral � plusieurs titres. Il accr�dite la th�se du �tous pourris� d�fendue par l'extr�me droite, et ce, � l'heure o� Jean Marie Le Pen clame qu'il sera au second tour de l'�lection pr�sidentielle. C'est, ensuite, un signal alarmant de l'�tat pitoyable de notre d�mocratie. On ne peut pr�tendre renouer la confiance perdue en faisant l'�loge de ceux qui ont d�tourn� l'argent public de son usage l�gal. Il indique, enfin, que l'UMP et son chef, ministre de l'Int�rieur, assurent l'impunit� perp�tuelle des hommes politiques. La France demeure parmi les rares pays europ�ens � pratiquer le recel et la complicit� de recel de candidats douteux ! Tant que les Fran�ais pourront nourrir des doutes quant � l'int�grit� de leurs repr�sentants, les extr�mes de tous poils auront de beaux jours devant eux. C'est pourquoi les r�seaux anticorruption doivent manifester massivement � l'occasion de l'�lection municipale anticip�e � Bordeaux. Nous formulons aussi le v�u, d�j� repris par quelques d�put�s (de droite et de gauche) sous forme de propositions de loi, qu'un �lu condamn� soit in�ligible. Encore faut-il que le syst�me des partis, sous l'�gide duquel est enti�rement d�voy�e la Ve R�publique, soit lui-m�me s�rieusement remis en cause. Il en va de la cr�dibilit� des candidats � l'�lection pr�sidentielle et de leurs partis politiques. A eux d'agir fermement contre de telles pratiques, en entreprenant les r�formes n�cessaires � l'�tablissement d'une nouvelle d�mocratie, bas�e sur de r�els contre-pouvoirs et sur la participation des citoyens aux d�cisions et au contr�le de la gestion publique. S�verine Tessier, pr�sidente d'Anticor (Association fran�aise des �lus contre la corruption)